Publié le 24 Mar 2019 - 01:52
SADIO MANE, ATTAQUANT DES LIONS

‘’Démontrer sur le terrain qu’on est favori’’

 

Le Sénégal va jouer la dernière journée des éliminatoires de la Coupe d’Afrique des nations 2019, contre Madagascar, ce samedi. Les Lions sont favoris pour cette rencontre et pour la prochaine Can, selon Sadio Mané. Mais l’attaquant de Liverpool précise, dans un entretien avec le service communication de la Fédération sénégalaise de football, que ce statut doit être mérité, en s’imposant sur le terrain.

 

C’est la dernière journée des éliminatoires de la Can. Comment se passe la préparation ?

Ça se passe hyper bien avec les nouveaux joueurs. On essaye de les intégrer comme il faut. Et leur intégration s’est déroulée comme on l’espérait. On se prépare pour le jour J, afin de remporter la victoire. C’est important pour nous de gagner ce match devant notre public. On va essayer de leur faire plaisir de la plus belle des manières.

Est-ce que ça sera une promenade de santé ?

Cette expression n’existe pas dans le football, parce que ça va tellement vite qu’il ne faut même pas penser à ce genre de chose. On est des professionnels, il faut se comporter comme tel. On va tout faire pour gagner.

Votre génération aura la chance de jouer pour la première fois en match officiel à Thiès. Quel effet cela vous fait d’évoluer dans un autre terrain que Léopold Sédar Senghor, devant un autre public ?

Honnêtement, si je vous le dis, vous n’allez peut-être pas me croire. C’était un rêve pour moi de jouer à Lat-Dior. Je suis tellement content. Je vais vous raconter une anecdote. J’ai des membres de ma famille qui habitent à Fayou 2. C’est à dix minutes de marche du stade Lat-Dior. J’étais alors en vacances à Thiès, lorsque le Sénégal jouait contre la Gambie. Quand je passais là-bas, je disais à mon ami : un jour, je vais jouer dans ce stade. A l’époque, j’étais encore jeune. Et aujourd’hui j’ai la chance de jouer là-bas, tant mieux pour moi. C’est un plaisir de jouer à Thiès, surtout devant la famille et les fans aussi. Il ne faut pas oublier que j’ai beaucoup de fans à Thiès, autant que mes coéquipiers. Ça sera un plaisir pour nous.

A quelques heures du match contre Madagascar, quel est l’état d’esprit dans la Tanière ?

Tout se passe bien, on s’entraine bien. On rigole ensemble tout en restant sérieux. Comme je l’ai dit, les nouveaux sont arrivés, on est content de les avoir dans l’équipe. On va essayer de les accompagner comme on a l’habitude de le faire.

L’objectif reste la première place…

Bien sûr ! On est favori, il faut le reconnaitre. Après, on doit aussi le démontrer sur le terrain. On le fera samedi, en gagnant pour rester à la première place.

La Coupe d’Afrique va démarrer dans quelques mois. Comment vous comptez y aller ?

On va y aller avec sérénité. On a l’habitude de jouer une Can. Pour la plupart dans l’équipe, on a déjà joué une ou deux éditions. Celle-ci sera notre troisième campagne. Donc, on a acquis un peu d’expérience. On va y aller sans pression et tout faire pour gagner la Can. C’est ça l’objectif.

Le plus souvent, quand le Sénégal part avec le statut de favori à une Can, il y a toujours des problèmes. Comment pensez-vous vous y prendre cette fois ?

Honnêtement, tout semble se ressembler. Mais ce n’est pas le cas tout le temps. On ira à la Can en acceptant notre statut de favori et, surtout, le démontrer sur le terrain, en remportant le trophée. Ces deux dernières années, on était favori, mais on manquait d’expérience et de vécu. Cela s’est révélé, lors du match contre le Cameroun (quarts de finale de la Can-2017, Ndlr). On aurait pu gagner ce match, parce qu’on avait dominé toute la partie et que l’adverse n’a tiré au but que deux ou trois fois. On s’est fait éliminer, alors qu’il y avait tous les moyens pour passer. Il y avait de la qualité dans le groupe et tout, mais on doit l’accepter. Ça fait partie du football.

