Publié le 15 Sep 2012 - 20:50
REJET DU PROJET DE SUPPRESSION DU SENAT, DU CES, VICE PRESIDENT

Macky subit un échec

 

 

 

C'est par 44 voix contre 25 et 2 abstentions que les sénateurs ont rejeté le projet de suppression du...Sénat. Mais le Palais de la République n'en est pas moins découragé, espérant renverser la tendance au Congrès ou lors d'un...référendum.

 

«Je suis heureuse d’avoir gagné une bataille de justice, de dignité et d’honneur». La sénatrice Marie Joe Var exulte après le rejet du projet de loi portant suppression du Sénat, du poste de vice-président, du Conseil économique et social qui deviendrait le Conseil économique, social et environnemental. En session plénière hier, 44 sénateurs ont voté «contre» ledit projet, 25 «pour», dont le président de l’institution Pape Diop, et 2 abstentions.

 

Cette issue était néanmoins prévisible au regard des interventions souvent très virulentes au cours des débats. Durant plus de 4 heures, partisans et adversaires du projet présidentiel se sont livrés à de rudes empoignades verbales et d'ego. Charles Mendy s’est dit favorable à la suppression du Sénat si tant que la «demande sociale» invoquée par le gouvernement est vraie. Il a interpellé le patriotisme de ses collègues. Réplique de Kansoumbaly Ndiaye, premier vice-président : «Personne n’est plus patriotique que nous. Mais le gouvernement aurait dû d’abord discuter avec nous avant de prendre cette décision». Le sénateur Meïssa Sall est lui d’autant plus remonté contre cette décision du président Macky Sall qu’elle a été prise «sous la pression du M23 et du mouvement Y en a marre». D’après Amadou Barry, le Sénat figure bel et bien dans le programme de campagne «Yoonu Yokuté» du Président de la République. D’ailleurs, la sénatrice Marie Joe Var donne «rendez-vous» à ses collègues en 2014 pour se rendre compte que «la suppression du Sénat était une grosse supercherie».

 

Pour sa part, la sénatrice Khadidiatou Sall a axé son intervention contre le président du Sénat qu’elle accuse de s’être payé leur tête. «Pape nous a trahis, dit-elle, furax. Après avoir été nommé président de l’Assemblée nationale, puis du Sénat par Abdoulaye Wade, il se dit favorable aujourd’hui à la suppression du Sénat.» Pour cette militante libérale, Pape Diop «vise à sauver sa tête après s’être enrichi». De quoi chauffer l’hémicycle. Mais l'ancien maire de Dakar est resté zen.

 

Sénateur sortant, Loin de ces attaques crypto-personnelles, Bachir Kounta, réaliste, estime qu’il ne sert à rien de se braquer et invite ses collègues à admettre «l’oraison funèbre» de l'institution. «Les sénateurs ont rempli leur mission. Si le Sénat rejette le projet, il sera adopté par le Congrès. Et si le Congrès le rejette aussi, il sera soumis au référendum et le peuple l’adoptera», dit-il, résigné.

 

Saleh, «sergent recruteur» malheureux

Pourtant, les autorités étatiques auront tout tenté pour faire passer le projet de loi. Arrivé à l’Assemblée nationale de bonne heure, Mahmouth Saleh, ministre-conseiller auprès du président de la République, a manœuvré avant le démarrage de la session. Dans son boubou thioup de couleur bleue, cet ancien trotskiste a travaillé au corps des sénateurs dont Maïmouna Niang. Mais la responsable du PDS à Goudomp s'est montrée intransigeante.

 

Le projet de loi dans sa globalité sera ainsi rejeté. Les partisans du «Non» se congratulent, les autres font profil bas. Des minutes plus tard, Moustapha Cissé Lô, deuxième vice-président de l’Assemblée nationale, débarque. Il échange avec le sénateur Bachir Kounta à l’entrée de l’hémicycle qui lui rend compte sans doute de leur échec. Mais Cissé Lô ne s’avoue pas vaincu et mijote un plan B. «Je savais que le projet de loi allait être rejeté, il faut aller les voir tous (sénateurs)», préconise-t-il. Puis il se dirige à l’intérieur. Il se rejoint peu après par Mahmout Saleh, qui revient certainement du Palais.

 

D.GBAYA

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