Publié le 27 Dec 2014 - 22:40
REFORME DE L’ORGANISATION ET DU FONCTIONNEMENT

Le gouvernement maître des universités

 

La nouvelle loi portant sur les universités publiques et visant à harmoniser leur organisation et leur fonctionnement a été votée hier à l’Assemblée nationale. Le gouvernement aura désormais les pleins pouvoirs en ce qui concerne les décisions stratégiques.

 

Les universités du Sénégal seront désormais mieux contrôlées par le gouvernement. Les députés ont adopté hier la loi numéro 18/2014 relative à ces institutions d’enseignement supérieur. Son objectif est de corriger l’erreur constatée depuis plusieurs années et qui consistait à laisser chaque université être dirigée par un système qui lui est propre. Selon le rapport de la commission de l’éducation de l’Assemblée nationale, cette présente loi permettra de se doter d’un cadre législatif et réglementaire unifié, afin de mettre un terme ‘’aux disparités et aux incohérences dans la gouvernance institutionnelle et académique du système universitaire’’.

Cette mission se décline en deux points : l’harmonisation de l’organisation et du fonctionnement des universités ainsi que la promotion d’un partenariat dynamique avec le monde de l’entreprise. De ce fait, les recteurs voient leurs prérogatives considérablement rognées. Eux qui étaient les présidents des assemblées des universités avaient un pouvoir à la fois exécutif et délibératif. Désormais, le recteur ne conservera que celui exécutif. Car, la gouvernance de l’université sera assurée par deux entités. Le conseil d’administration et le conseil académique. Le conseil administratif sera dirigé par un membre de la société civile. Et elle aura son mot à dire quant à l’orientation de l’université vers les besoins de la société. Quant au conseil académique, comme son nom l’indique, il sera l’affaire des académiques entre eux et sera dirigé par le recteur.

L’objectif de l’Etat de mieux contrôler les universités s’est d’ailleurs manifesté à travers le mode de désignation du recteur. En effet, en commission, souligne le rapport, les parlementaires ont exprimé leurs préoccupations quant à la nomination du recteur par le président de la République. Le ministre de l’Enseignement supérieur leur a demandé de ne pas trop s’y aventurer, ‘’au regard des expériences africaines en la matière et qui n’ont pas semblé être concluantes’’.

Samba Diouldé Thiam a abondé dans ce sens en soutenant qu’à chaque fois qu’on a élu des gens, le corporatisme s’est imposé. Interpellé sur cette question, à la fin de la séance, le ministre a indiqué que l’Etat ne peut pas donner l’argent qui finance le fonctionnement des universités et laisser le recteur être désigné par d’autres. Cette option de la désignation par ses pairs, il ne l’envisage que dans le cas de figure où les budgets de ces institutions connaîtront un équilibre dans le financement, c'est-à-dire qu’elles parviennent à s’autofinancer jusqu’à 50% au moins. A ce moment-là, il sera possible d’envisager un nouveau mode de désignation. 

Babacar WILLANE

 
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