Publié le 30 Jul 2017 - 12:46
PULICATION D’IMAGES CONTRAIRES AUX BONNES MŒURS ET COMPLICITE

La mère de ‘’Sata Koba’’ et Cie écopent de 3 mois assortis de sursis

 

Attraits devant le tribunal des flagrants délits de Dakar, pour diffusion d’images contraires aux bonnes mœurs, A. Diop (mère de S. Mboup, 5 ans, qui avait proféré des obscénités dans une vidéo sur le Net), D. Mboup et Khadim Fall sont retournés chez eux avec une peine de 3 mois avec sursis. En sus, d’une amende de 100. 000 FCFA chacun.

 

Pour sauver A. Diop, D. Mboup et Khadim Fall d’une peine ferme, la défense a dû titiller, hier, la sensibilité du tribunal. D’autant plus que, lors de son réquisitoire, le ministère public venait de demander 3 mois de prison contre tous pour publication d’images contraires aux bonnes mœurs.  En fait, A Diop est la mère de la fillette de 5 ans, surnommée ‘’Sata Koba’’, qui avait proféré des obscénités dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux. Mes Ousseynou Gaye, Aboubacry Barro et Ibrahima Mbengue ont axé leurs plaidoiries sur les difficiles conditions de vie de la famille de S. Mboup. Une famille qui vit dans la précarité à l’unité 5 des Parcelles Assainies avec un père toujours absent de la maison.

L’enquête de moralité faite par la police a révélé qu’il s’agit d’un foyer qui est dans la promiscuité. ‘’A. Diop n’a pas le contrôle de ses 7 enfants et elle vit seule, sans le soutien de son mari. Elle est chargée de les éduquer et en même temps d’aller chercher la dépense quotidienne. La société demande trop à cette dame. Elle n’a pas choisi d’être démunie. On ne peut lui reprocher que la négligence’’, a plaidé Me Gaye. Plus globalement, les robes noires estiment que ce qui s’est passé n’est autre qu’un problème de société. ‘’C’est une société à éduquer. Nous avons des langages orduriers. On les voit tous les jours à la télévision. S. Mboup a mimé ce qu’elle a vu à la télé. Toutes les filles parlent comme la jeune S’’, regrettent les robes noires. Qui ont demandé la relaxe, à titre principal, et, à titre subsidiaire, une application bienveillante de la loi pénale.  Rendant son délibéré, le jugé a prononcé une peine d’avertissement de 3 mois avec sursis. Les coupables doivent verser au Trésor public la somme de 100.000 FCFA chacun.

Agée de 5 ans, l’élève S. Mboup est première de sa classe

Dans cette affaire, tout part de B. Mboup. Le grand frère de la fille a filmé et posté la vidéo sur son Statut Whatsapp. Ainsi, il a été traduit devant le tribunal des mineurs, car, n’ayant pas atteint l’âge de la majorité. Son procès prévu, hier également, a été reporté à vendredi prochain. Me Ousseynou Gaye estime qu’il ne savait pas toutes les conséquences que son acte allait engendrer. Puisque, tous ceux qui ont eu la vidéo incriminée ont fait des captures d’écran et les ont postées. Poursuivant, le conseil a soutenu que la mère de ‘’barki bleu bleu’’ était malade et elle revenait de l’hôpital, au moment des faits.  A preuve, dit-il, c’est avec une ambulance qu’on l’a ramenée au niveau de la cave du tribunal. C’est ce qui justifie qu’elle est en liberté provisoire.  Pour la défense, même si la petite est vouée aux gémonies, force est de constater que c’est une brillante élève. Elle est la première de sa classe. ‘’C’est un petit génie qu’il faut aider. Elle est excellente à l’école’’, a signalé l’avocat.

Revenant sur les faits, le parquet a déclaré que c’est au courant du mois de juin 2017 que la Cellule de veille de lutte contre la cybercriminalité et d’autres organisations qui militent pour la protection de l’Enfance ont découvert une vidéo dans laquelle une fille de 5 ans gesticulait et proférait des paroles vulgaires. Les clichés ont montré que les prévenus étaient présents sur les lieux. De même que la mère A. Diop qui a ‘’assisté et cautionné l’acte répréhensible’’. Le Substitut du procureur a indiqué qu’ils ont reconnu les faits à la police et se sont confondus en regrets à la barre du tribunal des flagrants délits de Dakar.

‘’J’ai dit des paroles vulgaires et l’enfant les a répétées’’

Commerçante de son état, A Diop, 43 ans, a nié l’accusation. En versant de chaudes larmes, elle a déclaré : ‘’J’étais présente dans le salon et couchée sur le canapé. Lorsque, j’ai entendu S. insulter, je lui ai dit de ne plus répéter cela. Que ce n’est pas bien. J’ai su que la vidéo était sur les réseaux sociaux, quand j’ai été admise à l'hôpital pour y recevoir des soins. C’est mon beau-père qui m’a informée. Je jure que je ne lui ai pas appris à dire des insanités. C’est ma perruque qu’elle a mise sur sa tête, quand je suis revenue. Je demande pardon’’. Pour sa défense, l’élève K. Fall a affirmé : ‘’je considère S. Mboup comme ma petite-sœur. Nous étions en train de préparer un événement et nous sommes allés remettre à sa mère une carte d’invitation. Une fois là-bas, elle était en train de tenir qui ne sont pas de son âge. Stupéfaite, je l’ai filmée et j’ai utilisé l’image pour la promotion de la cérémonie’’.  Le menuisier D. Mboup d’indiquer : ‘’J’ai trouvé K. Fall et B. Mboup avec la petite. J’ai dit des paroles vulgaires et l’enfant de 5 ans les a répétées. J’ai supprimé la vidéo, avant d’aller vaquer à mes occupations’’.

Bénéficiant d’une liberté provisoire, B. Dioum, poursuivi pour le délit de complicité, a brillé par son absence. 

AWA FAYE

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