Une quarantaine d’acteurs de la Sénégambie méridionale outillés
Conscients des effets néfastes de l’action de l’homme et des changements climatiques sur le patrimoine génétique en Sénégambie méridionale, les acteurs réunis au sein du mouvement panafricain des associations de femmes rurales Nous sommes la solution (NSS) ont décidé, entre autres, d’orienter leurs efforts vers la régénération et la domestication des espèces forestières et fruitières ainsi que la promotion des cultures hors sol.
‘’C’est une formation que j’ai attendue de longues dates en tant que femme leader qui s’investit dans l’agro-écologie. Elle m’a permis d’acquérir de nouvelles connaissances que je vais démultiplier à la base. Je suis très satisfaite’’. Ces propos sont de Mariama Diadama, coordonnatrice en Gambie du mouvement panafricain des femmes rurales Nous sommes la solution (NSS). Madame Diadiama membre, par ailleurs, de la Catalunya and De Gambia Fundation s’exprimait à la fin d’une session de formation organisée au centre Karonghen Wati Naning de formation et de démonstration des bonnes pratiques agricoles et savoir-faire paysans de Niaguis. Kadia James Fernandez, son collègue de la Guinée-Bissau, abonde dans le même sens : ‘’J’ai vu ce genre de pépinières. J’avoue que je ne savais pas comment les réaliser. Ces nouveaux outils que je viens d’acquérir sont d’une importance capitale pour nos membres de la Fédération Campanaise Cafo. Une fois de retour, nous allons les démultiplier. Cette formation est très utile pour nous.’’
Comme Mariama Diadama, Kadia James Fernandez fait partie de la quarantaine de leaders, techniciens et formateurs membres du mouvement panafricain des femmes rurales Nous sommes la solution à prendre part à une session de formation sur les techniques de production de pépinières forestières et fruitières, mais également sur les techniques de culture hors sol (microjardin).
Cette rencontre entre dans le cadre de la mise en œuvre du Projet d’appui à la régénération et à la domestication des espèces forestières et fruitières porté par l’ONG Fahamu Africa, en partenariat avec l’Association des jeunes agriculteurs de Casamance (Ajac/Lukkal) grâce au soutien financier de Grassroots International.
Tenu du 27 février au 4 mars derniers, l’atelier vise à capaciter les participants venus de la Casamance, de la Guinée-Bissau et de la Gambie sur comment produire une pépinière forestière et fructifère, mais également sur la conception de bagues (supports) et la réalisation de cultures hors sol. ‘’Vous savez, l’agroécologie va de pair avec l’agroforesterie. Il est donc important de renforcer, de capaciter nos membres sur tous ces qui est technique de production de ces espèces forestières et fruitières qui ont une importance capitale dans notre domaine de prédilection qui est l’agro-écologie ou l’arbre joue un rôle primordial. On ne peut pas véritablement faire de l’agro-écologie sans arbre. C’est la raison pour laquelle nous insistons sur la domestication des espèces forestières et fruitières qui sont pour la plupart en voie de disparition comme le néré, le maad, le ditak, le baobab ou encore le palmier qui jouent un rôle primordial dans l’alimentation des populations’’, a expliqué Mamadou Danfakha, le chargé de programmes à Fahamu Africa.
Pour Mariama Sonko, la présidente de NSS, la domestication concerne aussi d’autres espèces forestières dites fertilitaires. ‘’Il existe des arbres qui participent à la régénération du sol ainsi que des espèces thérapeutiques que nous devons sauvegarder pour notre santé. Notre option agroécologique n’est pas forcément dans le profit, mais dans la préservation de l’environnement et la sauvegarde du patrimoine génétique’’, a renchéri Mme Sonko.
Selon elle, il s’agit de rendre à la terre ce qu’elle nous donne.
Initiatives communautaires
Le lieutenant Ibrahima Diassé, chef du Service départemental des eaux et forêts de Ziguinchor, qui prenait part à la rencontre en qualité de consultant, a plaidé pour la mise en oeuvre d’initiatives communautaires relativement à la régénération et à la domestication des espèces forestières et fruitières. ‘’La préservation de l’environnement, de nos jours, est différente de celle d’il y a trente, voire quarante ans. Maintenant, il faut impérativement impliquer les populations. Elles doivent être les premières garantes de cette sauvegarde, pour la simple et bonne raison que ce sont elles qui vivent de et avec la forêt’’, a-t-il souligné.
Pour lui, il faut développer des initiatives communautaires allant dans le sens de la réalisation de projets de protection de l’environnement qui peuvent concerner une espèce emblématique de faune ou de flore. ‘’Outre l’acceptabilité sociale, les projets qui visent à protéger telle ou telle espèce sont souvent financés par les bailleurs et contribuent à la création d’emplois durables au sein des communautés’’, a-t-il fait savoir.
HUBERT SAGNA (ZIGUINCHOR)