Publié le 10 Aug 2017 - 01:27
RESULTATS DES LEGISLATIVES

Quel avenir pour le Parti démocratique sénégalais ?

 

La Coalition gagnante Wàttu Senegaal est arrivée deuxième aux dernières élections législatives. Sa locomotive, le Parti démocratique sénégalais, est ainsi consolidé dans son statut de premier parti de l’opposition. Mais malgré cette embellie, l’avenir du Pds reste plus que jamais incertain, si l’on sait que ces législatives pourraient être le dernier scrutin de sa ‘’seule constante’’ Abdoulaye Wade. Retour sur la trajectoire de ladite formation depuis sa débâcle de 2012.

 

Le tsunami n’a pas eu lieu. Le bateau Pds n’a pas coulé. Il résiste encore au vent fort et violent qui le frappe de plein fouet. En effet, depuis 2012, le parti de Me Abdoulaye Wade vit dans une tension presque incessante : des dissidences par-ci, des déboires judiciaires par-là… Bref, les épreuves s’accumulent sur la tête des libéraux. Les unes plus dures que les autres. A chaque échéance, la chronique lui prédit une mort certaine. Mais grâce au pilote Wade, le parti reste toujours vivant. Il demeure toujours la deuxième force politique du Sénégal, si l’on se fie aux résultats des dernières élections législatives.

Pour les libéraux, l’enjeu était crucial lors de ces dernières joutes électorales. C’était une question de vie ou de mort. Une perte de la deuxième place aurait, en effet, sonné le glas de ce parti vieux de plus de 40 ans. Ç’aurait été une suprême humiliation pour son chef Abdoulaye Wade descendu au charbon. Ce dernier, sous la bannière de la Coalition gagnante Wàttu Senegaal, a pu sauver les meubles avec un score de 559 551 voix, soit 19 députés au total : 10 sur la liste proportionnelle, le reste sur la majoritaire. Dans la répartition des sièges, le Pds se taille la part du lion avec 13 représentants, dont 6 sur la liste nationale. Le reste des sièges de la Coalition gagnante est réparti entre les différents alliés.

Comparé à ses résultats de 2012, il convient de noter qu’il y a eu un grand bond en avant. En termes de parlementaires, mais surtout en termes de suffrages. En effet, aux législatives de 2012, le Pds et le Psd/Jant Bi avaient obtenu 298 846 voix. En 2017, le Pds et ses alliés ont fait beaucoup mieux. Aussi, convient-il de signaler que la Coalition gagnante Wàttu Senegaal n’était pas aussi étoffée que ses concurrentes que sont Benno Bokk Yaakaar et Mànkoo Taxawu Senegaal.

Tout compte fait, le ‘’Pape du Sopi’’ reste toujours assez loin de son score de la présidentielle de 2012 où il avait obtenu 942 327 voix au premier tour et 992 556 au second. Il existe, en effet, un gap de 433 005 suffrages à combler. Avec le nombre important de personnes empêchées de voter, notamment à Touba, on peut espérer que le Pds aurait pu améliorer son score, si tout s’était passé normalement.

Les législatives de 2017 auront ainsi démontré que le parti d’Abdoulaye Wade, malgré toutes les péripéties, reste le principal challenger du régime actuel.

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DOUDOU WADE, RESPONSABLE LIBERAL

‘’L’avenir du Pds est très radieux’’

Pour le président Doudou Wade, les législatives de 2017 ont un goût d’inachevé. Les résultats obtenus par son parti sont satisfaisants, mais ils auraient pu être meilleurs, si tout s’était passé dans les règles de l’art. Il affirme : ‘’Malgré le chaos et le sabotage constatés par tous les acteurs, nous avons amélioré sensiblement notre score enregistré lors des législatives de 2012.’’

Mais contrairement à une bonne partie de l’opinion, lui considère que l’opposition a une part de responsabilité dans la réalisation de la ‘’forfaiture’’ par le ministre de l’Intérieur Abdoulaye Daouda Diallo. ‘’Nous n’avons pas mené les batailles qu’il fallait. Quand l’Administration a commencé à inscrire, à enrôler des citoyens dans des maisons appartenant à des responsables de l’Alliance pour la République, dans des permanences de l’Apr, nous l’avons tous souligné, mais nous n’avons rien fait pour le contrer. Ce sont des manquements graves que nous avons tous constatés. Malgré ce vol organisé, malgré le hold-up, notre parti s’en est sorti avec des résultats très, très encourageants’’, déclare l’ancien parlementaire.

Doudou Wade estime, par ailleurs, que la présidentielle de 2012 n’est pas un bon baromètre pour évaluer l’évolution de sa formation politique. ‘’Il faut, dit-il, comparer des choses comparables. On ne peut pas comparer une élection présidentielle et des élections législatives. Je pense que le bon baromètre ce sont les législatives de 2012. Et de ce point de vue, nous avons presque doublé notre score’’.

Une autre raison d’être satisfait, selon M. Wade, est le vote de la capitale, où son parti a doublé, voire triplé son score de 2012. ‘’Nous sommes passés de 20 905 à 53 979 en 2017. Soit une différence de plus de 30 000 voix. Le jeu des alliances a certes contribué, mais cela dénote également d’une bonification du Pds à Dakar’’, se réjouit l’ancien président du groupe parlementaire des Libéraux, qui y voit des signes prémonitoires du déclin de la majorité. Il explique : ‘’Mankoo Taxawu Senegaal, qui n’existait pas en 2012, a plus de 111 000 voix. Pendant ce temps, Benno Bokk Yaakaar a gagné moins de 3 000 voix. Je pense que cela devrait plutôt les inquiéter, le camp d’en face’’.

Ainsi, de l’avis de Doudou Wade, le Pds a un avenir ‘’très radieux’’ sur l’échiquier politique national. Tout dépendra de ce qu’ils vont en faire. ‘’Le président Wade a beaucoup fait pour le parti. Nous devons maintenant nous demander ce que nous pouvons faire pour l’aider à nous aider’’, s’interroge-t-il, avant d’apporter lui-même une piste de solutions : ‘’La réorganisation du parti, la mise en marche des instances de base. Nous devons aussi jouer pleinement notre rôle dans l’organisation et le contrôle de tout le processus électoral. Si nous arrivons à le faire, nous allons aider le président Wade. Et le Pds pourra revenir en force en 2019.’’

L’ancien député libéral a toutefois estimé qu’il est très tôt de parler de la présidentielle de 2019. ‘’Le plus important, ce n’est pas un individu, ce n’est pas un candidat. Ce qui est important dans une élection, c’est l’appareil. Et de ce point de vue nous avons un parti qui est présent. Ce qui est incontestable’’, raconte-t-il, bottant en touche le reproche selon lequel, au Pds, à part Wade, c’est le désert. ‘’C’est Abdoulaye Wade qui a formé 70 % de ceux qui font la politique nationale aujourd’hui. Même si certains ont renié cet héritage. Il ne peut donc pas manquer dans sa formation des leaders capables de tenir la barque pour préserver ce legs’’.

Par ailleurs, le responsable libéral dédramatise la défaite de sa coalition à Dagana. Selon lui, Oumar Sarr est à encourager. ‘’C’est un homme courageux, un homme de conviction et de valeur. Quand il gagnait Dagana pour la première fois, il était dans la société civile. Il l’avait remporté devant des ténors comme Habib Thiam. Et il a su le conserver pendant 20 ans. Il est tombé en même temps qu’Usain Bolt. Alors que quand il venait, Bolt n’était pas encore là. Oumar n’est pas un lâche. Il mérite tout notre respect’’.

 

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