Publié le 30 Aug 2018 - 00:39
REJET DE SON INSCRIPTION SUR LES LISTES ELECTORALES

Karim Wade ‘’disqualifie’’ Badio Camara

 

Le candidat du Parti démocratique sénégalais à la Présidentielle de 2019 n’en démord pas. Par un communiqué, Karim Wade estime que le Premier président de la Cour suprême, Badio Camara, est disqualifié dans le traitement de son dossier relatif à son exclusion des listes électorales.

 

Karim Wade ne baisse pas les armes. Cette fois, c’est le Premier président de la Cour suprême Badio Camara qui est sa cible. A l’en croire, celui-ci est ‘’disqualifié’’ dans le traitement du dossier relatif au rejet de son inscription sur les listes électorales. Alors que l’audience est fixée ce 30 août, la composition du tribunal déterminée, le candidat déclaré du Parti démocratique sénégalais à la Présidentielle de 2019 se radicalise et tire à boulets rouges sur le patron de la haute juridiction. Selon ses dires, ce dernier est une des sources de tous ses maux.

‘’À la veille de cette audience, peste-t-il, je tiens à bien faire comprendre que M. Badio Camara est au cœur du dispositif mis en place par Macky Sall pour instrumentaliser la justice contre ses opposants politiques. Il est l’un des principaux exécutants du complot politico-judiciaire dont je suis victime depuis 6 ans. En sa qualité de Premier Président de la Cour suprême, il porte une responsabilité personnelle, directe et écrasante dans les violations de mes droits fondamentaux, constatées par la Cour de Justice de la CEDEAO, le Groupe de Travail des Nations unies sur la détention arbitraire, ainsi que toutes les juridictions internationales qui se sont prononcées sur ma situation.’’ L’ancien ministre d’Etat d’Abdoulaye Wade considère que Monsieur Camara fait partie ‘’d’un petit clan de magistrats aux ordres qui ont transformé la justice en annexe du pouvoir exécutif’’.

Toujours dans ses diatribes, le candidat du Parti démocratique sénégalais à la prochaine Présidentielle informe que Badio Camara a récemment ‘’participé à plusieurs réunions nocturnes au Palais de la République, tenues par Macky Sall en présence d’un membre du Conseil constitutionnel, du ministre de la Justice et du ministre de l’Intérieur pour mettre à exécution le rejet arbitraire de (son) inscription sur les listes électorales, et aussi organisé le rejet des recours qu’il pourrait introduire dont celui sur lequel la Cour suprême statuera, le 30 août’’. Il l’accuse également d’avoir mis sur une voie de garage tous les magistrats neutres, impartiaux et indépendants de la Cour suprême, notamment ceux qui avaient rendu des décisions qui (lui) étaient favorables à la Chambre criminelle et à la Chambre administrative. ‘’Par ses manœuvres frauduleuses, indignes, M. Badio CAMARA m’a privé du bénéfice des traités internationaux de protection des droits de l’Homme et des droits fondamentaux, pourtant garantis par la Constitution de notre pays’’, rouspète le libéral.

‘’La complicité de M. Badio Camara avec Macky Sall est manifeste’’

Si l’on se fie à ses déclarations, le patron de la Cour suprême a aussi piloté dans l’ombre, pour le compte de son mentor Macky Sall, tout le procès de la CREI. A ce propos, il pense que le juge a notamment planifié et organisé ‘’le rabat scandaleux de l’arrêt historique de la Chambre criminelle de la Cour suprême qui consacrait son droit d’introduire des recours ou de faire appel contre les décisions de la Cour de répression de l’enrichissement Illicite (CREI) ; organisé le rejet systématique des douze recours qu’il avait présentés devant la Cour suprême ; organisé le rejet de son pourvoi en cassation contre l’arrêt du 23 mars 2015 de la CREI, sans avoir répondu aux arguments de ses avocats, refusé d’appliquer l’arrêt de la Cour de Justice de la CEDEAO… ‘’Incontestablement, continue Karim Wade, le Président de la Cour Suprême a fait la preuve qu'il n'est ni impartial, ni indépendant. Il n’est pas qualifié pour organiser le procès juste et équitable qui serait exigé dans tout État de droit.’’

Pour toutes ces raisons, Karim Wade dit ne point avoir confiance au haut magistrat. Il estime que le sens de l’honneur, de la dignité et de la loyauté s’imposant à un magistrat aurait dû le pousser à se disqualifier lui-même, sans attendre qu’il le fasse à sa place. ‘’La complicité de M. Badio Camara avec Macky Sall est manifeste, alors que la Cour suprême a simplement à statuer sur une question de compétence qui devrait normalement entraîner le renvoi devant un autre président de tribunal d’instance du Sénégal’’, affirme-t-il.

Tout en vouant aux gémonies le Premier président de la Cour suprême, Karim ne crache pas pour autant sur le corps judiciaire qui, selon lui, compte des magistrats ‘’indépendants et honnêtes, professionnels et compétents, ayant la ferme volonté de rendre des décisions impartiales et justes, acceptées par tous et contribuant au respect de l’État de droit et de la démocratie’’. Hélas ! argue-t-il, ‘’tous ces magistrats incorruptibles sont volontairement écartés par Macky Sall au profit d’autres manipulables. Le moment est venu pour ces magistrats soumis aux ordres de Macky Sall d’être remplacés pour que notre pays retrouve une justice digne de ce nom’’, fulmine l’ancien ministre, non sans appeler les organisations des droits de l’Homme et les ONG de lutte contre la corruption à alerter l’opinion publique et ‘’demander une enquête internationale indépendante sur l’origine de la fortune démesurée de cette poignée de juges aux ordres qui est sans commune mesure avec celle de la majorité de leurs collègues magistrats’’.

‘’Cette Cour suprême actuelle est devenue une annexe du palais présidentiel’’

Toujours dans ses diatribes, l’ancien ministre d’Etat estime qu’il n’acceptera pas qu’un seul de ses droits soit violé et piétiné par le régime. ‘’Je mènerai vigoureusement, inlassablement, un combat politique pour recouvrer tous mes droits de citoyen sénégalais, pour que la justice et l’État de droit redeviennent la fierté de tous les Sénégalais et qu’il soit mis fin au règne de l’injustice. Il n’y a rien à attendre de cette Cour suprême actuelle présidée par M. Badio Camara qui est devenue une annexe du palais présidentiel, et qui, en aucune manière, ne décidera de mon sort’’, fulmine-t-il.

Le candidat du PDS avait fait un pourvoi en cassation contre l’ordonnance du 23 juillet 2018 de Mme Aïssatou Diallo BA, Présidente du Tribunal d’Instance Hors Classe de Dakar. Ledit tribunal s’était déclaré, sans fondement, estime le demandeur, incompétent pour examiner le rejet de son inscription sur les listes électorales par les services du ministre de l’Intérieur. La Chambre administrative de la haute juridiction va statuer sur cette affaire demain.

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