Publié le 18 Jan 2018 - 23:52
RECRUDESCENCE DE CAS DE VOLS A MAIN ARME

Kolda face à la montée du grand banditisme

 

En l’espace d’une semaine, la commune de Kolda a enregistré quatre cas de vols à main armée. Une station Shell, le marché Sikilo Zone lycée et les postes de santé du quartier Gadapara et de la commune de Dabo ont été visités, à chaque fois, par une bande d’individus armés. Diverses marchandises et d’importantes sommes d’argent ont été emportées par les malfrats.

 

Dans la commune de Kolda et environs, il est fortement déconseillé aux uns et aux autres d’avoir par-devers eux de fortes sommes d’argent, lors de leur déplacement. Des moyens modernes tels que les transferts d’argent existent pour sécuriser les transactions financières. Aussi, il est inutile de s’exposer ou d’exposer les autres. Pourquoi ? Parce qu’en ces temps qui courent, le vol à main armée fait recette. Une ou des bandes armées très bien organisées écument les environs. Ces malfrats ne manquent pas d’ingéniosité.

Sur les routes, à la nuit tombée, ces brigands guettent les honnêtes citoyens afin de les déposséder de tous leurs biens. Des vols armés qui peuvent tourner parfois au drame, avec des pertes en vies humaines, face à des bandits souvent armés jusqu’aux dents et qui ne reculent devant rien pour commettre leur sale besogne. D’ailleurs, les cas se multiplient et les bandits profitent, à l’évidence, de la fraicheur pour agir efficacement.

Dans la nuit du 11 au 12 janvier 2018, aux environs de 3 h du matin, le poste de santé de Dabo a été attaqué par une bande d'individus encagoulés. Armés de fusils, de machettes et de gourdins, les malfaiteurs ont tabassé le gardien, défoncé les portes et emporté 2 téléphones portables, un ordinateur et près de 268 000 F Cfa.

Dans la nuit du 4 au 5 janvier 2018, un autre cas alarmant a eu lieu à l’entrée de la ville, sur l’axe Kolda - Tambacounda. Une bande de six individus armés a pris d’assaut la station Shell, aux environs de minuit. La boutique Select, le bureau du gestionnaire et les vestiaires des employés ont été vandalisés. Les assaillants, encagoulés, étaient armés de fusils, de machettes, de gourdins, de piques, entre autres arsenaux. Ils ont emporté 60 mille francs se trouvant dans le tiroir de la boutique, puis 15 mille francs enfermés dans le coffre-fort roulant. Dans le bureau du gestionnaire, ils ont trouvé le pompiste en train de faire sa prière. Ils l’ont tabassé avant de le dépouiller de 140 000 F Cfa, correspondant au produit de la vente. Le gardien a aussi été passé à tabac. Ensuite, pour s’assurer une retraite sans encombre, ils ont tiré trois coups de sommation, avant de disparaitre dans la nature.

Mais, après enquête, le pompiste et le gardien de la station cambriolée ont été arrêtés, puis envoyés en prison. Ils sont soupçonnés d’être les auteurs du cambriolage. Des arrestations qui passent mal, du côté de la population. Des personnes trouvées sur les lieux du vol expliquent que le vol a été commis par des individus venant de l’extérieur et non par les employés. ‘’Il y a des caméras de surveillance à la station. Pourquoi donc les enquêteurs n’ont pas pris les vidéos qui pouvaient les aider à trouver les vrais voleurs, au lieu de conduire des innocents en prison ? Nous pensons que les enquêteurs ont mis la charrue avant les bœufs. Ce qui n’est pas normal’’, fulmine-t-on.

Janvier, un mois de série de vols à main armée

Dans la nuit du 3 au 4 janvier 2018, deux boutiques situées au marché Sikilo Zone lycée ont été visitées, à l’aube, par des bandits. Les victimes, Alphouseyni Sonko et Aliou Baldé, n’avaient que leurs yeux pour constater les dégâts. Leurs biens ont été emportés par les brigands. ‘’Trois cartons de bouillon (jumbo) à raison de 24 mille francs le carton, un carton de adja de 23 mille francs, un carton de thé à 16 mille francs, un carton de gloria de 10 mille francs, plus de l’argent liquide d’un montant d’environ 100 mille francs Cfa ont été emportés par les voleurs’’, explique avec amertume Alphouseyni Sonko. Aliou Baldé renchérit que ‘’les bandits ont perforé le mur pour passer. Une fois à l’intérieur, ils ont emporté divers articles, notamment du savon, du sucre, des détergents, entre autres produits stockés dans la boutique’’.

