Publié le 11 Feb 2017 - 11:14
RASSEMBLEMENT DE SOUTIEN A BAMBA FALL ET CIE

Khalifa Sall sauve la manifestation

 

Après son retour de la Maison d’arrêt de Rebeuss, où il s’était rendu pour voir le maire de la commune de Médina, Bamba Fall, et ses codétenus, l’édile de Dakar a sauvé de justesse le rassemblement de soutien organisé hier par les Médinois au quartier Gibraltar.

 

Khalifa Sall arrive avec le sourire. Vêtu d’un sabador blanc, il marche lentement sur l’Allée Préfet Adama Thiam de Gibraltar. De vieilles dames et autres militants du Parti socialiste (PS), sommés quelques instants plus tôt par les Forces de l’ordre  d’arrêter leur manifestation sur la voie publique, faute d’autorisation, reprennent du poil de la bête. Ils chantent et tapent des mains autour du maire de Dakar. Celui-ci lève les mains comme eux. Sans répéter pour autant les slogans du genre : ‘’Khalifa ya yeungueul Tanor… ak Macky’’ (Khalifa, tu fais peur à Tanor et à Macky) ou ‘’Khalifa Président’’ scandés à son égard par les manifestants, scandalisés surtout par la détention de leurs voisins ou partisans politiques depuis le 8 janvier dernier. En compagnie de Khalifa, ils finiront par rejoindre la maison communale ‘’village des tout-petits Kër Biram Sassoum Sy’’, après plusieurs moments d’hésitation.

‘’Bamba Fall, Bira Kane  Ndiaye, Maguette Ba, Malick Dieng, Ablaye Wane, Serigne Saliou Mbacké Diop, Bassirou Samb, Amath Diouf, Abdourahmane Mbaye sont très fiers et reconnaissants de ce que les populations de la Médina font pour eux. Ces dernières montrent au pays qu’elles sont des personnes de reconnaissance et de dignité. Bamba Fall et Cie vous rassurent de leur détermination à continuer le combat’’, déclare le maire de Dakar dans une salle trop exiguë pour accueillir la foule. En rendant compte de la sérénité dans laquelle il a trouvé ses camarades emprisonnés, il dit : ‘’On ne peut pas continuer à embastiller les gens ou les menacer pour avoir juste émis des opinions opposées ou contradictoires sur la vie politique et démocratique de leur parti (PS) et du pays.’’

Très en verve, Khalifa Sall de poursuivre : ‘’Cela ne saurait prospérer ou être accepté. Et ces camarades vous disent et nous disent qu’il faut dire non ! Senghor avait construit le PS sur cette base-là : un parti de rêve, un parti d’ambition pour le pays, un parti pour les populations sénégalaises mais un parti de débat. Senghor est un homme de débat. On ne peut pas vouloir être sur ses traces et ne pas accepter le débat contradictoire. C’est pourquoi nous avons mal. Et nous avons des problèmes. Quand notre parti doit user de la prison pour régler des problèmes, nous avons mal.’’

Le maire de Dieuppeul-Derklé, Cheikh Guèye, qui a assisté à la scène avec les policiers, est sur la même longueur d’onde que son pair de la capitale. ‘’Notre constitution a consacré une bonne partie aux libertés. Sur ce rapport, je pense que les populations, particulièrement les Médinois, peuvent se retrouver, échanger, discuter et trouver les voies et moyens pour que leur maire puisse retrouver sa municipalité et continuer son travail’’, estime le socialiste. Il retient de sa dernière visite à Bamba Fall : son engagement, sa foi et son courage. ‘’Parce qu’il n’a rien à se reprocher’’, soutient Cheikh Guèye.

Le premier adjoint au maire de la Médina, Gora Mbaye, a quant à lui, prévenu qu’ils ne céderaient pas face à ‘’l’intimidation’’, malgré les tentatives dans ce sens. Avant d’ajouter que ‘’la bataille de l’opinion est déjà gagnée’’. Et que Bamba Fall va être ‘’bientôt libéré’’.

Un viatique à laquelle n’a pas dévié la responsable départementale des femmes du PS, Aïssatou Fall. Encore moins l’un des membres du pool d’avocats de Bamba Fall et Cie, Me Ndiaye. Ce dernier a dénoncé ‘’une justice sénégalaise instrumentalisée’’. Un fait, selon lui, confirmé par la dernière sortie du magistrat Dème, démissionnaire du Conseil supérieur de la magistrature (CSM) pour les mêmes allégations.

O. DEMBELE (STAGIAIRE)

 

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