Publié le 30 Sep 2014 - 13:37
RECRUDESCENCE DES MALADIES CARDIOVASCULAIRES

La consommation de bouillons au banc des accusés 

 

Les acteurs de la lutte contre les maladies cardiovasculaires ont dénoncé hier, à l’occasion de la journée mondiale du cœur, la consommation trop grasse et trop salée, et conseillent une alimentation plus saine.

 

Trop gras et trop sel. Cette alimentation constitue un des facteurs des maladies cardiovasculaires qui sont les premières causes de décès au Sénégal, avec un taux de prévalence de 7,5 pour 1000. Surtout avec la présence de bouillons dans les repas. C’est pourquoi les médecins ont conseillé une alimentation saine hier lors de la journée mondiale du cœur.

Selon le Chef de la division de lutte contre les maladies non transmissibles, le Professeur Marie Ka Cissé, il y a trop de sel dans nos cuisines. ’’C’est ce qu’on appelle le sel de rajout. Nous mangeons trop de sel. Nous avons laissé l’industrie agroalimentaire pervertir notre goût. Il faut arrêter d’acheter les bouillons. Il nous faut donner à nos enfants de bonnes habitudes alimentaires’’, conseille-t-elle. Face à cette pratique qui constitue une menace pour la santé publique, elle a recommandé une alimentation saine, équilibrée.  

‘’Une huile se mesure avec une cuillère à soupe. Nous sommes la seule population à ouvrir une bouteille et verser de l’huile dans nos marmites. Et tant qu’on continue à manger trop mal, il y aura toujours des malades cardiaques, des diabétiques et des AVC. Et quel que soit le montant de  l’argent qu’on a, si on laisse les choses se faire spontanément, aucun pays africain n’aura les moyens de soigner toutes ces personnes qui auront des maladies chroniques. Il faut changer de mode de vie’’, prévient Prof Marie Ka Cissé.

Même son de cloche chez le Professeur Serigne Amadou Bâ président de l’association sénégalaise des cardiologues. Lui et ses camarades ont longtemps dénoncé la mauvaise alimentation. Mais, ‘’malheureusement nous avons en face l’agro-industrie qui fait en sorte qu’on est envahi par ces publicités qui sont trop souvent des publicités mensongères. Il va falloir veiller à ce que la législation puisse protéger davantage les consommateurs sénégalais. Mais au-delà de la publicité, il y a un engagement personnel au niveau individuel. Toute personne qui fait la cuisine doit pouvoir avoir le choix de dire : je ne mets pas de bouillons ou de sel ou je ne cuisine pas trop gras’’, a soutenu Prof Bâ.

Absence de statistiques fiables

Par ailleurs, il a souligné que le Sénégal vit avec le poids de ces maladies cardiovasculaires. ’’On est en train de vivre deux phénomènes : nous avons le rhumatisme articulaire aigu, c'est-à-dire des cardiopathies qui sont liées à des angines non ou mal traités, qui ont disparu des pays développés et qui sont encore dans nos lits d’hospitalisation, qu’il faut prendre en charge et qu’il faut opérer. Nous avons un autre phénomène qu’on appelle les crises cardiaques.

Ce sont des gens qui tombent dans les rues et qui meurent subitement parce que simplement une artère s’est bouchée au niveau du cœur’’, a-t-il expliqué. Pour le Professeur, il n’ya pas de statistiques fiables au Sénégal sur le nombre de décès et de malades au Sénégal. Mais dit-il, les professionnels de ces maladies du cœur sont en train de peaufiner l’enquête steppe de l’OMS qui va leur donner un point exact des principaux facteurs de risques cardiovasculaires. Parmi ceux-ci, il y a l'obésité, les mauvaises habitudes alimentaires, la consommation de tabac et le manque d'exercice physique qui constituent aussi les principales causes d’Accidents vasculaires cérébraux (AVC). 

VIVIANE DIATTA

 
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