Publié le 15 Oct 2014 - 10:41
RELANCE DE LA FILIERE ARTISANAT/BOIS

Les professionnels à l’épreuve de la qualité et de la compétition

 

Touché de plein fouet par la globalisation, le sous-secteur du bois s’est retiré en conclave à Thiès pour relever les défis de la qualité, avec l’aide de la coopération belge. Ce, pour être en mesure de prendre part à l’exécution du projet de mobilier national annoncé par le chef de l’Etat.

 

Les professionnels du bois veulent tailler du bon bois avec la décision du président de la République d’octroyer «40%» du marché d’acquisition de mobiliers de l’administration aux artisans  nationaux, soit une enveloppe de 12 milliards de F Cfa.

Pour saisir l’offre au rebond, l’Organisation nationale des professionnels du bois (ONP/Bois) a pris part à un atelier de dix-huit jours,  en collaboration avec le ministère de la Formation professionnelle, de l’Apprentissage et de l’Artisanat et une Ong belge, Ex-Change, pour «préparer» les menuisiers et ébénistes du Sénégal à l’exécution du projet.

Dans ce cadre, la coopération belge a détaché auprès de l’Onp/Bois un expert de «renommée mondiale», Willy Peeters, pour former et renforcer les capacités d’une trentaine de maitres artisans venus de 12 régions du Sénégal. Le domaine ciblé est celui du design, grâce à l’apprentissage de nouvelles techniques de travail du bois. Selon Masseck Diop, président de l’Onp/Bois, depuis l’annonce de la relance du secteur de l’artisanat au conseil des ministres délocalisé de Tambacounda, le 25 avril 2013, «notre organisation n’a ménagé aucun effort pour mériter cet engagement du gouvernement en faveur du consommer local.»

«Sous-secteur sinistré»

C’est que «depuis 20 ans, la menuiserie bois est en crise au Sénégal à cause principalement de la dévaluation du franc Cfa en 1994. Ce qui a entrainé une cascade de fermeture d’ateliers à cause du prix du bois passé du simple au double», explique Masseck Diop. La situation a été aggravée, selon lui, par «l’arrivée massive sur le marché de l’ameublement de produits neufs importés à bas  prix.» D’après des chiffres avancés par le directeur général des Douanes, les importations de meubles s’étaient élevées en 2009 à 10,2 milliards de francs Cfa, compte non tenu des coûts du transport et frais d’assurances. Autant de facteurs qui justifient donc que «90%» de la menuiserie sénégalaise ont disparu «faute de commande publique», soutient M. Diop. 

D’autre part, «selon une étude de la menuiserie bois publiée en 2011, le  marché du sous-secteur est caractérisé par la prépondérance des circuits spécialisés qui ont commercialisé 80% des meubles domestiques en 2009, au moment où les spécialistes de l’ameublement accaparent 100% de la commande publique évaluée à 18 milliards de francs Cfa par an», renseigne le patron de l’Onp/Bois. «Aujourd’hui, nous refusons de laisser notre gagne-pain disparaitre. Cet atelier en est une illustration.»

Talent et technicité

A la suite, l’ambassadeur de Belgique à Dakar, Johan Verkammen, a affirmé que le Sénégal ne peut se permettre de laisser mourir ce sous-secteur de l’artisanat. Mais, «il faut que l’artisan sénégalais arrive à se distinguer de ses concurrents en insistant sur la solidité des produits locaux, sur la qualité des finitions et l’originalité par rapport aux produits importés», a-t-il suggéré. «Ils doivent arriver à des produits qui ont un meilleur rapport qualité-prix face aux produits préfabriqués.» Ce qui exige du talent et de la maitrise technique en phase avec le marché, a-t-il ajouté. «Cette maitrise et cette technique, on peut les acquérir par l’expérience mais aussi par la formation.»

Quant au directeur de l’Office national pour la formation professionnelle (ONFP), Sanoussi Diakité, la production locale ne doit souffrir d’aucun complexe vis-à-vis des meubles importés. 

NDEYE FATOU NIANG (THIES) 

 
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