Publié le 17 Jun 2015 - 19:13
REDUCTION DES RESSOURCES FINANCIERES DANS LA LUTTE CONTRE LE VIH/SIDA

Le CNLS fortement impacté

 

Le Fonds mondial a réduit les fonds injectés dans la lutte contre le VIH au Sénégal qui est obligé de réduire ou de supprimer des programmes. Le Conseil national de Lutte contre le sida lui, risque de diminuer son personnel.

 

La baisse des ressources du Fonds mondial dans la lutte contre le VIH/Sida n’est pas sans conséquence. Depuis fin 2013, l’organisme a mis en place un nouveau modèle de financement qui consiste à orienter les ressources financières vers les pays à plus forte charge de morbidité et à revenus faibles. Alors que le Sénégal, concernant la lutte contre cette pandémie, n’a pas une  forte charge de morbidité et est classé parmi les pays à revenus intermédiaires. Ainsi, les fonds prévus pour le Sénégal ont diminué.

A partir du moment où 80% des ressources pour le sida viennent de l’extérieur, la Secrétaire exécutive du conseil national de Lutte contre le Sida (CNLS) Docteur Safiétou Thiam renseigne qu’il a fallu se réajuster. ‘’Au plan programmatique, nous avons révisé le plan stratégique. Quand je suis arrivée, j’ai trouvé un plan stratégique qui ne s’adapte plus au plan international. Il a fallu définir un nouveau plan. C’est ce qu’on a fait, avec le plan 2014-2017, pour orienter le peu d’argent que nous avons là où il y a les problèmes. Nous avons défini des cibles et des zones prioritaires (sud et sud-est du pays). Nous allons choisir des interventions à haut impact. Il a fallu laisser tomber certaines activités’’, a-t-elle expliqué hier, à l’occasion de la signature d’une subvention entre le Fonds mondial et le Sénégal, d’un montant de 132 millions d’euros (85,8 milliards F cfa). Ce financement est destiné à la lutte contre le VIH, la tuberculose et le paludisme.

’Aberrant de payer la moitié de cet argent à des agents pour des salaires’’

Ainsi la décision est prise d’alléger les structures de coordination. Car selon  Docteur Safiétou Thiam, ‘’il est aberrant de payer la moitié de l’argent reçu du Fonds mondial et de l’Etat à des agents pour des salaires’’. Elle est d’avis que cet argent doit aller vers les bénéficiaires, notamment, les populations que l’on doit protéger, les PVVIH qu’on doit traiter, les enfants qu’on doit protéger du Sida et les jeunes à éduquer pour qu’ils n’aient pas le sida. ‘’La première structure qu’on doit alléger, c’est le CNLS et c’est ce qui a amené toutes ces réformes’’, a-t-elle dit.

Des rumeurs disent que des travailleurs du CNLS ont été licenciés. Docteur Thiam a tenu à apporter des éclaircissements : ‘’Au CNLS, tous les agents ont des contrats de projet. Chaque agent, en signant son contrat, sait que son projet finit à telle date. On a envoyé des lettres à tout le monde leur signifiant que le contrat qu’ils ont signé pour tel projet est terminé. Nous allons commencer un autre projet avec une autre façon de faire les choses. Mais on n’a renvoyé personne’’. Elle souligne qu’ils sont à la recherche de solutions, car, ‘’on ne peut pas gérer un projet de 47 millions d’euros (30, 5 milliards Fcfa) avec un personnel et gérer un projet de 14 millions d’euros (soit 9 milliards Fcfa) avec le même personnel. Ce n’est pas possible. Même les rapports vont changer’’, a précisé Dr Thiam.

A propos de la suppression des kits alimentaires des PVVIH, Docteur Thiam a soutenu que l’Onu Sida a défini, pour la lutte contre le sida à l’échelle mondiale, ¼ d’investissement, en indiquant les canaux à suivre. ‘’Mais ce cadre d’investissement dit qu’il faut aussi faire des programmes transversaux, investir dans les systèmes et ne pas investir de façon verticale. Le programme sida, c’est un programme de lutte contre une maladie, mais il y en a d’autres. Nous devons trouver des synergies pour que les problèmes des PVVIH soient résolus et libérer de l’argent pour acheter des kits alimentaires’’. Un avis partagé par la présidente du conseil d’administration de l’Alliance nationale contre le Sida (ANCS) Rokhya Nguer. Selon elle, il y a d’autres partenaires qu’il faut mobiliser pour l’alimentation des PVVIH. ‘’Nous avons comme autre défi le maintien des acquis dans cet environnement où il y a les financements qui s’amenuisent. Dans cette réduction, il faut rester dans la qualité et avoir des résultats, donc, ce n’est pas du tout évident. Nous allons mettre l’accent sur les priorités’’, dit-elle.

VIVIANE DIATTA

 

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