Publié le 18 Mar 2014 - 14:39
RAPPORT DE LA CNRI

mody niang repond au pr. ismaïla madior fall  ''Je peux mettre ma main sur le feu qu’il n’avait pas lu les conclusions''

 

Mody Niang trouve malencontreuse la sortie médiatique du Pr. Ismaïla Madior Fall, ministre conseiller du président de la République. Parce que convaincu que ce dernier  n’avait pas pris le temps de lire (entièrement) les conclusions de la CNRI avant de réagir.   

 

La polémique sur les conclusions de la Commission nationale de réforme des institutions (CNRI) est loin d’être close. La structure Innovations politiques et démocratiques (IPODE) a, en effet, relancé le débat à travers un Think Tank qui a réuni, le samedi à l’ENDSS, acteurs politiques, membres de la société civile. Si les positions ont été divergentes sur de nombreux points du projet de Constitution, ils étaient unanimes à saluer la ''qualité du travail'' abattu par le président Amadou Makhtar Mbow et son équipe.

L’écrivain, Mody Niang a fortement dénoncé les attaques contre des membres la CNRI venant du camp pouvoir. Pour lui, c’est faire un mauvais procès à ladite commission que de l’accuser d’avoir ''outrepassé ses attributions''. Car, rappelle cet enseignant à la retraite, la CNRI n’a fait qu’appliquer la feuille de route que le président de la République leur a remise à savoir ''faire toutes propositions'' allant dans le sens du renforcement des institutions.

Une manière de répondre au Pr. Ismaïla Madior Fall, ministre conseiller du Président chargé des affaires juridiques, dont il déplore la sortie médiatique contre le président Mbow. ''Je pense qu’en tant que conseiller, il devait réserver la primeur de sa réaction au président de la République'', déclare Mody Niang.

''J’ai un grand respect pour le Pr. Madior Fall -je le consultais souvent sur des questions juridiques- mais en l’écoutant, j’ai eu l’impression qu’on avait mis le couteau à la gorge du président pour qu’il accepte les conclusions. (…) Je peux mettre ma main sur le feu qu’il (Madior Fall) n’avait pas lu les conclusions'' en faisant cette sortie dans la presse, jure l’écrivain.

Il en veut pour preuve la position du constitutionnaliste sur le cumul de fonctions du chef de l’État et de chef de parti. ''Il (Madior Fall) s’est demandé comment le Président peut démissionner de son parti alors qu’il veut un second mandat ? On ne lui (Macky Sall) demande pas de démissionner pour ce mandat en cours, mais plutôt le prochain mandat'', précise-il. Pour Babacar Gaye, porte-parole du Parti démocratique sénégalais (PDS), Macky Sall devrait assumer ses responsabilités après avoir signé le décret instituant la CNRI, qui, de fait, ''le lie'' aux résultats qu’elle a produits.

Pr. Abdoulaye Dièye : ‘’Il n y pas une séparation des pouvoirs’’ au Sénégal

Dans son intervention,  le Pr. Abdoulaye Dièye, membre de la CNRI, est revenu sur la démarche qui a abouti à ces résultats et qui reposait sur le triptyque : ‘’approfondissement’’, ‘’renforcement’’, ‘’consolidation’’ des institutions. Mais cela ne pouvait se faire, selon le juriste, sans ‘’un État de droit  où le principe de la hiérarchie des lois est respectée’’.

Cela suppose, selon le panéliste, qu’il y ait une indépendance de la justice. ’’Tout le monde sait qu’il n'y pas une séparation des pouvoirs. Nous avons un président hyper puissant’’, constate-t-il. Le juriste trouve également que ''c’est une hérésie’’ de voir le chef de l’État présider le Conseil supérieur de la magistrature.

Pour lui, le CSM doit rompre le cordon ombilical qui le lie à l’exécutif. Ce qui permettrait, selon le Pr. Dièye, de limiter les pouvoirs du président de nommer des membres  du Conseil constitutionnel.  ‘’Le Sénégal est le seul pays de la sous-région où le président de la République nomme les 5 juges constitutionnels, constate-t-il pour le déplorer.

Même si, relativise-t-il, ‘’le pouvoir de nomination ne détermine pas nécessairement l’indépendance’’ des magistrats, le Pr. Dièye propose que les juges constitutionnels soient nommés aussi bien par le président de la République, les magistrats, les partis politiques. Mais cet avis n’est pas partagé par Me Adama Fall, pour qui cette option ‘’risque de plonger le Conseil constitutionnel dans un clivage partisan’’.

Son collègue Me Amadou Aly Kane, lui, est plutôt préoccupé par l’influence des religieux dans les affaires publiques. Il a invité la CNRI à réfléchir sur le statut du marabout. ‘’Est-ce que la sphère maraboutique n’a pas atteint un seuil pour qu’on légifère là-dessus?’’, se demande l’avocat. Babacar Gaye répond par la négative car, le ‘’Sénégal peut bien intégrer le fait religieux’’.

Le président du Conseil régional de Kaffrine donne l’exemple de l’Afrique du Sud où l’archevêque Desmond Tutu, dit-il, a joué un rôle déterminant dans la réconciliation nationale du pays. Prudent, Mody Niang a conseillé les pénalistes d’éviter ce débat qu’il juge ‘’sensible’’. En tout cas, Mohamed Ly, président de IPODE, s’est réjoui des débats qui, selon lui, auront le mérite d’avoir créé ‘’une interaction’’ autour des conclusions de la CNRI. 

DAOUDA GB AYA

 

 

Section: