Publié le 31 Jul 2015 - 16:31
PUBLICATION DU REQUISITOIRE A CHARGE CONTRE TOMBONG OUALY

Me Bamba Cissé dénonce ‘’une coïncidence troublante’’

 

Me Bamba Cissé trouve ‘’troublante’’ que l’information relative au réquisitoire définitif du procureur de la République demandant à ce que le policier Tombong Oualy soit renvoyé en jugement pour le meurtre de l’étudiant Bassirou Faye soit rendue publique, à la veille de la visite du président de la République à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar.

 

Le Procureur de la République a fait son réquisitoire définitif dans l’affaire Bassirou Faye et a chargé le policier Tombong Oualy. Serigne Bassirou Guèye a demandé que le policier soit renvoyé en jugement devant la Chambre criminelle du Tribunal de grande instance de Dakar et que ses collègues Mouhamed Boughaled et Saliou Ndao fassent l’objet d’un non-lieu. Cette information parue dans l’édition d’hier du journal ‘’Libération’’ a mis l’avocat du policier dans tous ses états. Ce qui irrite Me Bamba Cissé, ce n’est pas le réquisitoire à charge du parquet contre son client, mais plutôt le fait que l’information soit rendue publique à la veille de la visite que le président de la République effectue aujourd’hui à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar.

L’avocat dénonce une ‘’troublante coïncidence’’ et trouve cela ‘’choquant et maladroit’’. A son avis, c’est comme si les autorités veulent ‘’calmer les étudiants, en jetant en pâture son client pour le bon vouloir des politiques’’. ‘’Je pense que la justice doit rester au-dessus des contingences politiques et je regrette fort ce qui s’est passé’’, a-t-il fulminé. Sur la décision en question, Me Cissé dit n’être nullement surpris. ‘’Cette décision ne nous étonne pas venant du parquet qui avait déjà annoncé la couleur, en jetant Tombong Oualy en pâture, lors de sa communication du 17 octobre, quand il disait qu’il était le bon suspect, le suspect idéal’’, a confié Me Cissé.

Selon l’avocat, ‘’le Procureur ne pouvait pas faire autrement pour éviter un camouflet’’. Toutefois, il garde bon espoir, dans la mesure où, dit-il : ‘’Le réquisitoire du parquet ne lie pas le juge d’instruction qui peut prendre une décision contraire.’’ A ce propos, la robe noire reste persuadée que le juge rendra une décision de non-lieu en faveur de son client. Un optimisme qu’il fonde sur les témoins oculaires qui ont affirmé que Tombong Oualy n’était pas le policier qui a tiré sur l’étudiant Bassirou Faye. ‘’Le dossier montre un autre coupable bien identifié par trois témoins qui ont donné son portrait-robot’’, a conclu Me Cissé.

Tombong Oualy a été placé sous mandat de dépôt, suite au meurtre de Bassirou Faye, tué à l’UCAD, lors d’échauffourées entre étudiants et forces de l’ordre. Il a été rejoint en prison par ses collègues Saliou Ndao et Mouhamed Boukhaled écroués bien après. Le hic dans cette affaire est que l’inculpation de Tombon Oualy a toujours été contestée par les étudiants et même par la famille qui a porté plainte contre X, après l’arrestation du policier. Tous sont convaincus que Tombong Oualy n’est pas le véritable meurtrier mais un autre policier. Il s’y ajoute que le principal témoin oculaire, Sette Diagne, a toujours affirmé que Tombong Oualy n’est pas l’auteur de la balle fatale à son camarade étudiant. Mieux, le portrait-robot qu’il a fait face aux enquêteurs et au juge d’instruction ne correspond pas à celui de Tombong Oualy qui, comme ses coïnculpés, clame son innocence. 

FATOU SY

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