Publié le 7 Mar 2024 - 19:21
ROUTES MIGRATOIRES - 8 600 DÉCÈS DANS LE MONDE

2023, l’année la plus meurtrière

 

Depuis 2014, les routes migratoires n’ont jamais enregistré autant de morts qu’en 2023, avec près de 8 600 décès. Selon l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), en 10 ans, 63 207 décès ont été enregistrés sur les différentes routes migratoires.

 

Les routes migratoires tuent. Selon l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), au moins 8 565 personnes sont mortes sur les routes migratoires dans le monde, en 2023. Ce qui en fait l'année la plus meurtrière, depuis que les données sur les migrants disparus sont compilées (2014), selon les données recueillies par l'Organisation internationale pour les migrations (OIM). Les données sur les décès de migrants (2014-2023), d’après cette structure, parlent de 63 207 décès, dont 5 548 en 2014, 6 750 (2015), 8 048 (2016), 6 290 (2017), 5 008 (2018), 5 318 (2019), 4 302 (2020), 6 201 (2021), 7 141 (2022) et 8 565 (2023).

Le nombre de morts en 2023 représente une augmentation tragique de 20 % par rapport à 2022, ce qui souligne le besoin urgent d'agir pour éviter de nouvelles pertes en vies humaines. ‘’Alors que nous célébrons les dix ans du Projet migrants disparus, nous nous souvenons d'abord de toutes ces vies perdues. Chacune d'entre elles est une terrible tragédie humaine qui se répercute sur les familles et les communautés pour les années à venir. Ces chiffres terrifiants recueillis par le Missing Migrants Project nous rappellent également que nous devons renouveler notre engagement en faveur d'une action plus importante qui puisse garantir une migration sûre pour tous, afin que, dans 10 ans, les gens n'aient pas à risquer leur vie à la recherche d'une vie meilleure’’, déclare le directeur général adjoint de l'OIM, Ugochi Daniels.

Selon l’OIM, le total de l'année dernière dépasse le nombre de morts et de disparus dans le monde, lors de la précédente année record de 2016, lorsque 8 084 personnes avaient perdu la vie pendant la migration. Ce qui en fait l'année la plus meurtrière depuis la création du Projet migrants disparus en 2014. ‘’Alors que les voies migratoires sûres et régulières restent limitées, des centaines de milliers de personnes tentent chaque année de migrer par des itinéraires irréguliers dans des conditions dangereuses. Un peu plus de la moitié des décès étaient dus à la noyade, 9 % à des accidents de la route et 7 % à la violence. La traversée de la Méditerranée continue d'être la route la plus meurtrière jamais enregistrée pour les migrants, avec au moins 3 129 morts et disparitions. Il s'agit du bilan le plus lourd enregistré en Méditerranée depuis 2017’’, renseigne l’OIM.

À l'échelle régionale, renseigne-t-elle, un nombre sans précédent de décès de migrants a été enregistré en Afrique (1 866) et en Asie (2 138). En Afrique, la plupart de ces décès sont survenus dans le désert du Sahara et sur la route maritime vers les îles Canaries. En Asie, des centaines de décès de réfugiés afghans et rohingyas fuyant leur pays d'origine ont été enregistrés l'année dernière.

Ainsi, en 2024, dix ans après la création du Missing Migrants Project (projet sur les migrants disparus), la seule base de données en libre accès sur les décès et disparitions de migrants, le projet a documenté plus de 63 000 cas dans le monde.

Cependant, on estime que le chiffre réel est beaucoup plus élevé, en raison des difficultés rencontrées dans la collecte de données, en particulier dans des endroits reculés tels que le parc national du Darien au Panama et sur les routes maritimes où l'OIM enregistre régulièrement des rapports d'épaves invisibles où des bateaux disparaissent sans laisser de traces.

Créé en 2014, à la suite de deux naufrages dévastateurs au large des côtes de Lampedusa, en Italie, le projet Missing Migrants Project est reconnu comme le seul indicateur mesurant le niveau de ‘sécurité’ de la migration dans les objectifs de développement durable et le Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières, a précisé l’OIM. Qui a indiqué qu’un rapport à paraître fournit une analyse détaillée des données sur les migrants disparus en 2023 et des faits et chiffres clés sur les décès et les disparitions de migrants au cours des dix dernières années.

C'est l'occasion pour l'OIM et ses partenaires d'évaluer les travaux en cours visant à élargir les voies de migration sûres et régulières, à améliorer les opérations de recherche et de sauvetage et à soutenir les personnes et les familles touchées.

Par ailleurs, l'OIM, aux côtés de nombreuses autres organisations, et en tant que coordinatrice du Réseau des Nations Unies sur les migrations, a appelé les gouvernements et la communauté internationale à continuer de travailler ensemble pour prévenir de nouvelles pertes en vies humaines et défendre la dignité et les droits de tous les individus.

CHEIKH THIAM

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