Publié le 21 Nov 2015 - 15:49
RESULTATS DE LA 1ERE ENQUETE NATIONALE SUR L’EMPLOI AU SENEGAL (ENES)

Les chiffres du chômage et de l’emploi

 

Le Sénégal fait face à une bombe à retardement avec le dossier épineux du chômage. La première Enquête nationale sur l’emploi au Sénégal (ENES) de 2015, réalisée par la Direction des statistiques démographiques et sociales, révèle un taux de chômage de 13%. Il met en relief des disparités selon le sexe et le milieu. Les femmes, socle de la société, sont plus affectées que les hommes par ce chômage galopant.

 

La problématique de l’emploi au Sénégal se retrouve au premier plan avec la publication de l’étude réalisée par l’agence nationale de la statistique et de la démographie (Ansd). Une première parmi une série d’enquêtes sur l’emploi, prévues sur une base trimestrielle, qui révèle des disparités basées sur le sexe, mais aussi sur le lieu de résidence. Malgré la volonté émise par le chef de l’Etat sénégalais de créer 500 000 emplois par an, le taux de chômage des personnes de 10 ans et plus est estimé, selon l’enquête, à 13,0%. Il est de 13,4% en 2015 pour les personnes de 15 ans et plus. A Dakar, le taux de chômage est de 13,8%. Un tableau presque similaire dans les autres zones urbaines qui concentrent 17,2% de chômeurs contre 10,8% pour le milieu rural.

Les femmes ne parviennent pas à surmonter les obstacles, en dépit de leur sens de l’entrepreneuriat et de leur dynamisme. Elles sont beaucoup plus affectées par le chômage que les hommes. L’étude parle de 16,7% chez les femmes contre 9,5% chez les hommes. Les personnes sans diplôme représentent 40,1% des chômeurs. Si la durée du chômage varie largement suivant les régions, elle est très forte à Matam avec une moyenne de plus d’un an et demi.

L’étude laisse croire, pour autant, des avancées dans la lutte contre un mal endémique. Le ‘’chômage habituel est estimé à 16,9% et 17,6% respectivement pour les personnes âgées d’au moins 10 ans et celles ayant au moins 15 ans. Selon le sexe, le chômage habituel est de 23,1% chez les femmes contre 11,9% chez les hommes’’, lit-on dans le document parvenu à EnQuête qui mentionne aussi que ‘’près de trois personnes sur cinq, en âge de travailler, font partie de la main d’œuvre’’.

S’agissant du taux d’activité, il est estimé à 57,6% chez les 10 ans ou plus et à 65,2% chez les personnes âgées d’au moins 15 ans. A ce niveau, des disparités sont encore relevées, selon le sexe (52,7% chez les femmes contre 63,3% chez les hommes pour la population de 10 ans ou plus) et selon le milieu de résidence (62,9% à Dakar, 58,2% en milieu rural et 51,9% dans les autres zones urbaines). Concernant l’activité habituelle, le taux se situe à 53,1% chez les 10 ans ou plus et à 59,2% chez les 15 ans ou plus.

Le sous-emploi est plus important chez les femmes

En dehors du faible niveau d’occupation plus élevé à Dakar et estimé, de façon générale, à 39,0 % chez les personnes âgées d’au moins 10 ans et de 44,1% pour les personnes de 15 ans ou plus, le sous emploi constitue une question centrale. Il met en exergue la proportion des personnes ayant un emploi et qui ont travaillé moins de 40 heures dans la semaine et étaient disponibles à faire davantage d’heures, s’ils en avaient la possibilité. Elle est de 27,7%. Le niveau de sous-emploi est plus important chez les femmes (40,3%) que chez les hommes (20,9%). Il reste important en milieu rural (31,7%), relativement aux autres centres urbains (26,3%) et dans la zone urbaine de Dakar (24,1%). 

Le taux combiné du sous-emploi lié au temps de travail et du chômage est estimé à 39,3% au Sénégal, soit 54,5% chez les femmes et 29,8% chez les hommes. Selon le milieu de résidence, le taux combiné (sous-emploi et taux de chômage) est plus important en milieu rural (42,8%) comparativement aux autres centres urbains (38,4%) et dans la zone urbaine de Dakar (36,0%).

L’emploi salarié demeure faible

Les Sénégalais se distinguent encore par leur penchant pour un emploi au sein de l’administration ou au niveau du secteur privé. En témoignent les chiffres de l’enquête qui révèlent un faible taux de l’emploi salarié. Il ne concerne ‘’que 28,6% de l’emploi avec de forts écarts entre les milieux de résidence : Dakar (52,4%), autres milieux urbains (35,3%) et milieu rural (14,7%). Un écart de 10 points est relevé entre les hommes (32,5%) et les femmes (22,8%)’’.

Des précisions sont apportées à ce niveau. ‘’La population occupée est composée de 35,4% d’employés, de 36,1% d’employeurs et travailleurs pour compte propre, et de 28,5% d’aides familiaux. Les employés sont principalement dans les branches d’activités spéciales des ménages (12,1%), dans la construction (11,6%), dans les activités de fabrication (10,5%), dans le commerce et réparation d'automobiles et motocycles (9,8%), dans l’agriculture, la sylviculture et la pêche (8,5%) et dans les transports et entreposage (8,1%)’’.

Ainsi, il y a une population active très remarquée mais qui ne bénéficie pas de protection sociale et évolue ‘’dans un climat chargé d’agressions verbales, d’injures ou menaces (18,1%), et d’agressions physiques (6,5%).’’

Faiblesse du soutien des banques et des institutions de microfinance

S’il est avéré que l’entrepreneuriat est source d’opportunités économiques, des Sénégalais commencent à s’orienter vers ce créneau. Selon le rapport de l’ANSD, ‘’les employeurs et travailleurs pour le compte propre, constitués pour plus de 50% d’adultes, sont essentiellement formés d’indépendants (97,7%). Constitués d’hommes en majorité (59,3%), ils sont 26,9% à exercer dans la région de Dakar. 40,9% des employeurs et indépendants sont dans le commerce et 24,1% dans l’agriculture (au sens large)’’.  Un bémol, seule une portion infirme a pu bénéficier du soutien des banques ou institutions de microfinance. L’étude les estime à 1,8%. 

Les Sénégalais changent peu d’emploi

Autre point soulevé : la transhumance (voire la mobilité) n’est pas de rigueur dans le monde de l’emploi. Les Sénégalais changent rarement d’activités. Seuls 6,1% des actifs occupés ont eu à changer d’activité durant leur vie professionnelle. ‘’En moyenne, ces changements sont intervenus après 122,3 mois, soit plus de 10 ans, passés dans le premier emploi. Ce sont les employeurs qui ont le plus duré dans leur premier emploi, avec une durée moyenne de 134,9 mois. La durée moyenne d’occupation du premier emploi est de 123,8 mois chez les hommes contre 117,8 mois chez les femmes.’’

Par ailleurs, il est noté que ‘’sur les dix dernières années, neuf (9) actifs occupés sur 10 (89,6%) n’ont pas eu à changer d’activité. Ils ne sont que 7,9 % à avoir eu à changer d’activité 1 seule fois durant ces 10 dernières années. 

MATEL BOCOUM

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