Publié le 19 Oct 2015 - 21:33
RAPPORT DE LA BANQUE MONDIALE SUR LE CONTINENT NOIR

L’Afrique sort de la pauvreté à pas de caméléon

 

En matière de pauvreté, les indicateurs montrent que l’Afrique avance. Mais il n’y a pas de quoi pavoiser. Le rythme reste très lent pour justifier un optimisme. Même si la part de la population dans la pauvreté a baissé, lors des deux dernières décennies, le nombre de pauvres a plutôt augmenté durant la même période.

 

Le pourcentage de la population africaine vivant sous le seuil de pauvreté a baissé entre 1990 et 2012. Mais le nombre de pauvres dans le continent a quand même augmenté. Voilà en substance ce qui ressort du rapport de la Banque mondiale sur la pauvreté en Afrique, notamment sur l’aspect monétaire de la question. ‘’Selon les estimations de la Banque mondiale à partir d’enquêtes réalisées auprès des ménages, la part de la population vivant avec moins de 1,90 dollar par jour en Afrique a diminué entre 1990 et 2012, passant de 56% à 43%. (…). Toutefois, du fait de la rapidité de la croissance démographique, même dans l’hypothèse la plus optimiste, l’Afrique comptait beaucoup plus de pauvres en 2012 qu’en 1990 (330 millions contre 280 millions)’’, note le document.

Par conséquent, conclut la Banque mondiale, les pays africains n’atteindront pas les objectifs du millénaire pour le développement (OMD) dont le but est de réduire de moitié le nombre de pauvres sur le continent. Il s’y ajoute également que les prévisions économiques indiquent que l’Afrique continuera à concentrer ce que le monde a de plus pauvre. Un triste record qui s’explique par ‘’la fragilité et les conflits (qui) constituent un obstacle majeur à la lutte contre la pauvreté et expliquent pourquoi la pauvreté a reculé moins vite en Afrique que dans le reste du monde, entre 1996 et 2012 (avec un écart de 15 points de pourcentage)’’. Il ressort aussi de ces analyses que les zones rurales restent plus pauvres que les centres urbains, bien vrai que l’écart entre les deux pôles se réduit.

Concernant les aspects non monétaires de la pauvreté, ils évoluent certes, mais à un rythme lent. ‘’L’alphabétisation des adultes a augmenté de quatre points de pourcentage. L’espérance de vie à la naissance aussi, pour atteindre 6,2 ans et la malnutrition chronique chez les enfants de moins de 5 ans ont baissé de 6 points de pourcentage’’. D’autres indicateurs ont également augmenté. Il s’agit du nombre de morts liés aux violences politiques, la liberté d’expression et la responsabilisation des acteurs publics. Enfin, les femmes ont de plus en plus droit au chapitre sur ce qui concerne la vie du foyer. ‘’Malgré ces améliorations, il reste de nombreux progrès à faire dans ces domaines qui affichent toujours des résultats faibles par rapport au reste du monde voire en recul’’.

En matière de santé aussi, il y a des améliorations. Ce qui n’empêche pas l’Afrique d’être bonne dernière dans le monde. En effet, près de deux enfants sur cinq souffrent de malnutrition et au même moment, les campagnes de vaccination et de distribution de moustiquaires diminuent. En outre, suivre l’évolution de la pauvreté reste très difficile voire impossible en Afrique. Cela du fait de l’absence de statistiques. ‘’En 2012, seuls 25 pays sur 48 avaient réalisé un minimum de deux enquêtes de consommation au cours de la dernière décennie’’. Sans compter le fait que ces travaux manquent souvent de rigueur et ne sont pas comparables. 

BABACAR WILLANE

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