‘‘Un adversaire non déclaré qui a des velléités’’. C’est ainsi que Me Djibril War a qualifié le Parti socialiste (Ps) lors de la rencontre de l’Alliance des jeunesses républicaines samedi dernier. Une sortie au vitriol sur un compagnonnage qui prend de plus en plus du plomb dans l’aile.

 ‘‘Quand l’agneau devient un bélier, c’est le propriétaire qui reçoit le premier coup’’. Me Djibril War a transposé ce dicton de la sagesse wolof pour qualifier les agissements du parti socialiste coupable, selon lui, ‘‘de trahison, de traîtrise’’ envers la coalition Bby et Macky Sall. Les bases de l’entente entre le Ps et l’Alliance pour la République (Apr) se délitent de manière inéluctable. La sortie du président de la commission des lois de l’Apr à l’Assemblée, lors d’une conférence des jeunesses républicaines (Ajr), samedi dernier, vient renforcer une tendance à la rupture qui se dessine de plus en plus. 

Premier cas de figure, la proposition de loi n° 13/2015 modifiant la loi n°2002-20 du 15 mai 2002 portant règlement intérieur de l’Assemblée nationale  qui passe en plénière aujourd’hui ; et la menace  de Barthélémy Dias de quitter le groupe parlementaire Bby: ‘‘Je l’ai entendu  dire que c’est une violation de la liberté d’association. Nous n’avons pas besoin de faire l’université pour savoir qu’un groupe parlementaire n’est pas une association régie par la loi de 1909. Le groupe n’est pas une structure obligatoire dans la vie parlementaire, c’est purement facultatif.  Je ne sais s’il faut en rire ou en pleurer’’, a-t-il déclaré en marge de la rencontre de l’Association des jeunesses républicaines (Ajr).

 Le président de la commission des lois avertit le parti allié sur la constitution d’un groupe parlementaire en dehors de Bby ‘‘Elle ne fera pas son chemin à l’Assemblée nationale. Nous sommes partis sous les couleurs d’une coalition. Ils ont eu 11%, le Pds qui a obtenu 34% des voix n’a pas dix députés. Il faut que ces gens arrêtent de se moquer de la République’’, rouspète Djibril War qui invite par ailleurs le député socialiste à plus d’’humilité dans l’affaire de la destruction des panneaux publicitaires. ‘‘Ce n’est pas à son honneur de défier la justice. En toute chose, il faut savoir raison garder’’.

Le méchoui apériste

Le maire de Mermoz/Sacré-Cœur n’a pas été la seule tête de turc socialiste de Djibril War. Virulent à souhait, le directeur de l’école du parti de l’Apr a flagellé toutes les incongruités des verts et de leurs figures de proue Ousmane Tanor Dieng et Khalifa Sall. ‘‘Si l’attitude du Ps n’est pas de la transhumance, il faudrait bien qu’on s’entende sur cette notion. Ils doivent tout à l’Apr. Avant le 12 mars 2012, Tanor et compagnie rasaient tous les murs. Abdoulaye Wade les enterre, Macky les déterre et maintenant chacun veut partir de son côté.

Le jour où le parti socialiste, Khalifa Sall et autres vont quitter le pouvoir, ils sauront que les Sénégalais ne tolèrent ni la lâcheté, la traîtrise et la trahison’’, lance-t-il. Me Djibril War n’a pas digéré cette attitude socialiste qui, ‘‘après avoir mangé le méchoui apériste et bu dans le ruisseau, y a jeté un caillou’’. Il a ainsi évoqué les souvenirs non lointains de la raclée de 2007 où le Ps était 4^ème à la présidentielle et ‘‘a fui’’ les législatives. Une négation qui est même allé jusqu’à relever l’insignifiance du report des voix socialistes au 2^ème tour de la présidentielle de 2012. ‘‘Des gens s’agitent qui bombent le torse en disant que le Ps est un parti mythique qui doit participer à toutes les élections. Au premier tour, si tant était leur conviction, pourquoi se sont-ils abrités derrière le petit parti qu’est l’Apr pour avoir un nombre de députés loin de correspondre à ceux qu’ils avaient ?’’ se demande-t-il. Pour lui, il faut bien que ce vagabondage sans moralité cesse car il y va de l’assainissement de la vie politique et publique.

Retrouvailles libérales

Le chef de l’Apr lui-même n’a pas échappé aux critiques de son frère de parti. Selon Djibril War, cet état de fait résulte de la responsabilité de Macky Sall. Mieux, ou pire, Me War théorise les retrouvailles avec les libéraux estimant que cette scission idéologique est à rectifier. ‘‘L’erreur a été d’isoler Macky de la famille libérale. Je ne désespère pas qu’elle se retrouve car même dans les familles, il y a des cassures. Je ne vois pas pourquoi ces retrouvailles n’auront pas lieu. C’est une condition de survie biologique même de cette famille et du pouvoir en place’’, conclut-il. 

Ousmane Laye Diop