Publié le 12 Sep 2018 - 00:56
REDUCTION DES RISQUES CHEZ LES CDI

La société civile s’engage à mener le combat

 

Les consommateurs de drogues injectables doivent accéder aux soins, sans discrimination ni répression. C’est ce que recherchent les cinq pays du projet Pareco qui se sont réunis hier à Dakar pour prendre des engagements.

 

L’Alliance nationale des communautés pour la santé (Ancs) a organisé hier une consultation régionale sur la réduction des risques chez les consommateurs de drogues injectables (Cdi). Il s’agit pour les cinq pays (Burkina Faso, Guinée Bissau, Cap-Vert, Côte-D’Ivoire, Sénégal, Guinée) du projet Pareco, d’élaborer une déclaration d’engagement davantage articulée autour de la facilitation d’un environnement favorable au développement d’interventions en faveur des consommateurs de drogue. 

Selon la directrice exécutive de l’Ancs, si les pays veulent atteindre les ‘’90x90x90‘’ et procéder à l’élimination du VIH en 2030 tel que défini dans l’agenda mondial, il faut absolument accorder aux Cdi une place centrale dans les interventions. ‘’Cela signifie qu’il faut aider les pays à disposer de données factuelles sur ces derniers à travers la recherche opérationnelle, les cartographies, l’estimation de la taille de cette cible dans chaque pays et les enquêtes bio comportementales. C’est questionner l’environnement social et juridique afin d’apporter les réponses idoines aux dysfonctionnements qui alimentent la stigmatisation et la discrimination des Cdi dans les communautés et accentuent les barrières à l’accès aux soins et aux traitements’’, a-t-elle soutenu.

A son avis, cette rencontre de haut niveau est une opportunité unique de ‘’dire NON’’ aux lois criminalistes qui ‘’ne marchent pas’’, de s’engager et d’engager les pays en faveur de la RdR. ‘’En adhérant à la déclaration d’engagement, en se l’appropriant, en portant son plaidoyer, nous nous engageons tous à l’unisson, à donner corps à notre vision commune d’une Afrique où la dimension humaine prime sur la répression. Où la prévention, la thérapie et la RdR elle-même sont les piliers égaux d’une approche plus équilibrée pour appréhender la problématique de la drogue dans toute sa plénitude’’, a souligné Mme Mbodj.

Selon la directrice exécutive de l’Ancs, en portant l’engagement, les signataires rappellent assez opportunément aux gouvernements qu’ils ont ratifié les Conventions de 61, 71 et 88 sur les drogues. Lesquelles constituent des ouvertures pour la réduction des risques. ‘’La signature de la déclaration d’engagement va nous permettre de changer la posture actuelle dans nos Etats, où les pesanteurs socioculturelles accentuent le maintien du statu quo, et d’initier un processus ambitieux et irréversible vers l’application effective de la RdR dans toutes ses dimensions dans nos pays’’, a-t-elle dit. A son avis, il faut des mesures répressives contre la drogue, mais il faut également, une dimension humaine et purement sanitaire pour aider ceux qui consomment à ‘’ne plus être victimes’’ du VIH, de l’hépatite C et de la tuberculose. Le problème au Sénégal, selon elle, se situe à deux niveaux. Il s’agit d’abord de la stigmatisation.

‘’Il faudrait également travailler sur l’environnement juridique, qu’on pousse nos pays à faire voter rapidement des lois qui acceptent l’intégration de la Rdr dans les dispositifs législatifs. Cela permettra de gérer la question aussi bien sur le plan juridique que socioculturel. L’autre aspect est que nous avons une situation qui est difficile dans les régions. Autant, on a beaucoup d’avancées dans la capitale, autant dans l’intérieur du pays, la situation est difficile, et pourtant la drogue est partout’’, s’est-elle inquiétée.  C’est pourquoi, dit-elle, ils se battent pour que les services disponibles à Dakar puissent être décentralisés et que ceux qui sont dans les régions puissent accéder à ces traitements. Ce, d’autant que le taux de prévalence est trop élevé chez ces consommateurs de drogues, 9% contre 0,7% pour la population mondiale.

La représentante du Fonds mondial, Vanessa Rousselle, est convaincue que seule une volonté politique forte permet de prendre en charge le VIH sida chez les personnes consommatrices de drogues injectables. Faute de quoi, la mise en œuvre effective des programmes de lutte contre le sida et la tuberculose posera problème. C’est dans ce contexte qu’il a octroyé un financement pour ce projet. ‘’Sur la période d’allocation 2016-2020, on note un montant total d’investissement de près de 100 millions de dollars  pour la mise en œuvre de programmes de prévention auprès des personnes utilisant des drogues injectables et leurs partenaires. 6% de ce total est mis en œuvre sur le continent africain, ce qui est peu, mais en augmentation en comparaison avec les années précédentes’’, a-t-elle expliqué.

VIVIANE DIATTA

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