Publié le 24 Apr 2017 - 19:17
RENCONTRE ENTRE LE PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE ET LES LEADERS DE BBY

Macky Sall arme ses alliés

 

Le président de la République a profité de la réunion qu’il a eue samedi dernier avec les leaders de Benno bokk yaakaar pour tirer à boulets rouges sur l’opposition sénégalaise. Mais aussi pour armer ses alliés qu’il a d’ailleurs appelés à resserrer les rangs et à se mobiliser de manière permanente sur le terrain, en vue de gagner les Législatives du 30 juillet. Macky Sall a également prévenu ses camarades qu’il ne tolérera aucune liste dissidente.

 

Le président de la République a rencontré, samedi dernier, ses alliés de Benno bokk yaakaar (BBY), dans le cadre d’une réunion préparatoire des élections législatives du 30 juillet 2017. Cette rencontre, qui s’est tenue dans un hôtel de la place à Dakar, a réuni tous les leaders des partis et organisations membres de la mouvance présidentielle. En dehors des alliés traditionnels du président de la République, il y avait, entre autres, la star du Mbalax Youssou Ndour, par ailleurs président du mouvement Fekke ma ci boole et Me Doudou Ndoye qui avait claqué la porte de la mouvance présidentielle, avant de tourner casaque. Le leader du Parti socialiste, Ousmane Tanor Dieng, a manqué à l’appel du chef de l’Etat, même si son parti a été fortement représenté par le porte-parole des Verts, Abdoulaye Wilane, accompagné de Mame Bounama Sall, Secrétaire général des jeunesses socialistes. Parmi les absents, il y a eu également Mamadou Ndoye, Secrétaire général démissionnaire de la Ligue démocratique (Ld), représentée par Nicolas Ndiaye, Sg intérimaire. Hormis ces derniers, tous les leaders de BBY ont battu le rappel des troupes.

Ainsi, le Président Sall, tel un chef de guerre, a trôné sur le présidium installé dans la salle, entouré par le Pr Magatte Thiam, ex-Sg du Parti de l’indépendance et du travail (PIT), le leader du Rsd/Tds Robert Sagna, le président de l’Assemblée nationale, Moustapha Niasse, ainsi que le Premier ministre, Mahammed Boun Abdallah Dionne.

Bilan des cinq ans du régime

C’est aux environs de 16 heures passées de quelques minutes que la réunion a débutée avec un discours inaugural du chef de l’Etat. Dans son allocution, Macky Sall a, dans un premier temps, procédé à un examen du contexte politique national qui nécessite, selon lui, de resserrer les rangs de la mouvance présidentielle. ‘’L’examen du contexte politique national devrait nous permettre une mise à niveau au sein de la conférence des leaders de BBY, de renforcer notre solidarité, de resserrer les rangs et de maintenir la flamme pour encore et toujours gagner les grandes batailles de notre pays, pour l’émergence économique et le renforcement de la démocratie’’, a déclaré le chef de l’Etat. Puis, annonçant ce qu’il attend de la rencontre, il a ajouté : ‘’à partir des échanges que nous aurons, nous devrons pouvoir rassurer et conforter l’image de BBY qui est la coalition la plus solide et celle qui a eu la plus grande longévité dans l’histoire politique de notre pays et qui a encore de grandes perspectives devant elle, notamment et entre autres, la matérialisation du PSE au service exclusif des intérêts des populations’’.

Le décor campé, le président de la République s’est appesanti sur son bilan. Il soutient que ‘’les réalisations du gouvernement, sur le plan économique, social, culturel et environnemental sont irréfutables. Ce que confirment d’ailleurs les populations elles-mêmes dans leur appréciation au quotidien et aussi les organismes internationaux qu’on ne saurait suspecter de favoritisme, comme le FMI, la BM, les agences de notation internationales telles que Moody’s, Standard Power, l’indice Mo Ibrahim et tant d’autres organismes qui ont eu à donner ce témoignage de satisfaction et s’accordent tous à dire que le Sénégal est dans une bonne dynamique de performance économique qui augure des lendemains meilleurs’’.

