Publié le 2 Jul 2015 - 20:37
RECHAUFFEMENT CLIMATIQUE

Signer un accord contraignant à Paris

Le président du Conseil économique social et environnemental français, Jean-Paul Delevoye

 

La 21è Conférence des Parties (COP21) à la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUC) à Paris, en novembre et décembre prochain, se fixe un objectif clair: la signature d’un accord international contraignant pour maintenir le réchauffement global en deçà de 2°Celsius. Les Conseils économiques sociaux et environnementaux d’Afrique et de la Francophonie étaient à Dakar hier pour en discuter.

 

Les effets du réchauffement climatique inquiètent. Dans de nombreuses régions, notamment en Europe, en Afrique et en Amérique du Sud, la modification des schémas des précipitations (des pluies plus fortes mais plus rares par exemple), ainsi que la fonte des neiges et des glaces, modifient les systèmes hydrologiques, et perturbent les ressources en eau. Le stress hydrique apparaît déjà comme la manifestation la plus tangible du dérèglement climatique induit par un réchauffement global de la température. 

Dans certaines régions, soit le liquide précieux se raréfie, soit il est de moins bonne qualité.  ‘‘1,1 milliard de personnes n’ont pas déjà accès à l’eau potable. Si le réchauffement montait à 1 degré Celsius, 8% de la population mondiale devra subir les conséquences du stress hydrique. Elle serait de 18 % si le réchauffement passe à 3 degrés’’, fait savoir le président du Conseil économique social et environnemental français, Jean-Paul Delevoye, citant le cinquième rapport du Groupe International d’Expertise sur le Climat (GIEC) publié en 2014. Les conséquences sur l’agriculture sont également préoccupantes puisque d’ici 2050, avec le réchauffement climatique ‘‘8% de répercussions négatives sont à prévoir sur les récoltes de différentes cultures céréalières et vivrières de l’Afrique australe et de l’Asie du Sud’’, poursuit-il. L’émission de gaz à effet de serre constitue le cauchemar pour les défenseurs de l’environnement. Le réchauffement climatique qui en résulte n’en demeure pas moins inquiétant. ‘‘Nous ne sommes pas sûrs de maîtriser la montée de la température à 2°, alors qu’adviendra-t-il si elle atteignait 3 ou 4°? L’Afrique subsaharienne et l’Asie du Sud sont les zones les plus exposées aux conséquences d’une telle configuration avec une malnutrition due à la diminution de la production alimentaire et au recul des disponibilités foncières.

Thermomètre climatique

C’est dans cette optique que les représentants des Conseils économiques et sociaux des pays d’Afrique et francophones étaient en conférence conjointe hier à Dakar autour des enjeux de la COP 21 de novembre prochain à Paris. Pour M. Delevoye, les changements climatiques interpellent un changement de comportement dans les modes de production énergétique et de consommation. ‘‘Comment le monde économique  peut ne pas freiner sa croissance et sa recherche de bénéfices ?’’ s’étonne-t-il. Selon lui, cette violence capitalistique non maîtrisée va causer la dislocation des économies avec un lot de conséquences insoupçonnées.

Malgré la reconnaissance scientifique de cette problématique, le président du CESE français pense que le volontarisme politique fait encore défaut pour l’adoption de résolutions fermes alors que l’impact des décisions sur les générations futures est crucial. ‘‘Nous sentons qu’il n’y a pas assez de mobilisations de parlementaires qui sont tenaillés par des questions de l’économie du chômage, du terrorisme etc., mais l’événementiel ne doit pas cacher l’essentiel. Le thermomètre climatique est le thermomètre de la fièvre du monde’’, déclare-t-il, ajoutant qu’une résolution non contraignante est inutile. Même si le rôle des politiques est d’instaurer un cadre légal contraignant, Delevoye estime ‘‘qu’en réalité, ce sont les citoyens, qui par leur comportement, vont changer la donne’’.

Responsabilité commune mais différenciée

Cette problématique implique des enjeux importants car touchant plusieurs domaines essentiels du développement. La rencontre autour du thème ‘‘les défis du changement climatique, les réponses et financements pour accompagner l’atténuation et l’adaptation des économies : les enjeux de la Cop 21’’, a fait se poser la question au Premier ministre sénégalais ‘‘quel système adopter pour amoindrir les dérèglements que nous créons nous-mêmes’’ ? Proposant une palette d’incitations fiscales incitatives où chaque pays devra trouver sa voie avec un cadre réglementaire favorable, il estime toutefois que ‘‘les pays du sud ont une capacité financière limitée pour aller vers des choix d’amoindrir les effets des dérèglements‘’.

Aussi s’est-il fait l’avocat de financements innovants et d’une responsabilité commune mais différenciée. ‘‘Les pays du Sud veulent que le leadership de la réduction (Ndlr : des gaz à effet de serre) soit pris par les pays développés en partie responsables de la crise écologique’’, a déclaré Mahammad Dionne, ajoutant que les politiques d’atténuation et d’adaptation aux changements climatiques seront supportés en dehors du budget national.

 Ousmane Laye Diop

 

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