Publié le 26 Apr 2018 - 03:57
PROMOTION DE LA LECTURE EN MILIEU SCOLAIRE

Fructueux échanges entre auteurs et élèves

 

La semaine dernière  au lycée de Mbao, les élèves ont montré un grand enthousiasme à l’occasion d’une rencontre littéraire organisée par la Maison d’édition l’Harmattan, en partenariat avec le lycée d’excellence.

 

Rencontrer ses lecteurs est un plaisir pour un auteur. Quand ils sont des élèves, occupés la plupart du temps par ce que certains peuvent considérer comme des futilités, ce plaisir est encore plus intense. C’est du moins la conviction de Lobé Ndiaye, réalisatrice à la RTS, écrivaine. Mercredi au Lycée d’excellence de Mbao, les cœurs étaient ravis. Des dizaines d’élèves ont cessé toutes activités pour le seul bonheur des échanges littéraires. Le fait n’est pas si courant. Il n’est pas passé par pertes et profits. Entre élèves, professeurs et auteurs, les échanges étaient prompts, pleins d’enseignements. Pour l’occasion, des exemplaires des livres ‘’Gemini’’ et ‘’Perles en éclats’’ ont été mis à la disposition du Club de littérature d’art et de philosophie par la Maison d’édition l’harmattan. Après les avoir dévorés en quelques jours de préparation, les potaches ont assailli de questions leurs auteures respectives, Ndèye Marie Ndiéguène, 22 ans, deux ouvrages, et Lobé Ndiaye.

Mame Fama Diabakhaté est la première à se lancer dans la kyrielle de questions adressées aux auteures. A Mme Ndiaye, elle demande : ‘’Dans le livre, vous faites une merveilleuse description des villes marocaines, particulièrement de Marrakech, mais aussi de la zone orientale du Sénégal, avez-vous vécu dans ces milieux ?’’. Lobé Ndiaye, visiblement enchantée par l’attention particulière des apprenants, explique : ‘’Je maîtrise ces zones parce qu’en tant que réalisatrice, j’y ai effectué plusieurs missions. Je connais aussi bien le milieu physique que les hommes qui y vivent. Marrakech est une ville qui m’a beaucoup marquée. On peut donc avoir des connaissances sur un endroit par le voyage, mais aussi par la lecture. C’est pourquoi je vous conseille de beaucoup lire pour découvrir d’autres horizons’’. Pour Moulaye Ndiaye, les préoccupations sont ailleurs. Elève en classe de 1ère, il demande : ‘’On a vu que le mariage entre la Marocaine Sadiya et le Sénégalais Alpha s’est soldé par un échec. Est-ce à dire que les mariages mixtes entre des personnes de cultures différentes ne peuvent pas réussir ?’’… ‘’En fait, c’est juste un angle de traitement. Il y en a d’autres qui réussissent. Mais ce qui est évident, c’est qu’il peut toujours surgir quelques difficultés çà et là dans les couples où les cultures ne sont pas les mêmes’’. Ainsi parle-t-elle de ‘’Perles en éclats’’ qui a beaucoup retenu l’attention du public. 

Les lettres, la clé du monde

Les questions étaient diverses. Dans le fond comme dans la forme, les élèves ont bien cuisiné leurs invités. Il est question dans ce livre du mariage de la Marocaine Sadiya et du Sénégalais Alpha. De leur union naîtra la petite Alimatou. Léopold Sédar Senghor n’avait certainement pas tort en faisant l’éloge du métissage, en mettant l’accent sur les aspects positifs du brassage entre les cultures. Mais ce brassage peut être parfois source de divergences profondes. Entre Alpha et Sadiya, le clash était inévitable. Tout est parti de la volonté de la mère d’Alpha de faire exciser sa petite fille. Pour la Maghrébine, c’est hors de question. Plongé dans un dilemme cornélien, Alpha finit par trancher en faveur de sa génitrice. Comment va se terminer l’histoire ? Le couple va-t-il survivre à ce clivage ? L’auteure raconte avec plein d’intrigues et de passion les évènements, selon le récit des élèves et professeurs qui ont lu l’ouvrage.

Dans le même sillage, s’est inscrite Ndèye Marie Ndiéguène qui a présenté avec beaucoup d’aisance ses livres : ‘’Gémini’’ et ‘’Un lion en cage’’. Dans une démarche très philosophique, la fille du journaliste Mamadou Ndiéguène est revenue de long en large sur la notion de bonheur. Dans ‘’Un lion en cage’’, elle démontre comment Adama, villageois, s’est rendu compte qu’en réalité, richesse ne rime pas forcément avec bonheur. En effet, fatigué des conditions de vie difficiles au village, ce dernier décide de regagner la ville pour obtenir la fortune. Pour lui, le bonheur, c’est le matériel. De déconvenue en déconvenue, il prend la résolution de tourner le dos à son pays pour regagner l’Europe. Après plusieurs mésaventures racontées dans un style simple, très accrocheur, le bonhomme finit par acquérir la richesse. Malheureusement pour lui, il se rend compte qu’il n’est pas plus heureux riche en occident que pauvre dans son village, auprès des siens.

Pour l’enseignant-écrivain, Oualy Ba, la littérature sénégalaise a connu un essor particulier depuis un certain nombre d’années. Toutefois, estime le professeur de français, ‘’les auteurs sont confrontés à un véritable problème de communication. Les lecteurs pour lesquels ils écrivent ne les connaissent pas. D’où l’importance de ces rencontres. Il faut accompagner les auteurs de la nouvelle génération pour voir éclore de nouveaux Abdoulaye Sadji, Mariama Ba…’’.

Mor Amar

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