Le statut de favori ne constitue-t-il pas une pression pour vous ?

Non, pas du tout. C’est devenu maintenant une habitude pour nous de porter ce statut. Ça peut aussi constituer un avantage d’être favori, quand on joue contre certaines équipes. Il faut accepter et le démontrer. Il n’y a que ça à faire.

Vous êtes flamboyant avec Liverpool, en ce moment où vous réalisez vos meilleures statistiques. Comment appréciez-vous vos performances en club actuellement ? 

Je suis très content d’être si performant, en ce moment de la saison. Surtout être décisif en marquant des buts et faire marquer les autres. On est bien placé au classement. On va essayer de continuer sur cette lancée. Il faut reconnaitre qu’on a des objectifs, c’est avant tout de gagner le championnat, puis la Ligue des champions. On sait que ça ne sera pas facile, parce qu’en Premier League, il y a Manchester City et Manchester United. Mais tout est possible avec nous. On va continuer d’y croire et aller les chercher.

Certains disent qu’entre Salah et Sadio Mané, ils ne se font pas beaucoup de passes, c’est la raison pour laquelle tu ne marques pas beaucoup. Qu’est-ce qui se passe réellement entre ce duo ?

Honnêtement, cette situation est un peu embêtante. Je vois tout le temps, sur les réseaux sociaux, beaucoup de comparaisons entre Salah et moi. C’est un peu embarrassant. Après, il faut rester professionnel, comme je l’ai toujours dit. Heureusement qu’on a compris cette situation qui n’est pas du tout évidente. Quand c’est quelqu’un avec qui tu joues et tu partages le même terrain, c’est gênant de voir ces choses-là.

On essaie de l’accepter et de faire avec, surtout avec la manière. Chacun exprime ses remarques, mais personnellement j’entretiens une très bonne relation avec Salah sur le terrain et en dehors. Après, nous sommes tous des attaquants, on a envie de bien faire les choses et de marquer des buts ou donner des passes décisives aux autres. Je comprends qu’en un moment donné, qu’il veuille marquer plus. Cela n’empêche, je vais lui faire la passe. C’est Liverpool qui me paie et je voudrais gagner quelque chose avec le club et le Sénégal aussi. Il est impossible de ne pas lui faire la passe. Je pense que c’est le cas aussi pour lui. Cette comparaison existe dans le football et ça va rester pour toujours.  

Vous êtes dans le cœur des Sénégalais qui regardent presque tous les matches de Liverpool. Avant d’entrer dans le terrain, qu’est-ce que vous avez en tête ?

C’est une motivation pour moi. Quand on y pense, c’est plutôt une fierté. Personnellement, je suis toujours motivé à donner, me sacrifier pour eux. Ils n’ont rien à gagner en réalité. Ce qu’ils ont, c’est la fierté. Et ils essayent de t’aider à aller de l’avant. On ne peut les payer pour ça. Je vais me sacrifier davantage pour les rendre fiers et leur faire plaisir.

Vous vous adonnez à des œuvres de bienfaisance. Qu’est-ce qui vous motive dans ces activités ?

Je suis un peu gêné, parce que je n’aime pas trop en parler. Mais je pense que c’est une obligation pour tout un chacun. Quand tu gagnes et que tu te dis que tout cela est à moi, tu te trompes. Ce n’est pas à toi. Et puis, il y a toute une famille, des amis et des nécessiteux. C’est important de les aider. Je vais essayer d’en faire autant que possible.

Ce n’est pas facile de vivre en Europe, en tant qu’africain. Il y a la famille au pays, la demande est forte…

Je crois que ce n’est pas difficile. Mais à condition que tu comprennes les choses. Moi, je pense que j’ai compris très tôt. La vie d’un individu peut changer d’une seconde à l’autre. Il faut avoir cela en tête, rester soi-même et tout devient simple.

LOUIS GEORGES DIATTA

 

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