La Saint-Valentin, par définition, est moins la fête des amoureux que celle de ceux cherchant l’amour ou voulant le professer à un être cher… Les célibataires n’ont donc pas à se cacher chez eux (chose que nombre d’entre eux vont malheureusement faire), au contraire ! Il faut sortir et se montrer sous son meilleur jour… Qu’on aime ou qu’on déteste, l’instant n’est pas à la demi-mesure !

A l’origine une fête des célibataires et non des amoureux, la Saint-Valentin, ou son ancêtre les Lupercales, était avant tout vouée à la formation de nouveaux couples ou au ‘’coming-out’’ de couple officieux qui pouvait alors s’afficher au grand jour.

Quoi qu’il en soit, déclaration pour déclaration, on est bien loin de la notion de Saint-Valentin la plus courante aujourd’hui, qui se trouve être une célébration des couples et non de ceux en quête de l’âme sœur.

Si la vue de cœurs en papier cartonné, de roses rouges ou même de boîtes de friandises vous rend mélancolique (vous n’êtes pas seul), voici quelques raisons qui pourraient vous réconcilier avec le saint patron de l’amour (ou même son homonyme, l’évêque de Terni).

La Saint-Valentin, fête du célibat revendiqué

Depuis l’antiquité, la Saint-Valentin est une fête qui promeut les nouvelles rencontres : dans chaque village qui la fêtait, les jeunes filles célibataires étaient invitées à participer à une partie de cache-cache géante à l’issue de laquelle elle devaient épouser dans l’année le jeune homme qui les trouvait.

Cet aspect ludique de la fête était doublé d'un intérêt social puisqu’il était plus facile de déclarer son attirance à une personne au cours de la partie que dans la vie courante où la retenue était de mise. Au cours de l'année, plusieurs autres évènements du genre ponctuaient le calendrier, comme la fête du muguet (1er mai) ou encore la Saint-Jean (24 juin).

Même si, aujourd’hui, ‘’le spot light’’ est plus sur les couples que sur les célibataires, cet aspect fondamental de découverte présent à l’origine n’a pas été complètement perdu au fil des siècles : même si les rencontres et les déclarations d'amour peuvent avoir lieu tous les jours de l'année, beaucoup de gens ont besoin de ce "coup de pouce" symbolique qu'est la date d'une fête dédiée à l'amour car l’establishment incite à oublier sa timidité et ses complexes, et les circonstances créent un climat propice au coup de foudre !

Cependant, la Saint-Valentin ne rime pas exclusivement avec amour. Aux Etats-Unis, notamment, la fête est tout autant celle de l’amitié avec un grand A. Les enfants fabriquent des cartes en découpant des petits cœurs dans du papier cartonné rose. Les boîtes de chocolats offertes pour l'occasion peuvent témoigner autant d'affection que l'amour. Une réalité d’autant plus exacerbée au Japon, autre exemple, où c’est traditionnellement les femmes qui doivent acheter des chocolats pour leurs collègues et leurs proches masculins. Ainsi, chaque année, les ventes de chocolats explosent de 80% le 14 février au pays du soleil levant.

L’amour, c’est bien beau mais…

Doux sentiments ou pas, la Saint-Valentin ne plaît pas à tout le monde ! En Asie tout particulièrement, le mécontentement contre ce qui est vu comme une fête ‘’capitaliste ‘’ a même atteint la sphère politique.  Ainsi, au Cambodge, c’est carrément un courrier ministériel qui demande aux enseignants de donner un cours intensif sur la Saint-Valentin. ‘’Les étudiants cambodgiens pensent que la Saint-Valentin est le "jour des amoureux" et ils achètent des fleurs dans le but de convaincre les filles à leur abandonner leur virginité. [...]. En Europe, ils offrent des fleurs par amitié le jour de la Saint-Valentin, pour montrer à leurs amis, et aux membres de leur famille qu’ils les aiment’’, explique le ministre de l’Éducation, Hang Chuon Naron, dans des propos rapportés par The Cambodia Daily (journal national).

En Inde, le palier supérieur a été franchi puisque des groupes conservateurs s’opposent de façon virulente à la Saint-Valentin et aux ‘’contre-valeurs occidentales’’ qu’elle véhiculerait. L’un d’eux, le Hindu Mahasabha, prévoit d’ailleurs d’exiger des gens qui professent leur amour sur les réseaux sociaux qu’ils se marient, sinon ‘’leurs parents seront contactés’’.

Mais il y aurait plus grave : selon le Washington Post, d’autres actions, beaucoup plus violentes, auraient lieu pour contrer la Saint-Valentin comme du vandalisme, du chantage moral, des appels à interdire toutes les fêtes et même des menaces envers les couples qui montrent des signes d’affection en public. Shiv Sena, un autre groupe hindou, a même promis de donner ‘’une leçon aux amoureux’’ !

Dernier exemple et pas des moindres, le Japon (encore lui) où un groupe d’hommes célibataires, qu’on peut sans exagérer qualifier d’aigris, a créé ‘’l'Alliance des hommes que les femmes ne trouvent pas attirants’’ pour protester contre la Saint-Valentin ! Baptisé ‘’ Kakuhido’’, cette alliance ‘’révolutionnaire’’ refuse ‘’le capitalisme fondé sur la passion’’ qui serait à la base de la fête… Du moins, c’est la version officielle puisque le nom de l’association en question ferait plutôt penser à une toute autre raison comme, par  exemple, le célibat ‘’forcé ‘’ dont seraient victimes 61% des hommes japonais âgés de 18 à 34 ans, selon une étude réalisée en 2011.

Dur, dur ! le célibat !

Sophiane Bengeloun