Publié le 15 Mar 2013 - 08:05
QUESTIONS AU DR. MALICK DIENG, DIRECTEUR DE L’INSTITUT LIBÉRAL

 ''La situation actuelle est une mascarade''

Dr. Malick Dieng dresse ici un portrait les un an  gouvernance de Macky Sall tout en livrant son opinion sur la traque des biens mal acquis qui vise certains barons du Parti démocratique.

 

 

Aujourd'hui, on a l’impression qu’il n'y a pas d’opposition chez vous, tout votre combat se résumant à vous défendre contre la traque des biens mal acquis.

 

Ça, c’est vrai. C’est une posture qui annihile quelque part nos velléités de reconquête du pouvoir. N’oubliez pas qu’on a un parti (NDLR : PDS) qui en est à sa troisième phase. La première, c’est une opposition de 26 ans, la deuxième, c’est la gestion du pouvoir et la troisième, c’est la reconquête du pouvoir. Mais pour reconquérir le pouvoir, il nous faut franchir l’étape très douloureuse de ce qu’on peut appeler la traque des biens mal acquis. Cela participe à une stratégie du pouvoir d’affaiblir le Parti démocratique sénégalais.

 

Est-ce à dire que vous n’avez rien à vous reprocher ?

 

Là, les enquêtes le détermineront. Quand la justice s’en mêle, il faut être prudent dans les analyses. Mais je ne comprends pas qu’au bout de presque un an de traque, on n’arrive pas à trouver l’argent supposé volé avec tout ce que le pays compte comme instruments. Nous avons les meilleures Police et Gendarmerie de la sous-région qui règlent des situations plus complexes. La Police et la Gendarmerie peuvent déterminer en 48 heures si une personne a volé ou pas !

 

Ce genre d'enquête dure plus longtemps compte tenu des connexions au niveau international. C’est le cas au Nigeria.

 

J’ai travaillé dans la politique de lutte contre la pauvreté en Afrique, précisément sur la fuite des capitaux, sur la corruption, le financement des projets politiques, la banque mondiale, etc. Ma thèse porte sur ça. On les appelle audits, d’autres les appellent enquête sur l’enrichissement illicite. Le vocable change selon la motivation politique. Dans le cas d’espèce, il s’agit d’une traque. Il devait se limiter d’abord aux audits. Le gouvernement a eu tort de déclarer qu’il va ramener les fonds. Il devait les trouver d’abord avant de faire quoi que ce soit. Parce que dans une phase d’enquête, tu ne peux pas savoir s’il y a des fonds détournés ou pas. Ils ont mis la charrue avant les bœufs (…)

 

Comment appréciez-vous la situation du pays ?

 

Aujourd’hui, le président Macky Sall sait en âme et conscience que les choses ne marchent pas.

 

Parce qu’il a hérité d’une situation économique catastrophique.

 

Non, il a hérité d’une meilleure situation au monde.

 

Ce n’est pas ce que démontrent les statistiques. Par exemple, le déficit budgétaire s’élève à plus de 400 milliards !

 

Ce n’est pas la réalité. Quand nous quittions le pouvoir, nous avions assaini les Finances publiques. Le ministre de l’Economie et des Finances d'alors (NDLR : Abdoulaye Diop) a été nommé meilleur ministre de l’Uemoa. Aujourd’hui, il est à la Banque mondiale grâce à ses compétences. Le problème de l’actuel régime, c’est qu’ils n’ont ni boussole, ni gouvernail. Pour diriger un pays, il faut une vision politique. En voulant mettre tout le monde à la diète, vous mettez en péril toutes les entreprises, créez plus de chômeurs et affaiblissez les fondamentaux de l’économie nationale. Un Etat ne fonctionne pas comme ça.

 

Il a quand même crée le Fongip et le Fonsis, pour développer le secteur privé et résoudre la question du chômage. N’est-ce pas une bonne chose ?

 

Il ne nous a pas dit d’où est-ce qu’il tire ces financements. Il dit qu’il a un programme de 8 000 milliards par an. Nous allons faire bientôt un an, il ne peut pas nous dire d’où il va tirer cet argent-là. Les 100 000 emplois qu’il a promis, c’est de la fiction. Ses collaborateurs avaient annoncé la diminution des prix des denrées de première nécessité, promis de booster la croissance. Près d’un an après, il n’en est rien. C‘est de la mascarade !

 

DAOUDA GBAYA

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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