Publié le 2 Jun 2014 - 03:11
RÉFORMES BANCAIRES, ENSEIGNEMENT, CERTIFICATS D'INVESTISSEMENT...

Londres, (presque) «capitale mondiale» de la finance islamique

 

Partant du principe «on n'a pas besoin d'être musulman pour pratiquer la finance islamique», la Grande Bretagne, loin de la frilosité française par exemple, est entrée en force dans la finance islamique et tend à devenir un hub de référence mondiale.

 

En raison des opportunités économiques qu'elle offre sur la base de l'éthique islamique, Londres s’est retroussé les manches en vue d’être la capitale mondiale de la finance islamique. Contrairement aux francophones, l'argument religieux ne prévaut guère chez les Anglo-saxons qui misent beaucoup plus sur les performances économiques. Du pragmatisme de bout en bout.

Les Britanniques ont eu le courage de changer leur réglementation bancaire afin de l'accommoder aux spécificités de la finance islamique. «Ils ont évoqué l'inclusion, cela veut dire qu'il y avait des  musulmans britanniques qui ne voulaient pas traiter avec les banques conventionnelles. Ils ont mis en place un système inclusion pour prendre en considération les préoccupations de ces gens. Les Anglo-saxons sont plus ouverts que les francophones sur le plan religieux», soutient le Dr Abdou Karim Diaw.

Lors du Forum économique du monde musulman tenu il y a quelques mois à Londres, rappelle le Dr Diaw, le Premier ministre anglais, James Cameron, avait dit clairement que son pays était en train de se positionner pour devenir le centre névralgique de la finance islamique en concurrence avec Dubaï et Kuala Lumpur, capitale de la Malaisie. Cette volonté britannique n'a rien à voir avec l'islam, avait-il précisé. Il s'agit juste de saisir des opportunités économiques en jeu. Une volonté qui va bientôt produire des «certificats d'investissement», une alternative aux fameuses obligations, ajoute le Dr Diaw.

«Le pragmatisme des Britanniques remonte à l'année 2002-2003 quand il fallait modifier une certaine réglementation bancaire qui n'était pas en phase avec les spécificités de la finance islamique», éclaire le spécialiste. «Il y avait une frange importante de musulmans britanniques qui ne voulaient plus continuer à traiter avec le système bancaire classique. Alors, les autorités ont mis en place un système inclusif prenant en considération les préoccupations exprimées par la minorité musulmane. Et en 2004, une banque islamique est créée.»

Le volontarisme des Anglais dépasse le cadre bancaire pour embrasser d'autres domaines comme l'enseignement, poursuit le Dr Abdou Karim Diaw. Partant du principe que «l'on n'a pas besoin d'être musulman pour pratiquer la finance islamique, il révèle que «des cours de finance islamique sont aujourd'hui dispensés dans différentes universités britanniques». De fait, la Grande Bretagne est devenue «le pays qui dispense le plus de cours» dans ce domaine, suivie de la Malaisie. «C'est paradoxal, conclut le Dr Diaw, mais les musulmans vont maintenant dans les pays non musulmans pour apprendre leur religion.»

 

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