Publié le 28 Sep 2017 - 18:27
PROJECTION DE FRONTIERES

Golgotha de voyageurs africains

 

Venue prendre part à la 4e édition de Ciné Droit Libre de Dakar, la réalisatrice Burkinabé Apolline Traoré en a profité pour présenter son road movie ‘’Frontières’’. Un film qui conte les calvaires de ceux qui tentent le voyage par la route entre pays de la CEDEAO.

 

Ça tourne et on est au Sénégal. Dans un bus se trouvent des passagers de diverses nationalités. Premier arrêt, la frontière malienne. Ici, il faut passer au poste de police et de douane pour un contrôle d’identité. Adjara (ndlr Amélie Mbaye) effectue son premier voyage sur ce tronçon avec comme destination finale le Nigeria. Novice, elle ne sait pas qu’il lui faut un carnet de vaccination. Elle doit alors payer une amende de 6 000 F CFA. Une somme arrêtée par le commandant de poste alors que normalement c’est 1000 francs. Elle tente une négociation en usant de ses charmes pour arriver à ses fins. Un permis lui est alors délivré. Elle peut désormais voyager assez tranquillement ou du moins, c’est  ce qu’elle pensait, même si à cette frontière quelques prémices d’un voyage tumultueux se dessinaient déjà. En effet, à ce premier arrêt, son voisin dans le car lui a demandé de l’aider à faire parvenir ses sacs de Cds piratés à des fraudeurs planqués dans la brousse. Il arrive ainsi à contourner la douane.

Cap sur le Mali. Un autre voyage commence avec d’autres passagers. Dans le bus embarque une commerçante ivoirienne, Emma (ndlr Naky Sy Savané). Elle ne sourit même pas, encore moins ne discute. Sa devise : s’occuper de ses propres problèmes en voyageant pour ne pas avoir de problèmes. Tout le contraire d’Adjara qui veut être ici Mère Theresa. Habituée de ce tronçon, Emma connaît les péripéties qu’on peut rencontrer en tentant innocemment d’aider des gens. Elle connaît également les postes de police et de douane. A l’approche de ceux burkinabés, elle prétexte une envie d’aller aux toilettes. Elle descend avec ses bagages et en met beaucoup sous sa robe. Elle avait même de la peine à marcher. Adjara tentait alors de l’aider sans le consentement d’Emma. Passé ce poste, elles stationnent à Bobo Dioulasso. Elles y arrivent la nuit et avec l’aide d’Emma, Adjara trouve un refuge. Le lendemain, deux autres dames  embarquent dans le bus  grâce à Adjara. Il s’agit de la naïve et belle Saly ainsi que la Nigériane Vishaa. Là commencent d’autres turpitudes.

 A la frontière béninoise, Saly est violée alors qu’elle était arrêtée parce qu’elle transportait des médicaments contrefaits sans le savoir. Ses ‘’amies’’ arrivent à la libérer en assommant son violeur et parviennent à passer la frontière. Elles usent par la suite de divers subterfuges pour lui faire passer la frontière nigériane. L’insécurité pour les quatre commerçantes se sent et se perçoit. Elles sont victimes d’une attaque et une d’entre elles y perd la vie.

En outre, sur ces routes, si ce ne sont pas les attaques, ce sont des accidents. Ils sont nombreux à y laisser la vie. Apolline Traoré montre d’ailleurs cet aspect dans son film. Un passage triste qui dévoile la vraie nature d’Emma. Une femme sensible, courageuse et au grand cœur mais que les coups bas de la vie ont rendue cuisante et désagréable. On découvre également une Saly à qui la vie n’a pas du tout fait de cadeaux mais qui était douce, très douce au début, et qui change complètement après un viol subi.

Un voyage de 7 jours

Ce road movie, ‘’Frontières’’, conte ainsi un voyage de sept jours de quatre femmes africaines qui se sont rencontrées au gré d’évènements divers, mais qui ont dû faire ensemble face à des problèmes inimaginables. Un simple voyage qui vire ainsi au cauchemar et qui montre que la libre circulation des personnes et des biens en Afrique de l’Ouest n’est qu’une théorie.   

BIGUE BOB

 

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