Publié le 31 Aug 2015 - 22:31
RECENSEMENT GENERAL DES SENEGALAIS DE MAURITANIE

L’Etat veut déterminer le profil du migrant sénégalais

 

Une mission exploratoire pour préparer le recensement général des Sénégalais qui vivent en Mauritanie a séjourné à Nouakchott, du 21 au 27 août dernier.  Sur instruction du président de la République, le ministère des Affaires étrangères a mis en mission le directeur général des Sénégalais de l’extérieur, Sory Kaba, à la tête d’une délégation qui a visité les villes de Nouakchott et Nouadhibou.

 

Un recensement général exhaustif des Sénégalais vivant sur le sol mauritanien est en cours de préparation. Sory Kaba, directeur général des Sénégalais de l’extérieur, l’a fait savoir au terme d’une mission qui l’a conduit à Nouakchott et Nouadhibou. «L’objectif de notre mission est de savoir le nombre exact de Sénégalais qui vivent ici en Mauritanie. La tenue des statistiques influence sur les initiatives en faveur de ces derniers. Les problèmes auxquels nos compatriotes sont confrontés ici en Mauritanie sont nombreux et récurrents », renseigne M. Kaba. A l’en croire, « le président de la République a été saisi plus d’une fois à ce sujet et il a pensé que, pour faire face à ces nombreux problèmes identifiés, il faudrait que nous sachions plus exactement le nombre de Sénégalais qui vivent ici en Mauritanie ». 

Depuis 2012, la Mauritanie a institué une carte de séjour pour tous les étrangers vivant sur son sol. La communauté sénégalaise, l’une des plus importantes, éprouve des difficultés pour s’acquitter de cette obligation. Au regard des revenus de la plupart des Sénégalais établis en Mauritanie, «beaucoup ont du mal à s’en acquitter, surtout quand on vit en famille ». «Si nous voulons entreprendre des négociations dans le cadre des accords qui lient nos deux pays, poursuit-il, véritablement, il faudrait que nous ayons sur la table un argumentaire solide qui puisse influer sur ces accords éventuels ». Il s’y ajoute que la commission mixte est en train de se préparer. «Toutes ces questions seront invoquées et c’est pour toutes ces raisons que nous étions venus pour explorer, dans un premier temps, afin de faire un rapport au président de la République. Et qu’à l’issue de ce rapport, nous puissions déterminer le mode opératoire qui puisse nous permettre d’identifier et de recenser tous nos compatriotes qui vivent ici en Mauritanie », explique le directeur général des Sénégalais de l’extérieur.

Le Directeur Général des Sénégalais de l’extérieur renseigne qu’un outil est déjà mis en place. Il a été appliqué à 300 personnes dont 250 à Nouakchott et 50 à Nouadhibou. « C’est sur la base de cet outil, explique-t-il, que nous aurons une analyse approfondie, parce que notre objectif principal est de réaliser le profil du migrant sénégalais qui vit en Mauritanie ». Il s’agit, selon M. Kaba, de s’intéresser à son parcours migratoire, à son cursus universitaire, à sa profession actuelle, le nombre de personnes à sa charge, ses sources de revenus mensuels, son niveau d’éducation, les diplômes obtenus... Ce profilage est «extrêmement important pour toute initiative en faveur de nos compatriotes ». Tous ces éléments d’informations figurent dans l’outil réalisé. Cet outil pourra être réduit et amélioré avant de le rendre opérationnel sur le terrain. «Pour ce projet, souligne M. Kaba, il faut aller très vite et peut-être dans un délai de deux à quatre mois, nous allons pouvoir boucler ce recensement de tous les Sénégalais de Mauritanie, dès lors que nous serons de retour  à Dakar et que l’on revienne avec un dispositif beaucoup plus élargi et des moyens plus conséquents pour passer à l’assaut final.»

La Mauritanie, « laboratoire de recensement de ces Sénégalais de l’extérieur » 

Tout processus de recensement exige des moyens, un dispositif technique, et pour l’heure, selon le directeur des Sénégalais de l’extérieur, « nous avons de vagues idées ». C’est pourquoi, «il fallait qu’on vienne pour identifier les principales zones de concentration de nos compatriotes ». Il suggère, d’une part, la mise en place d’équipes immobiles et inviter les Sénégalais à aller se faire recenser, à travers un plan de sensibilisation et de communication ; d’autre part, avoir des équipes mobiles qui vont faire le tour de toutes ces zones de concentration pour faire l’identification et le recensement. Mais, « quand nous aurons fini de rédiger le rapport nous saurons la voie à suivre, d’autant plus que la Mauritanie sera le premier pays à recevoir ces équipes de recensement, avec comme objectif tous les pays où vivent les Sénégalais ». La Mauritanie sera pour M. Kaba «le laboratoire de recensement de ces Sénégalais de l’extérieur ».  

Pour le patron de la direction des Sénégalais de l’extérieur, « quand on mène une étude du genre, cela doit aider à la décision. Une étude allant dans le sens de disposer des statistiques fiables, de données qualitatives comme quantitatives par rapport au nombre de Sénégalais vivant en Mauritanie, c’est évident que cela va influer sur la décision à prendre ».  Pour l’heure, aucune décision du genre ne saurait être pour la simple raison que «personne ne sait combien de Sénégalais vivent en Mauritanie ». Car, «on avance 50 000, 300 000 Sénégalais », alors qu’aucune statistique encore moins une structure étatique ou compétente n’a élaboré une étude qui puisse le confirmer ou l’infirmer.

Recensement à connotation politique, un « mauvais procès … »

Si certains observateurs avertis pensent que ce recensement a également un dessein politique, le Directeur général des Sénégalais de l’extérieur balaie d’un revers de main cette position. « On n’a pas besoin de faire un recensement pour imposer aux Sénégalais de s’inscrire sur une liste électorale, d’autant plus que ce sont deux fichiers différents. Le fichier électoral, les statistiques des Sénégalais vivant en Mauritanie, ce sont deux approches qui n’ont rien à voir. Je pense que c’est un mauvais procès sur lequel je ne m’attarderai pas outre mesure. »  Toutefois, il précise : « Comme tout mauvais procès, toute action publique ne peut pas se départir de cette considération. Mais ce qui est certain, il y a un fichier électoral où tous les Sénégalais qui votent ici en Mauritanie sont connus. Et ce fichier fait l’objet toujours d’une révision exceptionnelle ou ordinaire. »

IBOU BADIANE, CORRESPONDANT EN MAURITANIE

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