Publié le 9 May 2012 - 11:38
REPORTAGE - CHEZ AIMÉE BOCANDÉ, GRANDE SŒUR DE JULES BOCANDÉ

''Grand, je reviens bientôt…''

Aimée Bocandé (premier plan à droite)

 

Dans une ambiance mélancolique, la maison de Aimée Bocandé, la sœur de Jules François Bocandé, sise à Liberté 6 extension, ne désemplit pas depuis lundi, jour du décès de son frère. Plongée dans l'émoi, la famille Bocandé est revenue sur les derniers moments de Jules...

 

Tristesse et mélancolie étaient présentes hier, dans la maison de la grande sœur de Jules Bocandé, Aimée Bocandé. Visages fermés, regards perdus, esprit lointain et le cœur serré, devant la porte de la demeure sous un arbre, les proches et amis de la famille déroulent le film des souvenirs partagés avec le défunt. À l'intérieur, où l'ambiance est plus douloureuse, une bougie est allumée sur une table au milieu du salon comme un flambeau pour Jules qui a tant illuminé les cœurs. Assise sur la véranda et entourée par une cohorte venue présenter ses condoléances ou apporter son soutien à la famille, Aimée Bocandé affiche une mine triste, une photo du défunt du temps de sa gloire à Metz suspendue derrière elle.

 

 

''Il (Bocandé) est là couché et on dirait qu'il dort''

 

Au milieu de cette foule, Aimée a le regard nostalgique rempli de souvenirs lointains comme récents. Habillée d'un boubou traditionnel vert, foulard bien noué sur la tête, la grande sœur de Jules ne peut contenir ses larmes. ''Jules (Bocandé) était très généreux. On s'est parlé mercredi dernier quand je partais à Ziguinchor par bateau, le jour où le navire avait des problèmes en mer, explique-t-elle. Il m'a taquiné en me disant : ''Ce sera le deuxième bateau ''Joola''. Dès que je suis arrivée à Ziguinchor, je l'ai rappelé aussitôt pour le rassurer'', raconte d'une voix triste, "Bébé", comme l'appelait son défunt frère, devant d'anciens internationaux comme Ndoffène Fall du Jaraaf, Joseph Koto, Séga Sakho et Léopold Diop. Pour elle, son frère était angoissé par ses jambes. ''Enfant, il disait : ''Frappez-moi en haut, partout mais pas sur mes béquilles (jambes)''. Ils ont touché là où ça faisait mal pour lui'', sanglote-t-elle. Rentrée de Ziguinchor ce lundi, Aimée raconte comment elle a appris la nouvelle. ''Jeudi dernier, j'ai appelé sa femme qui m'a dit, en quelques mots : ''Jules t'embrasse, il va bien''. Lundi, vers 16 heures, le portable de mon mari a sonné ; étant dehors, je lui ai apporté le téléphone. Après le coup de fil, il s'est pris la tête avant de me faire part de la mauvaise nouvelle''. Après avoir raccroché, un de leurs frères en France l'appelle pour la consoler en ces termes : ''Il (Bocandé) est là couché et on dirait qu'il dort''.

 

 

''Les artères étaient bouchées et le mal a atteint l'artère aorte''

 

Submergée par la tristesse, elle se retire dans sa chambre. Son mari, M. Fonseca prend la relève. L'homme à la voix grave et peinée révèle : ''On ne s'attendait pas à cette nouvelle car, Jules était bien portant avant d'aller en France et avait beaucoup de confiance qu'il allait rentrer en bonne santé''. En chemise traditionnelle, croix sur la poitrine, sa voix tremblante, l'homme revient sur les détails de la mort. ''Il (Bocandé) m'a dit : ''Grand, je reviens bientôt. Il y a eu après des complications au niveau de ses jambes. Et les médecins étaient obligés de lui mettre des prothèses pour pouvoir attaquer la dernière jambe. Et c'est quand il est entré en salle d'opération pour la dernière jambe gauche qu'on l'a perdu. Les artères étaient bouchées et cela a atteint l'artère aorte '', confesse M. Fonseca.

 

Venu rendre hommage à son vieil ami, Séga Sakho a déversé sa bile sur les autorités, sur le manque de considération des anciennes gloires. ''Il aimait les anciens footballeurs et c'est à travers la mort subite de Jules qu'on doit se souvenir des anciens internationaux. Il y en a beaucoup qui sont dans la dèche alors que nous avons défendu partout les couleurs du Sénégal. Aujourd'hui qu'est-ce que l'État a fait pour les anciennes gloires ?'' a-t-il dénoncé.

 

MAMADOU LAMINE SANÉ

 

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