Publié le 28 Jun 2019 - 18:47
RECETTES EN HAUSSE

Les Douanes sur un petit nuage 

 

En plus de leur saisie record de drogue annoncée ce mercredi, les douanes sénégalaises ont vu leurs recettes du premier trimestre de 2019 dépasser l’objectif initial.

 

Les signaux sont au vert pour les recettes douanières au premier trimestre 2019. Excédentaires même si l’on considère que 161,61 milliards ont été collectés, sur un objectif initial de 139,21 milliards, au 31 mars 2019. Soit une plus-value de 22,40 milliards FCFA en valeur absolu (+16,09%) d’après un document consulté par EnQuête. Des résultats qui restent dans le sillage du bilan de l’année dernière. Les douanes sénégalaises avaient alors réalisé des recettes budgétaires de 681,43 milliards de FCFA pour l’exercice 2018 qui étaient elles-mêmes un surplus de 5% par rapport au montant de l’exercice précédent. Ce qui avait ravi le directeur général de la Douane (Dgd), Oumar Diallo.  

‘‘Ces résultats s’apprécieront avec les objectifs qui ont été fixés, mais également par rapport aux efforts qui ont été fournis par l’ensemble des agents à quelque niveau que ce soit pour leur atteinte. C’est le moment de les féliciter. (...) Je suis persuadé que nous pouvons mieux faire pour peu qu’il y ait plus de cohésion, d’abnégation, d’engagement, nous pouvons dans les années à venir, et peut-être dès cette année, battre le record’’, avait-il déclaré en conférence de presse l’année dernière. A mi-parcours, en septembre dernier, ses services avaient déjà collecté plus de 400 milliards sur les 700 qu’il s’était fixé comme objectif. Un gap d’à peu près 19 milliards qui ne douche pas la satisfaction de M. Diallo, expliquant ce manque par le fait que les marchés publics restent devoir régulariser 18 milliards. Il s’y ajoute qu’en 2018, on était en période préélectorale et a été décrétée année sociale. Ce qui a obligé les services douaniers à quelques concessions.

Saisies d’anthologie

Mais la douane ne se limite pas juste à sa mission fiscale de collecte optimale des recettes douanières pour le budget de l’Etat (liquidation des droits et taxes exigibles lors des opérations d’importation). Elle se sera signalée en 2019 par les saisies de diverses marchandises réalisées par les unités de surveillance, les directions régionales essentiellement en dehors de la capitale comme les produits alimentaires, des drogues, des médicaments contrefaits, des véhicules, etc. Hier, les douanes ont annoncé avoir mis la main sur 10 colis de chanvre indien d’un poids total de 270kg par la Brigade maritime de Toubacouta, Région Centre ; portant à plus de 2 tonnes la quantité totale de ce stupéfiant saisie dans la seule subdivision de Fatick depuis le début 2019.

Avant-hier, c’est une saisie d’anthologie que la direction régionale de Dakar-Port a opérée. 238 kg de cocaïne dissimulés dans 24 voitures en transit à Dakar ont été découverts par les soldats de l’économie. En mai dernier, c’est le modeste poste des douanes de Guénoto (Tamba) qui a saisi 72 kg d’héroïne d’une valeur de 3 milliards en provenance de la Guinée-Bissau. Par ailleurs, les prises concernant la contrebande et les denrées de contrefaçon se sont poursuivies pour les ‘‘soldats de l’économie’’. Pour ce même trimestre de 2019 : 830 kilogrammes de chanvre indien et de faux médicaments d’une valeur de 1 milliards saisis à Fatick ; 42 kilogrammes de khat séché saisis à l’Aéroport international Blaise Diagne ; Saisie record en 10 jours dans la zone de la région de Tambacounda d’une tonne de chanvre indien et 76 kilogrammes de cocaïne d’une valeur de 3 milliards. Les prises concernent également les denrées de consommation dont l’importation est prohibée. L’année dernière, la quantité totale de sucre frauduleux saisie était de 665 tonnes pour une valeur de 312 millions.

La grande proximité

Le Dgd a réaffirmé la démarche de modernisation dans laquelle s’est inscrit son département, basée sur la dématérialisation et l’automatisation des procédures douanières. Pour 2018-2022, il est prévu un programme d’automatisation dans toutes les unités douanières du pays. Mais c’est le nouveau concept de ‘‘grande proximité’’ qui constitue le nouveau point sur lequel les douanes sénégalaises comptent concrétiser leurs mesures de facilitation. Dans les jours à venir, certains produits qui étaient exclusivement destinés à être dédouanés à Dakar, pourront l’être dans une dizaine de bureaux frontaliers dont ceux de Rosso, Kidira, Moussala, Karang, Keur Ayip, Ziguinchor..., avait annoncé M. Diallo en conférence de presse de bilan de la douane en 2018. Ainsi, en mars dernier, la brigade de Karang a été mise en service et a traité plus d’une centaine de contentieux d’un total de 191 295 785 FCFA et une cinquantaine de millions d’amendes en un seul trimestre.

‘‘Ces bureaux sont informatisés et nous avons proposé qu’il y ait des officiers supérieurs de douane pour prendre en compte le dédouanement correct de ces marchandises comme ça se fait à Dakar’’, avait annoncé M. Diallo. Pour des raisons pragmatiques, les produits comme les pâtes alimentaires, les sachets plastiques, la farine etc., devraient être dédouanés par les bureaux frontaliers concernés en principe. ‘‘Ce n’est pas pratique de devoir escorter tous ces produits par camion jusqu’à Dakar pour le dédouaner et les retourner à Diourbel, Fatick, Ziguinchor etc., avec tous les risques que ça comporte’’, expliquait M. Diallo.

Il en est de même pour les véhicules venant d’Espagne ou de France qui peuvent se voir délivrer une passe-avant dans le bureau frontalier concerné au lieu de se faire dédouaner à Dakar pour retourner à son point de destination finale. Cependant, deux produits sensibles : l’huile végétale et le sucre, sont exemptés de cette nouvelle règle de dédouanement de proximité et le seront exclusivement dans la capitale. Le Dgd l’explique par la nécessité de devoir protéger un tissu industriel encore grandement soutenu par la contribution de ces deux denrées à l’économie nationale. ‘‘Nous avons estimé que la Douane doit pouvoir répondre à toutes les sollicitations des populations, des citoyens, des opérateurs économiques à quelque endroit que ce soit sur le territoire national. Nous avons estimé devoir mettre en œuvre ce qu’on appelle la ‘‘la grande proximité’’.

OUSMANE LAYE DIOP

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