Publié le 10 Oct 2013 - 14:37
RECOMPOSITION POLITIQUE

Le Pds est-il fréquentable ?

 

 

La marche de l’opposition avant-hier mardi a cristallisé beaucoup d'attentions. Si les libéraux savourent une «victoire éclatante», il faut constater que le défi de la mobilisation est loin d’avoir été atteint. Ce qui explique en partie les accusations de «sabotage» proférées contre le gouvernement.

Mais au-delà de la mobilisation, le Pds avait un autre front à gérer, celui des prémisses de «retrouvailles de la grande famille libérale». Cela n'a pas marché. Car, aucun des anciens responsables du Pds comme Idrissa Seck, Pape Diop et Abdoulaye Baldé (voir par ailleurs), n’a daigné faire le déplacement. Ils ont préféré «mandater» les jeunes de leur parti. Comment expliquer ces absences ?

Pathé Mbengue, responsable des jeunes de Bokk Gis Gis, justifie l’absence de Pape Diop par des problèmes d’agenda. «Il voulait vraiment prendre part à la marche, mais il a eu un empêchement de dernière minute», explique-t-il, sans autre précision. «Malgré tout, nous jeunes du parti, avons tenu à répondre présent et massivement». Pour le cas du leader de l’Union  des centristes du Sénégal (Ucs), un de ses lieutenants avance des  raisons de santé. «Abdoulaye Baldé est souffrant depuis trois jours. On avait pensé qu’il allait mieux, mais il n’était pas possible qu'il se déplaçât», dit Pape Diogou, le responsables des jeunes. A ses yeux, le plus important, c’est moins la présence physique des leaders que l'acte de «dénoncer les dérives de Macky Sall». «Si d’autres partis ont des agendas cachés, ce n’est pas notre cas», ajoute-t-il .

Au Rewmi, c’est plutôt la politique de l’autruche. Aucun des deux responsables contactés par EnQuête, en l’occurrence Déthié Fall (cellule des cadres) et Thierno Bocoum (chargé de communication) n’a souhaité se prononcer sur la question. Par contre, d’autres responsables, sous le couvert de l’anonymat, avancent que Rewmi et le Pds étaient dans de «bonnes dispositions». C'est la récente sortie de Serigne Mbacké Ndiaye qui a changé la donne, disent-ils. L'ancien porte-parole de Me Wade avait en effet déclaré que le «seul combat qui vaille, c’est la libération de Karim Wade.» Or, «les militants (de Rewmi) n’ont pas digéré ces propos, confient nos interlocuteurs. C’est comme si Serigne Mbacké Ndiaye exerçait un chantage sur Idrissa Seck. Or, ce dernier ne marchera jamais pour la libération de Karim Wade. Ce qui l’intéresse, ce sont les préoccupations des populations».

 

«Idrissa Seck suscite la crainte au Pds»

Le chargé de la propagande du Pds, lui, ne partage pas une telle perception. Pour Farba Senghor : «Karim Wade est au cœur de nos préoccupations», même s’il dit comprendre  l’absence de ses anciens «frères» libéraux. «Nous sommes au début des pourparlers. Il y a des déchirures (internes au Pds), voire des dislocations après la défaite (d’Abdoulaye Wade). Donc, il n’est pas facile de réconcilier la famille libérale en si peu de temps, reconnaît l’ancien ministre des Transports aériens.

Cependant, il est d'avis qu'«un pas a été franchi» dès lors que le contact avec les autres ex-libéraux a été noué, ce qui permet des projections sur l'avenir, en dépit du «cas problématique» représenté par le président de Rewmi. «Idrissa Seck suscite la crainte au niveau de certains responsables du parti, avoue Farba Senghor. Il y a une hésitation des deux côtés (Pds et Rewmi)». Qu’à cela ne tienne, le chargé de la propagande du Pds tend la main à tous ses anciens «frères» à s’unir ou périr. «Nous n’avons pas un cadre formel comme Benno Bokk Yaakaar. Il faut qu’on définisse les règles d’une alliance en perspective des élections locales» de 2014, préconise Farba Senghor.

Cet appel semble trouver un écho favorable à Bokk gis gis. Mais Pathé Mbengue dresse des conditions comme celle-ci : «Le Pds doit soutenir la candidature de Pape Diop pour la mairie de Dakar (car) il n'y a aucune figure libérale en mesure de s’opposer à Khalifa Sall.»

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