Sur les lieux du crime, les voleurs ont abandonné un trousseau de clés et un gros bâton. ‘’D’habitude, je dors dans la boutique. Mais, cette nuit-là, comme pris par un mauvais pressentiment, j’ai passé la nuit à la maison’’, ajoute avec soulagement Aliou Baldé.

Deux jours plus tôt, dans la nuit du 1er au 2 janvier, six individus encagoulés ont attaqué le poste de santé du quartier Gadapara, vers les coups de 3 h du matin. Ndao Gnamadio, gardien dudit poste, a été ligoté par des bandits, puis jeté dans un trou situé derrière le poste. ‘’Lorsque j’ai entendu du bruit, je suis sorti dehors. A ma grande surprise, j’ai aperçu deux hommes devant la porte ouverte. Je les ai hélés. Sur ces entrefaites, j’ai reçu un coup d’un autre assaillant qui a surgi derrière moi. Je ne pouvais rien faire, surtout avec mon âge. J’ai été obligé de respecter à la lettre tout ce qu’ils m’ont dit. Ils m’ont demandé de leur donner l’argent du poste de santé. Je leur ai rétorqué qu’il n’y a aucun franc dans les locaux du poste. Ils m’ont menacé, pensant que je mentais, avant de me jeter dans ce trou que vous voyez-là, après avoir pris mes 8 000 francs que j’avais sur moi’’, confie Ndao Gnamadio.            

Le gardien, âgé de 76 ans, divorcé et père d’une dizaine d’enfants, garde les lieux pour un salaire misérable de 10 mille francs Cfa par mois. Une solde qui ne peut même pas prendre en charge la nourriture et les soins médicaux de ses enfants. Il travaille nuit et jour.

Même si les forces de sécurité tentent d’endiguer le mal dans la ville de Kolda et ses environs, les bandits continuent de les défier. D’ailleurs, ils ont montré qu’ils ont plus d’un tour dans leur sac. ‘’Nous devons redoubler de vigilance pour ne pas être les victimes désignées de mauvais garçons sans foi, ni loi. Soyons donc nous-mêmes les acteurs qui aident à garantir effectivement notre sécurité et en évitant les comportements à risque’’, préconise Moussa Baldé, enseignant de profession. Interrogés, la plupart des boutiquiers et autres commerçants soutiennent qu’au vu ‘’de la série de vols à main armée perpétrés dans la ville de Kolda et environs, les forces de sécurité peinent à assurer leur sécurité’’.

Des accusations balayées d’un revers de main par certains hommes en tenue rencontrés.

La mise au point des forces de sécurité

A en croire ces hommes de loi interrogés, les forces de sécurité ne peuvent pas venir à bout de l’insécurité qui prend des proportions inquiétudes. Selon eux, des bandits mis hors d’état de nuire l’ont été sur la base de renseignements sûrs. ‘’D’où la nécessité, pour les populations, de s’engager résolument dans la lutte contre la délinquance, pas en jouant au malin suicidaire, en s’attaquant eux-mêmes aux bandits, mais en fournissant des informations utiles aux professionnels de la sécurité’’, dit-on. ‘’Les renseignements fournis permettent, en effet, aux forces de sécurité d’intervenir en temps réel ou d’ouvrir une enquête qui peut aboutir à l’arrestation de malfrats’’, poursuit-on.

Les hommes de loi sont d’avis que ‘’les populations refusent de coopérer avec les forces de sécurité. Elles refusent de dénoncer, et quand elles sont victimes, elles jettent l’anathème sur les hommes en tenue. Ce n’est pas normal. Les populations doivent redoubler de vigilance, afin de ne pas être les victimes de bandits à l’imagination débordante d’astuces. Mais surtout de coopérer avec les forces de sécurité afin de démasquer et de mettre hors d’état de nuire ces bandits’’.

EMMANUEL BOUBA YANGA (KOLDA)

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