Publié le 3 Jul 2015 - 12:00
RAPPORT DE LA COUR DES COMPTES 2013

Failles et défaillances à la Direction des Bourses

 

La Cour des comptes a relevé dans son rapport de 2013 des manquements et des carences liés à la gestion informatisée des allocations d’étude à la Direction des Bourses.

 

Dans le rapport de la Cour des comptes 2013, l’organe de contrôle s’est intéressé à la gestion informatisée des allocations d’études à la Direction des Bourses (DB) pour la période 2008-2010. A ce moment, les fonctions de Directeur ont été successivement assurées par Ousseynou Goumbala et Joseph Sarr. Dans le document, les contrôleurs  ont répertorié de nombreuses  failles et autres défaillances.

En premier lieu, il est constaté que des étudiants peuvent être attributaires d’une bourse ou d’une aide alors qu’il n’existe aucune preuve pour attester qu’ils sont titulaires du baccalauréat. Ce qui dérange le plus les agents de Mamadou Hady Sarr, c’est que  l’Office du Baccalauréat dispose d’un fichier informatique qui répertorie tous les élèves admis à l’examen et qui fournit beaucoup de renseignements sur les récipiendaires. ‘’Mais ce fichier n’est pas disponible à la Direction des Bourses, alors qu’il aurait pu permettre aux agents de ce service d’effectuer un contrôle de corroboration’’, regrettent-ils.

 Concernant les aides, la comparaison entre le fichier des bénéficiaires et le répertoire des bacheliers révèle 179 enregistrements de bénéficiaires d’aides non concordants sur un total de 38 918 étudiants entre 2008 à 2010. Pour les bourses, la comparaison laisse apparaître que ‘’241 enregistrements de boursiers ne se retrouvent pas sur la liste des bacheliers sur un total de 75 102 sur la période précitée’’, lit-on dans le rapport.

Selon le document, les recherches effectuées dans la base de données du Service de Gestion des Etudiants à l’Etranger (SGEE) montrent que 38 d’entre eux ne figurent pas dans le fichier de l’Office du Baccalauréat.

Cependant, la Cour des Comptes précise que ces chiffres ne traduisent pas le nombre de bénéficiaires d’allocations d’études non titulaires du Bac. Mais ils permettent de déceler l’existence ‘’dans le fichier des bourses d’une quantité non négligeable d’enregistrements erronés qui pourraient, pour certains, constituer des cas de fraude’’.

Un contrôle fait dans les universités de Dakar et de Saint-Louis a décelé l’existence d’étudiants bénéficiaires d’aides ou de bourses mais non inscrits dans l’une de ces deux universités. ‘’La jonction du fichier des bénéficiaires d’aides avec le fichier des inscrits dans les universités de Dakar et de Saint-Louis a donné comme résultat un nombre de 156 étudiants non répertoriés dans le fichier des inscrits. Celle du fichier des bénéficiaires de bourses avec celui des inscrits dans les universités de Dakar et de Saint-Louis a donné comme résultat un nombre de 210 non-répertoriés dans le second fichier’’, renseignent les contrôleurs.

A cela s’ajoutent ceux qui perçoivent des allocations sans figurer sur les listes des bénéficiaires. C’est le cas de 43 individus qui, entre 2008 et 2009, ont  reçu une aide. 785 personnes ont également perçu des bourses dans les mêmes circonstances, entre 2008 et 2010.

Le rapport indique que des étudiants ont empoché des montants supérieurs au taux dont ils sont normalement bénéficiaires. Pour l’année 2008, cette situation concerne 25 étudiants, dont trois titulaires de bourses de 3e cycle, 16 bénéficiant de bourses entières et le reste d’une demi-bourse. En 2009, les excédents de paiements concernent 4 193 étudiants et 35 autres étudiants ont perçu des taux supérieurs à la normale en 2010.

Il est noté aussi que des étudiants cumulent irrégulièrement des bourses et perçoivent plus que le montant annuel autorisé. Selon les contrôleurs, cette situation aurait dû être empêchée par la gestion informatisée. ‘’Cet état de faits conduit à une violation de la réglementation, d’une part et traduit la possibilité que des erreurs importantes existent dans les données et dans le système de calcul ou d’allocation des montants, d’autre part’’, mentionnent les contrôleurs de la Cour des Comptes.

Ces anomalies sont également accompagnées de doublon en ce qui concerne les bourses et aides. Il arrive que le numéro de la carte nationale d’identité d’un étudiant soit introduit deux ou plusieurs fois dans le système. Ce qui fait qu’un apprenant puisse bénéficier deux fois d’une bourse dans une même année scolaire.

Hormis les défaillances constatées dans le système de gestion des allocations d’études, la direction des Bourses est confrontée à divers problèmes. Elle n’a ni salle d’archives, ni d’agents habilités à les gérer. Les travailleurs sont obligés d’entreposer les dossiers par terre ou de les stocker sur les balcons. Et cela peut créer des désagréments à cause des intempéries et des rongeurs.

‘’A Dakar, il est constaté que l’accès à la salle des machines n’est pas sécurisé. En effet, des personnes étrangères au service peuvent y entrer et en sortir librement. En plus du fait qu’il n’existe pas de détecteur de fumée, le personnel informatique utilise une bonbonne à gaz à proximité des deux serveurs pour des besoins extra-professionnels. Le feu ainsi utilisé est potentiellement source d’incendie pouvant causer d’importants dommages aux équipements ‘’, relate le rapport.

Toutefois, seule la réaction de Joseph Sarr a été  mentionnée dans le document. La Cour des Comptes affirme n’être pas parvenue à avoir les réponses d’Ousseynou Goumbala. Même si M. Sarr ‘’ accepte’’ et ‘’partage’’ les recommandations, il a préféré apporter ‘’quelques précisions’’. Selon lui, la Direction des Bourses peut bel et bien donner une allocation à des étudiants qui ne sont pas répertoriés à l’Office du Baccalauréat. Parce que, dit-il, le Sénégal a des accords universitaires avec d’autres pays.

A propos du cumul et du doublon sur les allocations, l’ancien Directeur de la Direction des bourses B annonce que ces défaillances qui étaient dues selon lui à des erreurs, sont en train d’être réglées.

El HADJI FALLILOU FALL (stagiaire)

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