Publié le 22 Sep 2016 - 09:38
PROLONGEMENT DE LA MUTINERIE A LA PRISON DE REBEUSS

Ahmed Aïdara auditionné pendant 5h par la gendarmerie de Thiong

 

Convoqué hier en début d’après-midi sur ordre du Procureur de la République, le journaliste Ahmed Aidara du Groupe D Médias a été cuisiné pendant plus de 5 heures de temps par la gendarmerie de Thiong. Dans son émission ‘’Teuss’’, il a diffusé, avant-hier, des interviews de détenus de la prison de Rebeuss.

 

Sur instruction du Procureur de la République, Ahmed Aïdara a été convoqué et entendu, hier en début d’après-midi, par les hommes du Commandant Adama Faye, chef de la brigade de la gendarmerie du Centre-ville communément appelée Thiong. Nos sources renseignent qu’il a reçu la convocation sur les coups de midi, à travers un coup de fil des hommes en bleu. Il s’est présenté devant les gendarmes, après avoir présenté l’édition en wolof du journal de 12h30 sur la radio Zik Fm. Son audition a démarré en début d’après-midi avant de s’achever vers 21h.

A sortie de la gendarmerie, le journaliste a déclaré ne pas comprendre sa convocation, dans la mesure où ce n’est pas la première fois qu’il interroge des détenus dans son émission ‘’Teuss’’. ‘’On m’a interrogé, j’ai répondu. C’étaient juste des questions-réponses. Je ne comprends pas pourquoi j’ai été convoqué, car ce n’est pas la première fois qu’on interroge des détenus dans mon émission. Je tiens aussi à préciser que rien ne va changer dans mon émission ‘’Teuss’’ et la manière dont je fais la revue de presse’’, a-t-il dit.

Au cours de l’émission qui lui a valu cette convocation, le confrère a diffusé avant-hier mardi de larges extraits d’entretiens téléphoniques qu’il a eus avec des détenus de Rebeuss. Les prisonniers y décrient leurs dures conditions de détention en prison. Ils ne mettent pas également de gants pour fustiger la gestion du directeur de l’administration pénitentiaire, le Colonel Daouda Diop et le ministre de la Justice, Garde des Sceaux, Me Sidiki Kaba. Les prisonniers, au bout du fil, les traitent de tous les noms d’oiseau. Alliant insultes et menaces de mettre le feu à la citadelle du silence. En arrière-plan, on entend les autres détenus acquiescer à haute voix.

Incitation à la rébellion

Des sources proches de l’enquête soulignent que la suite que prendra cette affaire dépend du Procureur de la République. On lui reproche une incitation à la rébellion. Selon nos interlocuteurs, les enquêteurs voulaient connaître les liens qu’il entretient avec  détenus et établir s’il y a une complicité entre les prisonniers et des gardes pénitentiaires, d’autant plus que le téléphone est interdit en prison.

Cette affaire intervient au lendemain des mises en garde du Premier ministre Mahammad Boun Abdallah Dionne contre quiconque proférera à l’avenir des propos diffamatoires, fera des allégations sans fondement et des attaques malveillantes, sans aucune preuve, avec nul autre dessein que de jeter le discrédit  sur l’Etat et ses institutions. ‘’Le gouvernement va prendre toutes ses responsabilités pour défendre l’intérêt national. Désormais, quiconque diffusera de fausses nouvelles s’exposera aux rigueurs de la loi. Je veux dire pénale’’, a déclaré avant-hier M. Dionne. La question que tout le monde se pose est de savoir si cette convocation a un rapport avec les propos menaçants du PM, ou s’il s’agit juste d’une coïncidence.

Pour rappel, la mutinerie survenue avant-hier à la Maison d’arrêt de Rebeuss a fait un prisonnier mort,  41 blessés dont 14 gardes pénitentiaires et 27 prisonniers.

 

Section: