Publié le 24 May 2012 - 18:52
REPORTAGE

Zik Fm, chouchou des chauffeurs du transport en commun

 

 

 

La radio Zik Fm s'impose de plus en plus dans le paysage audiovisuel avec un succès qui est certainement lié à ses choix thématiques. Lesquels ciblent, entre autres, les chauffeurs de transport en commun et de taxi.

 

MATEL BOCOUM

La station Zik Fm, «première radio urbaine du Sénégal», comme le dit la pub, gagne de plus en plus du terrain à Dakar. Dans les transports en commun ou les taxis, le client est à peu près assuré de retrouver le trémolo des voix des animateurs de la 89.7 qui ont réussi à imposer leur marque. Chauffeurs de taxi et de transports en commun ont jeté leur dévolu sur les émissions de cette radio. Et selon des témoignages recueillis, ils ont fini par passer le virus à leur clientèle.

 

La plupart des chauffeurs rencontrés ne veulent pas rater «Teuss». Pour rien au monde. Cette émission interactive a pris du galon en dévoilant, au quotidien, des pages de vie sombres chez nos compatriotes. Des histoires poignantes qui, souvent, touchent les cœurs et les esprits. Aux heures de grande écoute, l'écho de cette fréquence et pour cette émission-là résonne dans la quasi-totalité des transports en commun.

 

Pape Ndiaye est chauffeur de taxi. Il justifie son intérêt pour «Teuss» par le fait qu'elle contribue grandement à l'éveil des consciences. «Les Sénégalais ont atteint le summum avec la dégradation des mœurs, on apprend chaque jour des histoires qui font frissonner. Même les clients s'accrochent à ''Teuss'',» lâche notre taximan. Et même si la radio Zik Fm n'est pas la première chaîne à avoir exploité ce créneau, il n'en pense pas moins qu'elle permet aux chefs de famille, accablés par la dépense quotidienne, d'éviter certains traquenards de la vie.

 

Toutefois, un épisode a marqué les esprits. C'est l'histoire de la dame Astou Ndiaye qui, au mois d'avril, avait réussi à gagner la sympathie des auditeurs de la radio. Elle avait témoigné avoir échappé à un viol, à la suite d'une agression par un gang. Ainsi, soutenait-elle avoir perdu toutes ses économies estimées, par elle, à un million Cfa. Le chauffeur Balla Dramé y revient. «C'est ma chaîne préférée, mais j'ai eu un pincement au cœur quand j'ai appris que l'histoire de cette dame était cousue de fil blanc. Elle a été démasquée par des enquêtes menées par la police. Ce genre d'histoire peut discréditer la radio qui doit s'entourer de plus de rigueur.» Toujours est-il que cet «accident de parcours» ne semble avoir remis en cause la popularité de l'émission, ni la crédibilité de Zik Fm.

 

 

Le coup de foudre...

 

Aux origines du lien entre la radio et les auditeurs et chauffeurs de cars de transport, un animateur, Dj Koloss, parti monnayer ses services chez une concurrente, Rfm. «C'était notre ami, son émission avait un fort taux d'audience. On lui remettait les objets oubliés dans nos taxis, il se chargeait de l'annoncer gratuitement et nous offrait en retour des dédicaces amicales. On a fini par nouer une fidélité avec cette chaîne», explique un fan.

 

Pour d'autres, tout est parti de l'émission sur le trafic urbain de Dakar qui oriente les chauffeurs vers les zones fluides, leur permettant du coup d'économiser ce précieux produit pour tous les chauffeurs : le carburant... «Nous sommes fidèles de la radio car elle nous permet de doper nos chiffres d'affaires», confie Amadou Sène, un chauffeur de 40 ans environ. Mais, dit-il aussitôt, il lui arrive de zapper pour suivre les informations sur des chaînes concurrentes, en raison de leur professionnalisme. «J'aime bien Zik Fm, mais quand il s'agit d'écouter une information de qualité, je tourne le bouton», dit-il froidement.

 

 

Des programmes ciblés

 

Aujourd'hui, du côté de la radio Zik Fm, tout comme du côté des chauffeurs, l'on se félicite de ce «partenariat». A croire que ce succès était attendu du côté de la radio qui a misé, à ses débuts, sur cette catégorie socioprofessionnelle, selon les explications d'un animateur. «Le jeu concours initié au tout début pour permettre aux auditeurs de gagner facilement de l'argent est à l'origine de ce vif intérêt pour nos programmes». Là où passe l'argent...

 

Le directeur du groupe de presse D Media auquel appartient Zik Fm, Massamba Mbaye, explique le succès de la station par la programmation originale. «Notre cible est large, dit-il, mais nous avons pu atteindre nos cibles grâce à la diversité de nos programmes. Les chauffeurs qui en font partie sont devenus nos partenaires. Ils ont manifesté un intérêt pour l'émission sur le trafic urbain. Ils aident aussi les usagers à retrouver les objets perdus au niveau de la radio avec un service qui n'est pas payant''.

 

Une trouvaille qui est aussi du goût des taximen dont Ibrahima Sène. ''Dans d'autres radios, on est obligé de débourser 2 000 francs pour passer l'annonce, alors que c'est gratuit au niveau de Zik qui est notre radio préférée...''

Sur les jeux concours initiés pour appâter leurs auditeurs, Massamba Mbaye souligne que le but recherché a été de venir en aide aux auditeurs. ''Nous recevions plusieurs demandes d'aide financière de Sénégalais. Vu que nous étions incapables de satisfaire toutes les demandes, nous avons estimé que la meilleure formule était de récompenser les fidèles auditeurs à hauteur de 25 000 francs régulièrement''. Là où passe l'argent...

 

 

 

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