Publié le 13 Mar 2018 - 20:29
PROJET D’AGROPOLES INTEGREES

La Casamance va accueillir la phase pilote 

 

La région naturelle de la Casamance a été choisie comme zone de pilotage du projet d’agropoles intégrées. C’est ce qu’a indiqué hier le directeur général du Bureau opérationnel de suivi (Bos) du Plan Sénégal émergent (Pse), lors d’un atelier.

 

Etablir, de façon concertée, les orientations stratégiques qui doivent guider la phase de maturation du projet pilote d’agropoles intégrées, c’est l’objectif que se sont fixé les acteurs lors d’un atelier. En effet, les conclusions qui en résulteront permettront de définir les travaux à réaliser, à l’occasion de l’atelier de travail intensif dénommé Lab prévu le 16 avril prochain. A l’issue de cette dernière rencontre, seront définies les modalités d’exécution techniques du projet pilote, les objectifs chiffrés escomptés ainsi que les concours financiers attendus de l’État et des partenaires privés engagés.

‘’Au regard des records de production enregistrés après 3 ans d’application des projets-phare du volet agricole du Pse, notamment celle de 1 015 334 t de riz paddy, de 1 320 399 t de fruits et légumes, de 1 411 574 t d’arachides et de 63 000 t de viande de volaille, le projet de création de pôles agricoles intégrés revêt d’un caractère important pour la consolidation de cette dynamique et performance productive, ainsi que pour le passage à l’échelle interne de création de valeur ajoutée’’, a expliqué le directeur du Bureau opérationnel du suivi (Bos) du Pse, Ibrahima Wade.

En réalité, avec l’exécution du Pse, il était prévu de mettre en place 3 agropoles intégrées à travers le pays. ‘’L’objectif principal, c’est le renforcement de la création de la valeur ajoutée par la transformation industrielle des produits agricoles et, surtout, la réduction de notre dépendance à l’importation de produits agroalimentaires. Trois zones ont été présélectionnées. Il s’agit du Centre, du Nord et du Sud. Mais celui de la zone Sud a été choisi comme projet pilote’’, a affirmé M. Wade. Ainsi, le Dg du Bos a plaidé pour le démarrage des travaux au cours de cette année.

Il faut noter que dans cette région Sud, 5 sites potentiels ont été désignés par les techniciennes en charge du projet pour abriter l’agropole. Il s’agit de Niaguis, d’Agnack (département de Ziguinchor), de Goudomp (Sédhiou), du département de Bignona et de la zone de l’Anambé, dans la région de Kolda. ‘’L’option A, c’est la commune de Niaguis. En termes d’avantage, c’est une zone qui est à côté du port de Ziguinchor et de l’aéroport, avec l’accès à l’eau et à l’électricité. Les inconvénients sont liés au fait qu’elle est assez proche de la Guinée-Bissau avec un risque d’inondations’’, a précisé Babacar Gningue, Dg adjoint du Bos. La commune d’Agnack, précisément à Adéane, est le deuxième choix. Principale zone d’anacarde et de banane, et située à côté de la Rn6, l’endroit est connecté au réseau électrique. ‘’Le foncier également est disponible. Les inconvénients, c’est qu’il y a un risque de déforestation. L’option C, c’est à Sédhiou, dans la commune de Goudomp. C’est à côté de la zone de production de l’anacarde, de la banane et de la crevette. C’est en même temps une zone connectée à la Rn6. En revanche, c’est assez loin de l’aéroport de Ziguinchor et la question foncière n’est pas encore résolue’’, a poursuivi le Dg adjoint du Bos.

Pour le département de Bignona, le pari est entre Niamone et Tenghory. La zone est accessible à partir de la Rn4. Il y a déjà des infrastructures de stockage de mangues, selon M. Gningue. C’est à 10 km de la plateforme de Bignona et proche de Ziguinchor, et le foncier est ‘’sécurisé’’. Les menaces sont liées par rapport à la forêt classée. Pour l’accès, le projet doit intégrer, d’après lui, la construction de routes bitumées.

En dernière position, il y a la zone de l’Anambé, connue pour être un bassin de production de légumes et à fort potentiel d’élevage. C’est également desservi par la RN6. En termes d’obstacle, il y a l’éloignement par rapport au port de Ziguinchor. Toutefois, l’assistance a validé, lors de l’atelier après un vote à 39 %, le site d’Adéane.

Relever le challenge de l’approvisionnement

Cependant, pour sa part, le Dg de l’Institut sénégalais de recherche agricole (Isra), Alioune Fall, a souligné qu’à chaque fois qu’on parle d’agro-transformation, l’approvisionnement est en amont. ‘’Si on veut s’attaquer à un marché, il faut de l’approvisionnement en produits de transformation. C’est important que l’agropole soit pilotée par le ministre de l’Agriculture et celui de l’Industrie’’, a-t-il dit. D’ailleurs, il a estimé que le projet agropole doit pouvoir organiser les services autour de l’agriculture et de la transformation. Ceci pour que les acteurs qui sont sur place ‘’soient plus motivés’’ pour exporter ou vendre sur le marché local et tirer la croissance à travers la production agricole.

‘’On ne doit pas encore mettre 5 ans pour organiser une agropole. Il faut y aller maintenant. La production est train de booster la croissance et c’est le moment de faire des agropoles. Il faut aller vite dans la méthodologie et c’est ça l’intérêt de cet atelier’’, a-t-il préconisé. Dans ce processus, M. Fall a soutenu que les commerçants, toutes les personnes qui sont sur la scène logistique, notamment le transport, y sont tous acteurs à part entière. Car la commercialisation est ‘’fondamentale’’.

Sur ce, le conseiller technique au ministère de l’Industrie, Ibra Guèye Dioum, a fait savoir que le projet agropole a pour mission de transformer les produits agricoles en produits industriels. ‘’Ça permet d’avoir de la valeur ajoutée pour éviter certaines pertes. Parce qu’après la production post-récolte, nous en perdons entre 30 et 40 % par faute de transformation. Aujourd’hui, le souci, c’est de faire une bonne production en quantité et en qualité’’, a-t-il renchéri. Selon lui, pour une industrialisation, il faut une production continue en quantité et qui répond en même temps à certaines normes.

MARIAMA DIEME

 

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