‘’Lutter ensemble, gagner ensemble et gouverner ensemble’’

En perspective des prochaines échéances électorales, le Président Sall a invité l’ensemble de ses alliés à relever un certain nombre de défis pour triompher des listes de l’opposition. Le premier est celui de l’unité de la coalition, aux yeux du Chef de l’Etat. Partant des enjeux du moment, il pense que ‘’l’approche des Législatives du 30 juillet 2017 doit placer, au cœur des préoccupations, l’unité de la coalition BBY liée par un même engagement, à savoir lutter ensemble, gagner ensemble et gouverner ensemble’’.

Le deuxième défi à relever, selon le chef de la coalition BBY, c’est celui de la discipline dans la coalition. Il interpelle au premier chef son parti sur la discipline qu’exige le moment. A cet égard, il avertit ses militants et alliés qu’il ne tolérera aucune dissidence. ‘’Nous ne tolérerons aucune liste parallèle issue de nos rangs. Autant pour les Locales, nous avions pris la décision de laisser les gens, s’ils n’étaient pas d’accord, de présenter leurs listes, parce que les enjeux étaient locaux. Autant nous ne permettrons à personne de présenter une liste dissidente’’, dit-il clairement. Non sans appeler les uns et les autres à ne pas confondre les enjeux d’une élection locale avec ceux d’élections législatives.

Le troisième défi est de mener sur le terrain une communication offensive et conquérante, en communiquant sur les ‘’nombreuses réalisations’’ du gouvernement dans tous les domaines, en ayant comme seul souci la clarification de toutes les questions devant l’opinion, d’éclairer sa lanterne sur l’orientation fondamentale que porte son action publique dans le cadre du PSE. ‘’Vous avez constaté que l’opposition évite le débat sur le bilan. Elle nous parle de dictature au Sénégal, de menace sur la démocratie et pourtant, on ne verra jamais un seul détenu d’opinion dans ce pays. Ça n’existe pas, depuis que nous sommes au pouvoir. Pas un seul journaliste n’a été arrêté et mis en prison pour un article de presse ou pour un délit d’opinion, et pourtant, on ne peut pas dire qu’il n’y a pas de violation sur les règles de déontologie. Mais c’est notre option’’, clarifie-t-il.

Outre ces défis susmentionnés, le Président Macky Sall appelle ses alliés à relever celui de la mobilisation et de l’occupation du terrain. ‘’Nous avons déjà réussi à structurer BBY. Notre stratégie électorale devra tenir compte de la confection d’une liste unique nationale, proportionnelle et d’une liste unique départementale, à travers les investitures sur les différents départements’’.

Indépendance de la justice

Dernièrement, le Président Macky Sall et le régime ont été chahutés sur la question du fonctionnement de la justice. Notamment par ses adversaires politiques à qui il a tenu à répondre : ‘’Les dossiers judiciaires brandis par l’opposition pour s’attaquer au président de la République et au gouvernement doivent être appréhendés sous un double angle : d’une part, le respect du principe sacro-saint de la séparation des pouvoirs entre l’Exécutif et le Judiciaire, et d’autre part, le devoir de réserve sur les dossiers en cours d’instruction’’. Soutenant ainsi que l’indépendance de la magistrature au Sénégal n’est pas une chimère, Macky Sall rappelle que ‘’très souvent, le gouvernement lui-même fait des recours devant la Cour suprême pour faire des appels contre des décisions en première instance’’. ‘’Parfois même, l’Etat perd en appel et est obligé d’aller jusqu’à la cassation. Donc, il est facile, lorsqu’on se situe dans une mauvaise passe, d’accuser le président de la République et le gouvernement de faire de l’ingérence dans le fonctionnement de la justice’’, a-t-il martelé. Soulignant ainsi que, ‘’depuis plus de 25 ans, toutes les réformes qui concernaient l’indépendance de la magistrature et l’amélioration des conditions de travail et de vie des magistrats n’ont pas connu d’évolution’’.

‘’C’est avec nous que l’ensemble des textes qui organisent le Conseil supérieur de la magistrature, le statut des magistrats, celui de la Cour suprême et de la loi organique sur cette juridiction sur la Cour des compte, ont été réformés en profondeur. En ce qui concerne la matière disciplinaire dans la magistrature, le leader de BBY de rappeler que ‘’même si le chef de l’Etat est président du Conseil supérieur de la magistrature et que le Garde des sceaux en assure la vice-présidence, ces deux autorités ne participent nullement aux processus internes et d’évaluation positive et de sanction d’un magistrat’’. ‘’Ça, c’est irréfutable. Donc, je voudrais dire aux leaders que nous devons avoir la conscience tranquille et surtout, nous n’avons rien à nous reprocher par rapport au fonctionnement de la justice’’, a-t-il lancé.

