Publié le 13 Jan 2018 - 17:07
PROPOS DE TRUMP SUR L’AFRIQUE ET SUR HAÏTI

La réplique de Macky

 

À l’évidence, les propos tenus par Donald Trump, avant-hier, sur l’Afrique et sur Haïti, sont bien loin des dérapages auxquels il avait habitué le monde entier. Le Sénégal, en plus de condamner, a convoqué l’ambassadeur des Usa à Dakar. Inacceptables, outrageants, blessants, odieux, racistes…, la planète n’a pas manqué d’adjectifs pour qualifier les termes.

 

Les propos du président américain doivent être choquants, très choquants même. Au point que la diplomatie sénégalaise, d’habitude très conciliante, décide d’utiliser la méthode forte. Selon le ‘’Washington Post’’, lors d’une rencontre avec des sénateurs à la Maison-Blanche pour discuter d’un projet de loi bipartisan relatif à l’accueil des migrants, afin d’éviter d’expulser des milliers de jeunes des Etats-Unis, Donald Trump a eu des mots jugés blessants par le monde entier. ‘’Pourquoi tous ces gens issus de pays de merde viennent-ils donc ici ?’’, a-t-il dit, faisant référence à Haïti et à l’Afrique. 

Dans un communiqué, l’Etat sénégalais n’a pas mâché ses mots pour condamner ‘’fermement ces propos inacceptables qui portent atteinte à la dignité humaine, celle de l’Afrique et de sa diaspora en particulier’’. ‘’Le gouvernement de la République du Sénégal a appris, avec une vive indignation, les propos outrageants et racistes contre Haïti et l’Afrique tenus par le président Donald Trump, lors d’une réunion le 11 janvier 2018 à la Maison-Blanche’’, écrit le ministre des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’extérieur.

Plus que condamner, Macky Sall, à travers la personne du ministre Sidiki Kaba, a convoqué l’ambassadeur des Etats-Unis au Sénégal, avec remise formelle de ‘’la présente note de protestation du Sénégal’’.

Hier, tard dans la soirée, l’ambassade des Etats-Unis au Sénégal a publié sur sa page Facebook ce message : ‘’les relations entre le Sénégal et les Etats Unis sont étroites et solides. Le Sénégal est un partenaire important pour nous en Afrique de l’Ouest et dans toute l’Afrique francophone. Les Etats-Unis respectent profondément le peuple africain et apprécient ses partenariats avec eux’’. Un peu plus tôt, le président milliardaire a nié avoir tenu les propos qui lui sont prêtés. Dans un de ses nombreux tweets, Trump déclare : "Je n'ai jamais dit quelque chose d'insultant sur les Haïtiens outre le fait que, et c'est une évidence, Haïti était un pays très pauvre et en difficulté. Je n'ai jamais dit '’virez-les'’. C’est inventé par les démocrates. J'ai une relation merveilleuse avec les Haïtiens", a-t-il tenté de se racheter.

Mais, visiblement, l’homme d’affaires a du mal à convaincre. D’autant plus qu’il a été démenti par un sénateur démocrate. Sans oublier le fait que l’ambassadeur américain au Panama a annoncé sa démission, parce que, dit-il, ne pouvant plus continuer à servir sous l’administration Trump.

Nommément citée, Haïti n’a pas tardé à réagir. "Le gouvernement haïtien condamne avec la plus grande fermeté ces propos odieux et abjects qui, s'ils étaient avérés, seraient, à tous égards, inacceptables, car ils refléteraient une vision simpliste et raciste totalement erronée", rapporte ‘’l’Express’’. Les choses pourraient ne pas se limiter à ce niveau. Comme Dakar, Port-au-Prince pourrait aussi convoquer le diplomate américain en fonction. ‘’L'ambassadeur haïtien aux États-Unis, Paul Altidor, a déclaré que le "chargé d'affaires" américain à Port-au-Prince allait devoir s'expliquer sur les propos tenus par Trump’’, ajoute le journal. Même cas de figure à Gaborone. Plusieurs médias ont révélé que l’ambassadeur des Usa au Botswana a été convoqué. ‘’Nous considérons que les propos de l'actuel président américain sont hautement irresponsables, répréhensibles et racistes’’, s’est outré, dans un communiqué, le ministère botswanais des Affaires étrangères.

‘’Pire côté de l'humanité…’’

En fait, c’est le monde entier qui a condamné les propos d’un président qui pourtant a déjà habitué la planète à ses dérapages verbaux. À l’image des nations, les organisations supranationales ont également participé au concert de réprobations. L’Union africaine, bien sûr ! Mais aussi l’Onu. L’entité continentale a trouvé les termes blessants et dégradants, non seulement pour les Américains d’origine africaine, mais aussi pour les citoyens africains. Pour l’Ua, cette déclaration ‘’va complètement à l’encontre des comportements et des pratiques acceptés’’. ‘’C’est d’autant plus blessant compte tenu de la réalité historique du nombre d’Africains qui sont arrivés aux États-Unis comme esclaves. C’est aussi très surprenant, car les États-Unis restent un exemple extrêmement positif de la manière dont l’immigration peut donner naissance à une nation’’, a regretté Ebba Kalondo, porte-parole du président de la Commission de l’Ua Moussa Faki.

L’Onu, non plus, n’est pas passée par quatre chemins pour exprimer son sentiment. L’organisation internationale a carrément accusé Donald Trump de racisme. "Si c'est confirmé, il s'agit de commentaires choquants et honteux de la part du président des États-Unis. Désolé, mais il n'y a pas d'autre mot que 'racistes'", a déclaré le porte-parole du Haut-Commissariat de l'Onu aux Droits de l'homme, Rupert Colville, lors d'un point de presse à Genève. Estimant que c’est plus qu’une ‘’vulgarité du langage’’, il a qualifié les propos de ‘’pire côté de l'humanité, en validant et encourageant le racisme et la xénophobie’’. 

BABACAR WILLANE

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