Publié le 3 Sep 2014 - 04:31
RECOURS DE LA COALITION BENNO DEFAR NDIAMBOUR

« Un chef de quartier installé, Louga attend encore son maire »

 

La page des élections locales du 29 juin dernier n’est pas encore complètement tournée dans la commune de Louga. La coalition Benno défar Ndiambour (BDN), dont Aminata Mbengue Ndiaye était la tête de liste majoritaire, garde encore un brin d’espoir de voir la tendance renversée par le dernier recours introduit au niveau de la Cour suprême. Un recours consistant à faire constater quelques « anomalies » et « irrégularités », et « annuler certains bureaux de vote au niveau de cinq centres de vote. » Ce qui donne la formule servie par Pape Massar Ndoye : « l’adjoint au Préfet a installé un chef de quartier et non un maire. Louga attend (donc) encore son maire. » C’était au cours d’un point de presse tenu hier dans la capitale du Ndiambour.

Une autre patate chaude pour le juge Tayfour Diop

Après avoir été déboutée dans un premier temps par la Cour d’appel de Saint-Louis, BDN croit en une ultime possibilité de revenir aux commandes à la mairie de Louga. Circonscrivant son action dans le seul cadre du code électoral, cette coalition n’a que des mots durs à l’endroit du Président de la Cour, coupable entre autres d’user de « subterfuges » en disant n’avoir pas les prérogatives de juger un acte administratif. « Tayfour Diop ne s’est prononcé que sur la forme », souligne Mamadou Thiam du Pit, coordonnateur de BDN.

« Nous avons la preuve que la loi a été violée. C’est pourquoi nous sommes persuadés que la Cour suprême va aller dans notre sens. » Puis cette rafale sur le magistrat en charge du dossier. « Tayfour Diop porte souvent entorse au droit (mais) après annulation des bureaux de vote visés, nous gagnerons largement, de huit cents voix environ », a ajouté Kader Fall, du mouvement And Suqali Louga, secrétaire de la coalition.

L’acte administratif en cause est constitutif de l’arrêté pris par le Préfet de Louga Oumar Diallo pour la prolongation de la durée du vote. Il lui est reproché d’avoir violé le code électoral en ne prenant pas les arrêtés le jour même du scrutin, mais la veille ou l’avant-veille. Il avait ainsi mis à la disposition de certains présidents de bureaux de vote, chargés de les remplir en cas de besoin, des « autorisations antidatées », explique Mamadou Thiam. « L’arrêté préfectoral est irrégulier. La veille de l’élection, rien ne présageait de la durée du vote. »

Un autre vice « décelé » est relatif au fait que lesdits arrêtés n’ont été affichés nulle part devant les bureaux de vote concernés. Ce qui a fait l’objet d’un constat par huissier. « Comment l’arrêté a été pris et utilisé ? C’est là qu’il y a vice de procédure. Si quelques bureaux de vote sont annulés, la tendance est inversée », a affirmé Khady Diallo, du Réseau des femmes leaders.

KSL, épicentre du problème

C’est le quartier Keur Serigne Louga, le plus grand et le plus populeux de la capitale du Ndiambour, qui cristallise tout le contentieux. C’est aussi le quartier où réside la famille de Moustapha Diop, le maire élu et déjà installé. Selon la coalition Benno Defar Ndiambour, seuls des centres du quartier dont l’école Manar Al Houda ont fait l’objet de ces prolongations. « En plus, la masse d’électeurs ayant voté ici dépasse le prorata au niveau communal », a encore relevé Kader Fall.

Une thèse que conforte Pape Massar Ndoye, secrétaire général adjoint de la coordination communale du Parti socialiste : « Les ¾ des votants après 18 heures ne viennent pas de Louga. Et les complices, il faut les chercher dans l’administration. » La coalition dirigée par la ministre de l’Elevage, Aminata Mbengue Ndiaye, souligne avoir constaté que la prolongation de la durée du vote a eu pour conséquences d’avoir favorisé « les achats de conscience».

L’audience de la Cour suprême pour vider ce contentieux a été fixée au lundi 15 septembre 2014. 

Moustapha SECK (Correspondance particulière) 

 

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