Mise en garde

En outre, le président de la République a invité ses alliés de BBY à revoir certains attitudes et comportements qui, selon lui, ‘’peuvent parfois installer la confusion dans l’esprit de nos compatriotes et parfois dans nos propres partis, en particulier le mien’’. Selon lui, ‘’ces attitudes pourraient se traduire par une perception négative de notre politique et peuvent développer en conséquence dans l’opinion un sentiment de rejet’’. ‘’Heureusement, ce n’est pas le cas, ce sont juste des alertes que je me dois de faire, surtout en cette veille d’investiture où l’excitation est à son paroxysme dans tous les états-majors, partis politiques et coalitions’’, a-t-il mis en garde.

Ce faisant, il a invité ses alliés à apprécier le contexte national à la lumière du statut nouveau dans lequel il est entré, ‘’avec la découverte d’importantes réserves d’hydrocarbures, de gaz et de pétrole, qui nous ont fait désormais un Etat gazier et pétrolier. Un tel statut induirait inévitablement des risques qui ne manqueront pas de susciter convoitises et appétit’’. C’est pourquoi, le Chef de l’Etat a appelé les leaders de BBY à rester plus vigilants et à veiller à la préservation des ressources naturelles du pays.

Dette du pays

Toujours dans la même veine de répondre aux accusations de l’opposition, il a abordé la question du niveau d’endettement de notre pays. ‘’On nous parle de la dette avec tant de fanfaronnades. Mais, lorsqu’elle est utilisée à bon escient et qu’elle sert à investir dans l’infrastructure de production et de développement, c’est une dette qu’il faut encourager. Aucun pays du monde ne peut se développer sans s’endetter’’, déclare-t-il. Avant de persifler : ‘’mais lorsqu’on met des milliards pour un festival de danse et de musique et qu’ils s’évaporent dès que les lampes sont éteintes, ça pose problème.’’. ‘Nous ne nous sommes pas endettés pour le train de vie de l’Etat. Nous nous sommes endettés pour donner de l’eau aux populations qui ont soif, partout dans le Sénégal, pour mettre des routes, des pistes et des autoroutes pour assurer une bonne fluidité de la circulation et donc éviter ces manques à gagner qui étaient chiffrés, rien que pour la région de Dakar, à près de 100 milliards de F CFA par an, du fait des embouteillages. Nous nous sommes endettés pour construire des universités, réduire définitivement, éliminer les abris provisoires et les remplacer par des classes en dur. 6 000 classes seront construites, d’ici 18 mois, pour éradiquer les abris provisoires sur l’ensemble du territoire national’’, a martelé Macky Sall, très en verve.

Le Chef de l’Etat de dire que ‘’le Sénégal, dans son endettement, respecte les critères de l’UEMOA. Notre pays n’a pas violé un seul principe sur ces critères de convergence. Notre économie, en vérité, se porte bien malgré le renchérissement du dollar, la montée du prix du baril du pétrole. Malgré tout cela, nous venons de procéder à une baisse du prix de l’électricité. Il y a cinq ans, nous avons tous assisté aux émeutes de l’électricité, le ‘’xuy kàmàc)_c’’, comme on dit. Je pense que même s’il y a un peu de ‘’xuy’’, il n’y a pas de ‘’kàmàc’’ tout le temps. Nous avons fait vraiment des progrès. Les fanfaronnades de l’opposition ne sauraient nous dévier de notre trajectoire, puisque c’est de véritables fanfaronnades’’, soutient-il.

Avant de lancer une petite pique au mouvement Y en a marre : ‘’on hiberne pendant quatre ans, à la veille des élections, on se réveille, on fait du tintamarre et on pense qu’on va soulever les montagnes. C’est par le travail méthodique, rationnel et l’occupation du terrain de façon permanente qu’on arrive à convaincre les Sénégalais, mais pas par la guerre médiatique et surtout le terrorisme verbal’’.

ASSANE MBAYE

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