Publié le 2 Apr 2015 - 01:07
RASSEMBLEMENT ILLICITE

Trois ‘’Karimistes’’ risquent 6 mois 

 

Le parquet a requis hier 1 an dont 6 mois ferme contre trois militants libéraux, arrêtés à Yeumbeul où ils voulaient tenir un sit-in en vue de la libération de Karim Wade.

 

Au moment où certains de leurs frères libéraux sont en détention préventive, en attendant l’instruction de leur dossier, trois ‘’Karimistes’’ ont comparu hier, devant le tribunal des flagrants délits. Il s’agit de Demba Dang, coordonnateur des ‘’Karimistes’’ de la banlieue, le chargé de communication Aliou Yatassaï et un autre responsable du nom de Ndary Aïdara.

Ils ont comparu pour actes et manœuvres à compromettre la sécurité publique ou à occasionner des troubles politiques graves ou à enfreindre les lois du pays et rassemblement illicite. En tant qu’inconditionnels de Karim Wade, ils ont voulu tenir un sit-in à la station de Yeumbeul, en vue de la libération du fils de l’ex-président Wade condamné finalement à 6 ans ferme pour enrichissement illicite. Comme la première demande d’autorisation introduite, le 3 mars, la seconde déposée le 15 mars n’a également pas été accordée par le sous-préfet des Niayes. Sous le prétexte d’informer les militants du refus de l’autorité, ils ont organisé un point de presse devenu un rassemblement avec la présence massive de libéraux. D’où leur arrestation.

Mais hier, à la barre, Demba Dang et Cie ont réfuté avoir créé un rassemblement. ‘’J’étais à la station pour orienter les militants à se rendre chez moi pour les informer du refus’’, a soutenu Ndary Aïdara qui a précisé avoir été appréhendé à ‘’2 mètres’’ de son domicile. Yatassaï a déclaré avoir été arrêté après s’être adressé à la presse. Agent de sécurité au Centre des œuvres universitaires de Dakar (COUD), Demba Dang soutient qu’il a été appréhendé chez un ami, bien qu’il ait pressé le pas à la vue des policiers.

Il a déclaré qu’ils n’ont pas appelé les militants, mais plutôt les journalistes pour faire une déclaration. ‘’Pourquoi ce point de presse alors que vous ne l’avez pas fait après le premier refus ? Est-ce que vous avez dispersé les militants ?’’ a lancé l’un des assesseurs du président aux prévenus, tour à tour. ‘’C’était pour leur demander de ne pas braver l’interdit’’, a répondu Aïdara. Lui et ses coprévenus ont également reconnu n’avoir pas dispersé les militants. L’assesseur est revenu à la charge, en lui disant que ‘’ce n’était pas nécessaire’’ de rassembler les personnes pour les informer du refus.

Le représentant du parquet a pour sa part sermonné les prévenus. ‘’Quand on a le courage de poser des actes, il faut avoir le courage de les assumer’’, a-t-il asséné. Avant d’ajouter d’un ton ferme : ’’Le pays nous appartient à nous tous et on n’acceptera pas qu’une personne le déstabilise.’’ Le parquetier a poursuivi sur la même lancée en faisant ses réquisitions. Tout en se faisant le chantre de la paix au Sénégal, le magistrat a laissé entendre que les prévenus ont certes le droit de manifester, mais pas de bafouer l’interdit. Par conséquent, il a estimé les délits constants. Compte tenu du fait que les prévenus sont des délinquants primaires, à l’exception de Demba Dang, condamné à 10 jours pour coups et blessures volontaires, il a requis 1 an dont 6 mois ferme.

Pour la défense, aucun des délits n’est articulé. ‘’Depuis quand s’adresser à la presse constitue-t-il une infraction ?’’ s’est interrogé l’avocat libéral Me Adama Fall. Et même s’ils ont manifesté, Me Amadou Diallo considère que cela ne constitue pas un délit. Aussi ont-ils plaidé la relaxe pure et simple.

Le tribunal rend son délibéré le 7 avril prochain. 

FATOU SY

 

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