Publié le 31 Dec 2018 - 16:21
RETRO SOCIETE 2018

Une année dramatique 

 

L’année 2018, qui tire à sa fin, a été assombrie par la tuerie de Boffa Bayotte, les rapts d’enfants, les meurtres, les incendies de marché… C’est dire qu’elle a été dramatique. La justice a aussi été secouée.  

 

Le chef de l’Etat n’avait pas si tort, en déclarant 2018 ‘’Année sociale’’. Car l’année a été marquée par tellement de drames qu’il faut la graver d’une pierre noire. Ils ont choqué la société sénégalaise. Déjà, en janvier, le pays a été secoué par la tuerie de Boffa Bayotte. Au moment où des pas décisifs ont été franchis dans le cadre de la paix en Casamance, 14 coupeurs de bois sont tués le 6 janvier dans cette forêt du sud du pays. L’enquête qui s’en est suivie a permis l’arrestation de 22 personnes transférées ensuite à Dakar où elles sont écrouées.

Alors que la population se remet difficilement de ce drame, elle est confrontée à une série de rapts d’enfants. C’est la psychose, car certains sont tués. La première victime est Fallou Bâ, un enfant de 7 ans. Courant février, son corps est retrouvé dans un bâtiment à Touba, plus précisément à Keur Niang. En mars, s’ensuit Serigne Fallou Diop, un jumeau de 28 mois. Porté disparu cinq jours auparavant, il est retrouvé, le 19 mars, odieusement assassiné et mis dans un sac, avant d’être jeté dans la zone maraîchère de Lendeng, à l’est de Rufisque.

Ce ne sont pas les seules victimes, car des tentatives d’enlèvement ont été notées à Tivaouane, à Matam ou à Mbao. Au total, 3 meurtres et 5 tentatives, selon le ministre de l’Intérieur Aly Ngouille Ndiaye. Ces actes répétés finissent d’installer la psychose chez la population. De quoi amener le directeur de la Sécurité publique, le commissaire divisionnaire Abdoulaye Diop, à animer une conférence de presse pour annoncer la mise en place d’une task force chargée de traquer les malfaiteurs.

Auparavant, le chef de l’Etat, Macky Sall, avait brisé le silence pour rassurer la population : ‘’J’ai appris avec douleur ces rapts d’enfants suivis de meurtres. J’ai déjà donné des instructions les plus fermes pour traquer ces malfaiteurs, les traduire devant la justice.’’

Regain du crime passionnel

Il n’y a pas que les enfants qui ont ressenti cette folie meurtrière. Cette année 2018 a aussi été celle de la violence domestique, avec de nombreux crimes passionnels. Le cas le plus en vue, c’est l’affaire Aïda Mbacké. Début novembre, elle a brûlé vif son mari, parce que ce dernier a pris une seconde épouse. Elle l’a aspergé d’un liquide inflammable, mis le feu et l’a enfermé. Alors que l’on n’avait pas fini d’épiloguer sur ce drame, un enseignant a égorgé sa femme Amy Dieng, enceinte de 9 mois. Les faits ont eu lieu durant le même mois à Fissel Mbadane. Même si Saliou Ciss est présenté comme un déficient mental, il n’en demeure pas moins que son acte a allongé la liste des crimes crapuleux enregistrés ces derniers temps au Sénégal.

A côté de ces cas de crime passionnel, l’acte de Salimata Diaw envers sa coépouse Oumou Diop a bien marqué les esprits. La première, ‘’Awo’’, a charcuté le bras à la seconde, à la veille de sa nuit de noces. Elle a été condamnée à 5 ans ferme.   Toujours dans cette spirale de violences conjugales, relevons l’affaire du douanier Cheikhou Sakho. Début octobre, il est retrouvé mort dans son véhicule, à Keur Massar, d’une balle dans la tête. La thèse du crime passionnel est avancée, puisque sa première femme est accusée par le frère du défunt d’avoir mis à exécution les menaces répétées contre son mari qui a pris une seconde épouse. Mais la dame annonce une plainte pour diffamation. A la même période, c’est la militante du Pastef, Mariama Sagna, qui est violée et tuée chez elle, après un meeting organisé à Keur Massar. On croit, dans un premier temps, à un assassinat politique, avant que l’acte odieux ne soit attribué à des charretiers partis réclamer leur argent à la victime, après un service, dans le cadre de la manifestation politique.

Si toutes ces victimes ont été tuées, ce n’est pas le cas de Cheikh Tidiane Diop, mort par immolation, le 2 novembre. Né en 1972 à Dakar, marié et père de 3 enfants, il s’est immolé par le feu, en s’aspergeant d’un liquide inflammable, à quelques jets du palais présidentiel. Il voulait manifester son désespoir aux autorités, car il avait été amputé du bras droit, suite à une erreur médicale survenue durant son incarcération.

Paralysie dans la justice

A l’instar des autres secteurs, celui de la justice a été très bouillant. Contrairement à 2017, le service public de la justice a été fortement troublé par les mouvements de grève du Syndicat des travailleurs de la justice (Syjust). Après trois semaines de grève, les syndicalistes avaient suspendu leur plan d’action en octobre. Un mois après, ils ont déterré la hache de guerre avec une grève illimitée entamée depuis le 27 novembre.

L’autre fait marquant, c’est le premier procès d’envergure pour terrorisme. Il s’agit notamment de l’affaire imam Ndao. Après 2 ans et 8 mois de détention préventive, l’imam Alioune Ndao et ses 28 co-inculpés ont vu toutes les accusations tombées comme un château de cartes. Alors qu’ils étaient inculpés pour les crimes graves d’association de malfaiteurs en relation avec des réseaux terroristes, acte de terrorisme, financement du terrorisme, apologie du terrorisme et blanchiment de capitaux. A l’issue du procès, le religieux et 15 autres accusés ont été acquittés. En revanche, Makhtar Diokhané a écopé de 20 ans de travaux forcés, tandis que ses compagnons de Boko Haram sont condamnés entre 5 ans, 10 et 15 ans de travaux forcés.

L’année qui tire à sa fin a également été marquée par la disparition de grands hommes : Serigne Sidy Moctar Mbacké, le khalife de Ndiassane, El Hadj Mame Bou Kounta, le journaliste Sidy Lamine Niass, Bruno Diatta, Jacques Baudin, Mouhamadou Mbodj. Egalement, plusieurs marchés du pays ont été victimes de graves incendies : Tilène de Ziguinchor, Kaolack, Diourbel, pour ne citer que ceux-là.

FATOU SY

 

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