Publié le 5 Oct 2016 - 22:23
RECOMMANDATIONS DES ASSISES DE L’EDUCATION

La mise en œuvre à la traîne

 

La Coalition des organisations en synergie pour la défense de l’école publique (Cosydep) s’est penchée sur la mise en œuvre des recommandations des assises deux ans après. Il ressort de l’étude que celles-ci sont très peu appliquées par le gouvernement. Principal obstacle soulevé : l’absence du comité de suivi. 

 

Les Assises de l’Education et de la formation ont eu lieu il y a de cela deux ans. Après les concertations, il y a eu un conseil présidentiel qui a décliné les 347 recommandations en 11 directives du chef de l’Etat. Le Premier ministre avait laissé entendre à l’époque que les conclusions de cette large concertation seraient mises en œuvre. ‘’Il n’y a pas à douter de l’effectivité des recommandations et des réformes proposées’’, promettait-il. Plusieurs mois après, la Cosydep s’est intéressée à la mise en œuvre des directives. Une initiative que le coordonnateur, Cheikh Mbow, justifie par la mission de veille et d’alerte de l’organisation. Le rapport rédigé par un groupe de 8 experts et présenté hier a montré que les recommandations sont très peu respectées par le gouvernement.

D’après le présentateur, seuls 20% des acteurs estiment qu’il y a un début d’application des mesures. ‘’La majeure partie des directives sont jugées être en début d’application ou alors pas du tout appliquées’’, soutiennent les rédacteurs. Pour certains points, c’est l’insatisfaction totale, car presque rien n’est fait. C’est le cas notamment des directives présidentielles numéro 9 et 11. La première est relative à l’amélioration de la qualité des enseignements/apprentissages. Le second concerne l’amélioration de la gouvernance, du financement et du dialogue social.  

Le principal point d’obstacle relevé par les acteurs reste la mise en place du comité multisectoriel de suivi de la mise en œuvre des recommandations. Cette entité qui était annoncée dans les meilleurs délais après les concertations n’a jamais vu le jour. Un fait vigoureusement dénoncé par les intervenants. Car beaucoup d’entre eux estiment que le ministère de l’Éducation a fait primer le Paquet sur les conclusions des assises. Ce qui a pour conséquence de lui permettre de faire une sélection des directives. ‘’Il y a une utilisation à la carte des recommandations. Or, c’est un tout. On a besoin d’une refondation’’, déplore le secrétaire général du Sudes, Amadou Diaouné.

L’absence du ministère dénoncée

Si l’on en croit les experts, les directives présidentielles sont trop dans le général. Elles n’ont pas été déclinées en actions et budgétisées. Il n’y a pas non plus de planification. Ce qui permettrait de savoir dans quel délai sera exécuté tel point. Ainsi, tout serait mesurable. Et pour ça, estiment-ils, il faut le comité de suivi et non la Direction de la planification et de la réforme de l’éducation (Dpre).  De ce fait, les acteurs sont unanimes sur la nécessité de mettre la pression sur le gouvernement pour l’effectivité de ce comité multi-acteurs. Certains intervenants ont même suggéré à la Cosydep d’être le porte-étendard et de mobiliser les différents groupes autour de cette question.

Le président du conseil d’administration, Moussa Mbaye, a regretté l’absence de la tutelle. ‘’Je suis désolé de l’absence des autorités du ministère de l’Education. Ce que nous faisons n’est dirigé contre personne. C’est une contribution’’, a-t-il lancé.

Quant au Pr Abdou Salam Sall, il a invité les acteurs à aller au-delà du gouvernement. Certes, il se dit conscient que c’est l’Etat qui doit appliquer les recommandations, mais il estime que la communauté a un rôle à jouer, indépendamment de l’action de l’Etat. ‘’Partout où l’éducation s’est développée, c’est la collectivité qui s’est impliquée. Nous faisons beaucoup d’efforts pour nos propres enfants. Mais que faisons-nous pour les enfants des autres ? Assez souvent, on regarde les autres en oubliant de se demander ce qu’on peut faire’’, regrette-t-il. 

BABACAR WILLANE

 

Section: