Publié le 1 Aug 2018 - 13:49
REINSERTION DES MINEURS

La Desps égrène son chapelet de doléances

 

La Direction de l’éducation surveillée et de la protection sociale (Desps) a célébré, hier, les lauréats pensionnaires des centres de sauvegarde, polyvalents, d’adaptation sociale, de premier accueil et services de l’Action éducative et de la protection sociale en milieu ouvert (Aemo). Profitant de cette occasion, elle a plaidé pour la modernisation de ses structures ainsi que celle de ses outils de formation.

 

Ils sont 263 enfants primés par la Direction de l’éducation surveillée et de la protection sociale (Desps). La cérémonie de distribution des prix aux élèves ‘’qui se sont distingués par leur performance et leur comportement’’ dans le courant de l’année scolaire 2017-2018, s’est tenue, hier, au Théâtre national Daniel Sorano. Ceci, sous la présidence du Garde des Sceaux, ministre de la Justice Ismaïla Madior Fall. Le thème de cette 5e édition est la ‘’Réinsertion des mineurs’’. La Desps s’occupe essentiellement, à travers ses 44 services, des enfants en conflit avec la loi ou bien en danger. Ils sont récupérés et introduits dans le circuit de l’éducation surveillée afin qu’ils suivent une formation générale.

D’emblée, la directrice de la Desps a soutenu que, dans le cadre de l’éducation surveillée, il faudrait reconnaître que le profil des enfants concernés est assez intéressant ; partant ainsi du principe que tous les enfants qui sont dans des situations de difficulté sont des victimes de la société. ‘’Dès l’instant qu’on accepte que l’enfant est victime, il faudrait une meilleure compréhension de ce qu’il faudrait entendre par enfant en conflit avec la loi’’, a proposé Abibatou Youm Siby. Selon elle, du fait de la spécificité de la cible, parce qu’il s’agit d’un enfant, on ne peut pas lui appliquer la même procédure qu’on applique à un majeur. C’est pour cela, a-t-elle insisté, qu’il existe la justice juvénile qui encadre le déroulement de toutes les affaires dans lesquelles il est impliqué.

Sur ce, la directrice a déclaré que la mission est noble. Toutefois, les moyens ne sont pas à la mesure de l’ampleur des besoins. Avant de souligner que, de plus en plus, la Desps va être sollicitée, parce que la demande est très forte. ‘’Les enfants qui ont besoin d’avoir l’accompagnement de l’État pour pouvoir se réinsérer dans la société, leur nombre ne cesse d’augmenter. Aucun enfant ne doit être laissé pour compte. Il faut s’appuyer sur les infrastructures et le renforcement des moyens de prise en charge’’, a-t-elle fait savoir.

Ismaïla Madior Fall liste les 4 formes de réinsertion des mineurs

A ces préoccupations d’Abibatou Youm Siby, notamment la nécessité de la modernisation des outils avec lesquels on forme les enfants pour leur réinsertion, Ismaïla Madior Fall a fourni des assurances. ‘’Nous avons compris que l’enseignement surveillé a été plus ou moins le parent pauvre du ministère de la Justice. Aujourd’hui, il est recentré et fait partie des trois programmes prioritaires de la Lettre de politique sectorielle de la justice. Dans le programme fondamental de la justice, l’éducation surveillée vient en 3e position. Nous allons travailler pour l’introduction de l’outil informatique dans ce domaine’’, a-t-il déclaré. D’après le ministre, l’intérêt de la réinsertion des mômes a comme objectif principal de montrer que l’éducation surveillée fait qu’on ‘’peut ne pas réussir dans l’école classique, mais on peut réussir ailleurs dans une autre école’’.

‘’Cela veut dire que la République n’abandonne pas ses enfants. Ils sont dans les centres polyvalents, les centres de sauvegarde, les Aemo, etc. Ces structures leur permettent d’acquérir des connaissances, d’acquérir du savoir qui leur permettront de s’insérer dans la vie’’, a-t-il affirmé. Dès lors, dit le Pr. Fall, la réinsertion peut se présenter sous une forme familiale et sociale, avec l’approche psycho-éducative basée sur la médiation familiale, scolaire pour lutter contre le décrochage précoce et les niveaux résiduels bas, professionnelle pour accéder à une   formation, qualifiante, voire diplômante et post-formative ou économique pour permettre aux jeunes d’accéder à la productivité et à l’autonomie financière. C’est dire, pour lui, que la réinsertion est l’objectif ultime de toute activité de prise en charge, le couronnement de tout processus de rééducation et de réadaptation entrepris sur un mineur.

Par ailleurs, le ministre de la Justice a laissé entendre que la distribution des prix ‘’participe du culte de l’effort et de l’excellence, base de notre système éducatif, symbole de la démocratie sociale et gage de l’égalité des chances. Toutes choses qui ont permis à notre pays de se doter d’un ascenseur social certes élitiste, mais, il faut le reconnaître avec force, non discriminant’’.

AWA FAYE

 

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