Publié le 16 Sep 2017 - 18:22
REPRESSION DES MUSULMANS DE BIRMANIE

Le silence coupable de la communauté internationale

 

C’est odieux. La répression des musulmans en Birmanie se poursuit, entrainant des milliers de morts et plus de 300 000 déplacés.

 

Des villages entièrement incendiés. Des milliers et des milliers de personnes qui fuient leurs villages situés dans l’Etat d’Arakan en Birmanie, à bord d’embarcations de fortune… C’est la triste réalité que vit le peuple Rohingya devant le silence coupable de la communauté internationale. Depuis le 25 août dernier, ils sont plus de 300 000 à fuir leurs terres pour aller se réfugier au Bengladesh voisin. D’après l’Organisation des Nations Unies, ce qui se passe en Birmanie est ‘’un exemple classique de nettoyage ethnique’’. Provoquant ainsi une crise humanitaire sans précédent dans le pays hôte. ‘’On estime à 313 000 le nombre de Rohingyas arrivés au Bangladesh depuis le 25 août’’, a déclaré à l'AFP Joseph Tripura, porte-parole du Haut-Commissariat aux réfugiés (HCR). C’était lundi dernier.

La veille, le dimanche, le chiffre était évalué à 294 000. Ce qui montre, à suffisance, la montée exponentielle de ces victimes qui n’ont qu’un tort. Celui d’être musulmans établis dans le pays d’Aung San Suu Kyi , ancienne Prix Nobel de la paix. Certes, la presse internationale en parle. Mais très timidement, si on le compare avec d’autres sujets, comme la tempête Irma qui a fait beaucoup moins de victimes en Amérique.

Diktat de la presse internationale

Ainsi va le monde. Une vie occidentale, particulièrement américaine ou française, semble valoir plus que celle de toute une communauté. Pour moins que ce qui se passe en Birmanie, on a vu des directs et des éditions spéciales à n’en plus finir, tournant en boucle dans les médias internationaux et repris sans aucun recul par la presse africaine.

Yves Bourni avait déjà prévenu : ‘’Rohingya, tu n’existes pas !’’ Bougane Guèye Dany, patron de D-Media, reprend le titre de ce roman à son compte et ajoute à travers une contribution : ‘’Au moment où l'un des drames les plus ignobles touche ces musulmans birmans, le monde affiche une indifférence coupable qui montre à suffisance une cruauté, illustration d'une indignation à géométrie variable.’’  Quant aux médias sénégalais et africains, dépourvus de moyens, ils ne peuvent que subir la tyrannie des groupes internationaux qui déterminent et les contenus et le lexique qu’il faut employer. En effet, selon que le musulman est victime ou bourreau, on parlera d’extrémiste ou de terroriste.

Pour les musulmans de Birmanie, le calvaire ne date pas d’aujourd’hui. Etablis dans cette partie de l’Asie depuis plus de 200 ans, ces musulmans venus du Pakistan oriental, actuel Bengladesh, ont toujours été dans le viseur de la majorité bouddhiste de cet Etat. Ces populations font l’objet d’une discrimination sans fin. Elles n’ont même pas droit à une nationalité. Ce qui en fait une nation apatride (qui n’a aucune attache nationale).

Face à cette marginalisation à outrance, des membres de ce groupe ont décidé, il y a quelques années, d’entrer en rébellion pour dire non au traitement inhumain dont ils font l’objet. Le 25 août dernier, des groupes supposés appartenir aux Rohingyas ont effectué des attaques dans différents postes de police en Arakan où se concentre la population musulmane de Birmanie. Le régime militaire qui règne dans ce pays n’a pas tardé à entamer un véritable ‘’nettoyage ethnique’’, selon les termes de l’ONU, poussant des dizaines et des dizaines de milliers d’individus à la fuite.

Pendant que le bourreau reconnait avec sang-froid avoir tué environ 400 personnes, Yanghee Lee déclare à l’AFP : ‘’Il se peut qu'un millier de personnes ou plus aient déjà été tuées." Quant à l'ONG Human Rights Watch qui s'appuie sur des images par satellite, elle estime que des centaines d'habitations ont été incendiées par les forces de l'ordre birmanes. Pour échapper à la mort, rapporte Duniya Aslam Khan du Haut-Commissariat pour les réfugiés, ‘’la plupart des habitants des villages incendiés ont marché pendant des jours dans la jungle, franchissant montagnes et rivières avec ce qu’ils ont pu sauver dans leurs maisons. Ils ont faim, sont faibles et malades’’.

Sur les images qui circulent à travers les réseaux sociaux, on voit des rescapés, particulièrement des femmes et des enfants, les visages désemparés, marcher dans des rivières pour tenter d’échapper à une mort certaine.

 

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