Publié le 11 Dec 2017 - 13:38
REGULARISATION DES ELEVES-MAITRES, COMPLAINTES DES SYNDICATS, ABRIS PROVISOIRES…

Les gros chantiers de l’Education

 

Le ministre de l’Education nationale a fait face, ce samedi, aux députés pour le vote du budget de son département. Une occasion pour les parlementaires de soulever certains maux qui gangrènent le secteur éducatif qui sont, entre autres, les problèmes syndicaux, les abris provisoires, la régularisation des élèves-maitres…

 

L’Assemblée nationale a accueilli, ce samedi, le ministre de l’Education, dans le cadre du marathon budgétaire. Une occasion pour les députés de la 13e législature de soulever les maux qui gangrènent le secteur éducatif national. C’est en ce sens que l’ancienne présidente du groupe parlementaire de l’opposition a interpellé le ministre socialiste sur la problématique des élèves-maitres. Aïda Mbodj s’est, en effet, préoccupée de la signature d’intégration dans la Fonction publique des 9 883 enseignants, afin qu’ils puissent être régularisés. Elle a été rejointe sur la question par Adji Diarra Mbergane qui a demandé les perspectives prévues pour leur recrutement. Sur la même lancée, Sadio Diakhaté a déploré un retard dans la signature du décret d’intégration de ces enseignants.

Mais, prenant la parole, Serigne Mbaye Thiam a rassuré les parlementaires sur le sujet. En effet, il a fait savoir que le décret a été adopté, en octobre dernier, en Conseil des ministres. Il prévoit même de mettre le document à la disposition des députés qui le souhaitent. C’est ce qui fait dire au ministre de l’Education que ‘’cette question est derrière nous’’.

Outre ce sujet, les parlementaires sont revenus sur les nombreux contentieux qui opposent les syndicats d’enseignants au gouvernement. Ils ont, d’emblée, recommandé au ministre de s’engager que sur ce qui est possible de faire dans le règlement des plateformes revendicatives des centrales syndicales. Ainsi, le député libéral, Marie Sow Ndiaye, a plaidé pour un ‘’maximum de consensus afin de stabiliser le secteur de l’éducation nationale’’. Le député du Rewmi, Déthié Fall, a pour sa part appelé à plus de considération à l’endroit des enseignants. ‘’Il faut, dit-il, respecter les engagements pris pour payer les indemnités, avant le 30 novembre’’. Pour Cheikh Abdou Khadre Mbacké, il est impératif de revoir à la hausse les indemnités de logement allouées aux enseignants. Mieux, il invite ses collègues parlementaires à renoncer à leurs indemnités au profit des enseignants. A ce sujet, Serigne Mbaye Thiam a reconnu que la stabilité du système éducatif est importante.

Les solutions des parlementaires

Puis, abordant la question des points d’accord, le ministre a renseigné que 28 des 33 points ont été mis en œuvre, tandis que 3 sont en cours de traitement. Le socialiste a listé, entre autres, la baisse de la fiscalité, le relèvement du niveau de recrutement des enseignants et les allocations familiales.

Concernant le paiement des indemnités, M. Thiam a fait savoir qu’en ‘’2015 et 2016, toutes les indemnités ont été payées à la date du 30 novembre, et en 2017, 90 % ont été payés à cette date et 10 % sont en instance de paiement’’. Serigne Mbaye Thiam de préciser : ‘’Il ne faut pas confondre l’indemnité de logement liée à une fonction que l’on perd dès qu’on quitte la fonction et l’indemnité de corps liée à un corps. Ce n’est pas comparable.’’

Les parlementaires ont également déploré le déficit d’enseignants et le nombre pléthorique d’abris provisoires dans les établissements scolaires.  Des écueils qui, selon le député Sidy Traoré, ternissent le travail abattu dans ce secteur. Il relève, à ce propos, le déficit de 93 enseignants à Koumpentoum et les multiples abris provisoires dus, d’après ses propos, aux lenteurs des travaux des entrepreneurs. Les propositions des parlementaires n’ont, cependant, pas manqué pour solutionner ces problèmes. Abdoulaye Makhtar Diop pense qu’il faut négocier avec le ministre des Infrastructures pour y remédier, tandis que Déthié Fall suggère la suppression du Hcct, une ‘’institution budgétivore’’, pour régler le problème des abris. Là où Mamadou Diop Decroix pense qu’il faut révolutionner le système et ramener les professeurs à la retraite dans les filières scientifiques. Sa collègue Amy Ndiaye estime, elle, que les maires doivent davantage s’impliquer pour construire des salles de classe et mettre fin aux abris provisoires.

Le ministre a répondu sur le déficit d’enseignants et confié qu’il est dû, en partie, au décalage dans la formation des enseignants car, poursuit-il, il faut attendre la fin des examens pour procéder aux affectations. Pour le reste, Serigne Mbaye Thiam considère qu’il y a des problèmes non résolus dans le secteur et que ‘’tout ne peut pas se faire sur une année’’. ‘’Les gouvernements se succèdent et chacun apporte sa pierre à l’édifice, car, après nous, d’autres viendront continuer’’, a-t-il expliqué.

Affaire Yavuz Sélim

Les parlementaires n’ont pas omis l’affaire Yavuz Sélim dans les débats. En commission, ils ont dénoncé l’insuffisance de communication ministérielle dans cette affaire. Pis, pour certains, le Sénégal a subi l’ingérence d’un pays tiers dans les orientations de son système éducatif. C’est ce qui fait dire au député Toussaint Manga que ‘’nous avons l’impression que notre pays manque de souveraineté’’. Sur la même question, Déthié Fall s’est insurgé contre les consignes reçues de la Turquie pour fermer des écoles au Sénégal. Le député Abdou Mbow a, pour sa part, voulu clore ce débat qui, dit-il, est derrière nous. Il a ainsi invité ses collègues à se prononcer sur des sujets qu’ils maitrisent. A l’en croire, le Sénégal gère des rapports entre Etats.

Même si le ministre ne s’est pas prononcé sur le sujet en plénière, il s’est, par contre, exprimé sur la question en commission. Pour Serigne Mbaye Thiam, il n’y a pas eu de retard dans l’information des parents. ‘’Trois jours après l’arrêté de fermeture du groupe scolaire, l’association des parents d’élèves était informée des mesures prises par le ministère pour sauvegarder l’année scolaire passée’’, a-t-il dit.

Le budget du ministre de l’Education nationale est arrêté, cette année, à la somme de 413 042 396 140 F Cfa contre 402 790 138 000 F Cfa pour l’année précédente. 

HABIBATOU TRAORE

 

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