Publié le 11 Aug 2022 - 06:52
PROJET HGS

Quatorze autres volumes bouclés

 

Pour montrer le véritable passé historique de la nation sénégalais, le projet dit de ''réécriture de l'Histoire générale du Sénégal'' (HGS) a vu le jour en fin 2013. Après la publication de cinq volumes en 2019, on assiste aujourd'hui au parachèvement de quatorze autres ouvrages sur lesquels le coordonnateur du projet a apporté des éclaircissements.

 

''Un peuple sans histoire est un monde sans âme''. À la lumière de cette assertion, on constate qu'une société dépourvue de passé et d'histoire ne vit presque pas. C'est la raison pour laquelle le Sénégal s'est engagé à faire revivre son histoire à travers la réécriture de l’’’Histoire générale du Sénégal’’ (HGS). C'est un projet initié à la fin de l'année 2013 sur proposition de feu le professeur Iba Der Thiam. Après les cinq premiers volumes sortis en 2019, quatorze autres ouvrages sont bouclés à ce jour.

Dans le bureau de Mamadou Fall, de nombreux documents attirent la curiosité. Une table assez grande contient des fascicules et tant d'autres papiers. Le tout éparpillé çà et là. De temps en temps, le coordonnateur du projet jette un regard sur quelques supports. A côté, se tiennent des étagères remplies de livres.

C'est dans un tel décor que M. Fall a fait l'état des lieux de ce qu'il appelle ''la plus grande entreprise intellectuelle de l'histoire du Sénégal''. Le successeur de feu Iba Der Thiam est revenu sur le groupe en charge du projet. ''Nous sommes une équipe composée d'auteurs, de comités de pilotage, de lecture, du personnel administratif et technique... Tous, à pied d'œuvre, sans tambour, ni trompette. Notre mission est de réécrire l'histoire de notre pays, car celle qui a été écrite est faite avec des lunettes du système colonial. Ainsi, nous nous attelons, à travers cette mission, à continuer l'œuvre initiée par feu le professeur Iba Der Thiam''.

Un aperçu sur les 14 nouveaux volumes

Si les cinq volumes sortis précédemment constituaient la phase introductive, traitant ainsi du passé lointain de notre pays et de l'origine de son peuple, les quatorze déjà parachevés sont des ouvrages de fond, plus spécialisés. Ils sont, pour ainsi dire, rédigés par des scientifiques reconnus. ''Nous pouvons garantir le caractère scientifique de ces nouveaux ouvrages. Ce sont des historiens confirmés qui ont assuré la rédaction'', rassure le coordonnateur.

Toutefois, cela ne signifie pas que les autres sources sont exclues.  Au contraire, toutes les sources de savoir ont apporté leur contribution aux ouvrages. Autrement dit, le comité a pris en compte les historiens de tradition arabe, française, les sources orales, les traditionalistes…

Mieux, d'après M. Fall, dans ces quatorze ouvrages, l'essentiel des sources provient de grands témoins qui sont maîtres de l'oralité. Ils seront déposés prochainement sur la table du président de la République Macky Sall qui aura la primeur avant d'être mis sur le marché et donc à la disposition du public.

Alors que les premiers volumes avaient suscité beaucoup de polémiques à leur sortie, le comité est, aujourd'hui, loin de baisser les bras. Le coordonnateur soutient que toute critique possible basée sur la rigueur scientifique est la bienvenue. ''Nous provoquons même les critiques. Cela nous permet de nous améliorer'', laisse-t-il entendre. Il précise que le travail reste un défi, mais aussi une invite. Un défi pour eux et ''une invite aux Sénégalais et à tous les Africains du continent et de la diaspora''. Ce qui est, en d'autres termes, une démarche ouverte et inclusive.

Budget et soucis financiers

En dépit des ambitions qui nourrissent cette tâche de longue haleine, tout n'est pas rose, du point de vue financier. En termes clairs, le montant dont a besoin le projet est loin d'être atteint. Ce, depuis le début des travaux. Pour préciser, il faut noter que le budget initial est estimé à 700 millions F CFA par an. Toutefois, les auteurs n'ont, jusque-là, jamais fonctionné au-delà des 200 millions. D'après le coordonnateur, la dernière subvention date de 2020 et s'élevait à 150 millions F CFA.

Toutefois, ils ont reçu récemment du ministère de la Culture une somme pour les publications de luxe. C'est ce qu'il explique : "Il s'agit là d'une écriture dorée avec couverture en cuir par exemple et destinée au chef de l'État et aux premiers sponsors qui étaient là au début du programme. Ceci étant, on attend de recevoir les moyens pour  l’édition grand public et le paiement du personnel et des auteurs.''

Cependant, ce déficit budgétaire n'entrave en rien la détermination et la volonté du groupe à venir à bout de leur mission. “Notre souhait principal, c'est de nous faire lire'', fait savoir M. Fall.

À noter tout de même qu'il y a à payer les auteurs, à acheter des équipements, du matériel… Or, le revenu de la vente ne peut pas couvrir tout cela. Il n’empêche, le coordonnateur salue le soutien des autorités étatiques. Pour lui, ils auraient fermé boutique depuis longtemps, n'eût été la subvention de l'État.

Revisiter le passé de notre nation et l'écrire devient, en quelque sorte, une nécessité. Depuis longtemps, soutiennent quelques citoyens, nous apprenons des choses qui sont fausses sur notre histoire. Boubacar est parmi ceux qui saluent ce projet. ''Les Occidentaux ne présentent pas la réalité de notre histoire. Tout ce qu'ils ont fait n'est rien d'autre que rabaisser les peuples noirs à travers des histoires infondées. C'est donc le moment de les démentir'', martèle-t-il.

Cette pensée du jeune homme est mieux étayée par Mamadou Fall. Selon l'historien de formation, l'histoire du Sénégal a plus de 300 mille ans de trajectoire et il faudra l'étudier pour effacer celle biaisée et écrite contre nous par le colonisateur.

Ceci dit, on admet que l'existence de cette histoire constituera un corpus de solides références culturelles et de savoirs. Elle dotera aussi la communauté nationale d'un outil ''pour mieux comprendre le passé, agir dans le présent et prendre son destin en main, afin de mieux préparer l'avenir''.

El hadji Fodé Sarr

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