Publié le 29 Aug 2018 - 17:54
RISQUE DE 20 ANS DE TRAVAUX FORCES POUR MEURTRE ET TENTATIVE DE MEURTRE

L’accusé évoque un esprit maléfique

 

Attrait hier à la barre de la Chambre criminelle de Dakar pour meurtre et tentative de meurtre, El Hadj Diaw dit Thierno encourt 20 ans de travaux forcés. L’accusé a poignardé un individu et son neveu sous le prétexte qu’il est possédé par un esprit qui le pousse à nourrir une haine envers les personnes de confession chrétienne.

 

Manœuvre au moment de son arrestation survenue le 13 décembre 2013, El Hadj Diaw dit Thierno est vraiment un personnage atypique. Comparaissant hier devant la Chambre criminelle de Dakar pour meurtre et tentative de meurtre, son récit a surpris plus d’un. Dans un premier temps, l’accusé a laissé entendre qu’il ne peut pas justifier les raisons qui l’ont poussé à poignarder Victor Sylva et son neveu Germain Gomis, deux Bissau-guinéens qui étaient venus au Sénégal. D’ailleurs, le premier a succombé à ses blessures, car il a reçu quatre coups de couteaux. Le second a pu sauver sa vie, puisqu’il s’est enfui, après avoir reçu un coup de couteau. Leur seul tort est d’être des chrétiens, si l’on se fie aux déclarations du présumé meurtrier consignées dans la procédure.

A l’enquête, lorsque les policiers lui ont demandé le mobile de son crime, Thierno leur a expliqué qu’il n’était pas lucide au moment des faits, car il était tantôt sous l’effet du chanvre indien, tantôt possédé par un esprit maléfique. Et que lorsqu’il était dans cet état et voyait les victimes, qui étaient ses voisins au quartier Rue 10 de Pikine, il entrait en colère. Mieux, il a déclaré que cette situation le poussait à nourrir une haine viscérale envers les chrétiens. C’est ainsi qu’il s’était rendu au Saf Bar pour repérer les victimes, car il voulait également venger la mort de son ami Edouard.

Mais lorsque le juge a voulu qu’il revienne sur les éléments contenus dans l’ordonnance de renvoi, l’accusé a esquivé. ‘’C’était vraiment une erreur. Excusez-moi, mais je ne peux pas me l’expliquer’’, a rétorqué Thierno au juge Seydi. Cependant, lorsque ce dernier est passé par le jeu de questions-réponses, il a fini par obtempérer. ‘’Je les ai vus en train de discuter, je les ai poignardés’’, a confessé Thierno, reconnaissant avoir administré au défunt des coups au crâne, au cou et à la paroi abdominale.

Prenant la parole à la suite du juge, le substitut Saliou Ngom a bien sermonné l’accusé. ‘’Vous êtes un véritable terroriste. Pour vous, la vie n’a pas de sens. Comment pouvez-vous dire qu’à chaque fois que vous êtes dans cet état vous avez l’intention de tuer des chrétiens ?’’ a-t-il martelé. Pour la répression, il a requis 20 ans de travaux forcés. Pour Me Abou Abdoul Daff, son client mérite plutôt une compréhension, car il ne jouit pas de toutes ses facultés mentales. ‘’Il est poursuivi par l’esprit de son ami décédé. Au principal, je demande une expertise médicale pour qu’on soit élucidé sur son mobile’’, a plaidé l’avocat. La Chambre rend son délibéré le 18 septembre prochain.

FATOU SY

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