Publié le 22 Dec 2014 - 14:48
RECONSTITUTION DU MEURTRE DE MOUMA NDIAYE BA A WAKHINANE NIMZAT

Pape Abdou Cissé raconte son crime

 

La police a procédé hier à la reconstitution des faits, concernant le meurtre de Mouma Ndiaye Ba. Il a été tué durant la nuit du mercredi au jeudi dernier, à marché Bou Bess à Guédiawaye

 

Cette reconstitution a mobilisé plus d’une dizaine de limiers dirigés par le commissaire Adramé Sarr, le chef de la sûreté urbaine du commissariat de Guédiawaye et l’adjudant Diaw. Ils sont arrivés sur les lieux vers les coups de 16h 15mn. En cette journée d’affluence, le lieu du crime a refusé du monde dès l’arrivée des policiers qui ont rapidement mis en place un périmètre de sécurité.

Cela fait, la star du jour, le présumé meurtrier, Pape Abdou Cissé, menottes aux mains, a été ensuite sorti de l’un des bolides. Habillé d’un pantalon jean bleu, assorti d’un pull de couleur verte, avec des sandales blanches et une grosse bague à l’un des doigts, l’accusé présentait la mine des mauvais jours. De teint noir, de taille moyenne, il avait les yeux rougis, sûrement par le manque de sommeil. Une fois le périmètre sécurisé, le commissaire Sarr a ordonné que les menottes lui soient retirées pour qu’il puisse revenir sur les faits.

Il a expliqué que c’est la victime qui l’a empoigné en premier. Au cours de la bagarre, il lui a asséné un coup de genou sur la poitrine. Son ami est tombé par terre. Ensuite, a raconté le sieur Cissé qui s’expliquait à voix basse, son ami a sorti un couteau dans l’une de ses poches. Il lui a donné un autre coup. Ils se sont disputés le couteau qui  est tombé. Plus prompt que son ami, il a réussi à s’en saisir en premier.  La victime qui était plus fort que lui, dit-il, l’a soulevé. Il lui a planté deux coups de couteau au dos. Mouma Ndiaye Ba s’est effondré. Alors qu’il tentait de se relever, il lui a donné un dernier coup dans la région du cœur. Malgré les 3 coups de couteau reçus, Mouma Ndiaye Ba a réussi à tituber jusqu’à leur lieu de rassemblement, à ‘’kër gu bon’’ (mauvaise maison), où il a rendu l’âme.

Les limiers ont aussi visité la maison familiale de Pape Abdou Cissé, située à quelques jets. Ils y ont été reçus par un concert de pleurs des femmes de la maison. Ils y ont rencontré Mamadou Cissé, le père de Pape Abdou Cissé, un ancien policier à la retraite qui a été très en verve (voir ailleurs). La reconstitution des faits a duré moins d’une heure.

MAMADOU CISSE, PERE DU PRESUME MEURTRIER

‘’C’est moi qui ai averti la police…’’

‘’Quand mon fils a commencé à dévier du droit chemin, je l’ai donné à son oncle qui se trouve à Thiès. Par la suite, il a arrêté ses études, est allé à Mbour, avant de revenir à Dakar. A cause de son comportement, je l’ai chassé de ma maison. Mes autres fils sont dans divers domaines du secteur informel, à l’école ou à l’université. C’est moi qui ai averti la police quand il a commis son forfait, car j’aime la justice et j’ai prêté serment. 

Je leur ai (les limiers) communiqué tous les coins et recoins de la ville où mon fils pouvait se terrer. J’étais à la DIC (Division des investigations criminelles). J’ai fait plusieurs services policiers et je maîtrise pas mal de zones. C’est un sentiment de désolation qui m’anime. Il ne me fait pas honneur, en tant que brigadier chef de la police à la retraite. On nous enseignait à la police que notre mission consistait à éduquer et à enseigner. Avec le sort de mon fils, je ne mérite même plus de sortir dans la rue.

Les deux étaient très intimes. La preuve, ils ont passé ensemble le magal à Touba. Ils étaient inséparables. Ils ont passé toute la journée du jeudi ensemble, mais c’est quand mon fils lui a demandé son butin que la bagarre a démarré. L’argent est l’origine de leur brouille, d’après les informations que j’ai reçues. Mon fils a une femme et il avait un enfant qui est mort. Je regrette le fait qu’il ait été alpagué. Mais il faut penser à l’autre famille qui a perdu et à jamais l’affection qu’elle avait en son fils qui n’est plus de ce monde. Il y a certes eu mort d’homme, mais pas question de haine entre les deux familles.’’

CH. THIAM

 

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