Publié le 13 Mar 2015 - 08:15
RUBYGATE

Les plaisirs innocentés de Berlusconi

 

Accusé de prostitution de mineure, l’ex-président du Conseil italien a été acquitté.

Deux jours seulement après avoir fini de purger sa peine d’un an de travaux d’intérêt général à la suite de sa condamnation pour fraude fiscale, Silvio Berlusconi peut pousser un nouveau soupir de soulagement. Lundi soir, la Cour de cassation l’a en effet définitivement acquitté dans le scandale sexuel du «Rubygate», du surnom de la danseuse Karima el-Mahroug,«Ruby, la voleuse de cœurs». L’affaire, qui avait éclaté en 2010, avait défrayé la chronique et passablement affaibli le patron de la droite italienne, qui occupait alors le fauteuil de président du Conseil. Berlusconi était soupçonné de «prostitution de mineure» et d’abus de pouvoir.

Concrètement, il était accusé d’avoir entretenu des relations sexuelles au cours des soirées sulfureuses dites du «bunga bunga» avec Ruby, alors âgée de 17 ans et demi. Il lui était également reproché d’avoir fait pression sur la préfecture de Milan pour faire libérer la jeune fille, au printemps 2010, alors que celle-ci venait d’être appréhendée pour un petit larcin. En déplacement à Paris, Berlusconi avait téléphoné aux fonctionnaires de police, les priant de relâcher Ruby pour éviter des ennuis diplomatiques.

«C’est la nièce du président égyptien, Hosni Moubarak», avait-il prétendu en substance. «Cette explication est digne d’un film de Mel Brooks», a ironisé lundi le procureur de la Cour de cassation, qui a aussi évoqué au passage «la passion dévastatrice» du quasi-octogénaire pour les adolescentes. Néanmoins, les juges de la juridiction suprême italienne ont confirmé l’acquittement prononcé en appel, en juillet 2014, lequel avait totalement renversé la condamnation, en première instance, à sept ans de réclusion.

Casseroles. Pour la justice italienne, il est donc définitivement établi que Silvio Berlusconi pouvait ne pas savoir que l’audacieuse Ruby était mineure. «Les faits reprochés [la prostitution, ndlr] ne constituent donc pas un délit.» De même que la recommandation effectuée auprès de la préfecture de Milan. «Je suis extrêmement heureux», a commenté l’ancien président du Conseil, qui échappe aussi à une peine accessoire d’interdiction à vie de tout mandat public. Il s’est déclaré plus que jamais déterminé à revenir dans le jeu politique : «Je suis de nouveau en lice pour construire avec Forza Italia et le centre droit une Italie meilleure.»

C’est oublier qu’il reste inéligible jusqu’en 2018 à la suite de sa condamnation pour fraude fiscale et qu’il a encore d’autres casseroles judiciaires. Mais surtout que son parti - en chute dans les sondages (13%) - est aujourd’hui en morceaux.

Collaboration. Certains de ses lieutenants préconisent une opposition frontale au gouvernement de centre gauche de Matteo Renzi. D’autres plaident pour une collaboration avec le nouvel homme fort de la politique italienne, notamment sur les questions économiques et institutionnelles. Berlusconi semble balancer au gré de ses conseillers et des initiatives de Renzi, lequel n’a pas hésité à le rouler dans la farine, fin janvier, pour choisir, seul, le nom du nouveau chef de l’Etat.

(Liberation.fr)

 

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