Publié le 21 Feb 2017 - 03:53
SALIHOU KEITA (SG DE L’ANEJ, PRÉSIDENT DU MOUVEMENT C2C)

‘’Une croissance à deux chiffres d’ici 2020, c’est possible’’

 

Le Secrétaire général de l’Agence nationale pour la promotion de l’emploi des jeunes (Anpej), Salihou Keita, a lancé ce week-end le mouvement C2C. En marge de cette cérémonie, le président du C2C est revenu avec EnQuête sur les objectifs de cette plate-forme mais aussi sur la question de l’emploi des jeunes.

 

Vous venez de lancer le mouvement C2C. De quoi s’agit-il exactement ?

C2C veut dire croissance à deux chiffres. C’est un objectif ; une ambition qu’on s’est fixée pour l’atteindre d’ici 2020. Quand je dis ‘’on’’, c’est un groupe de cadres universitaires de l’administration qui ont fait une analyse situationnelle du pays. Le Sénégal est un pays de démocratie, de stabilité politique et d’état de droit. Ces trois éléments sont des prérequis, des fondamentaux pour l’émergence. C’est pour cela que nous avons dit qu’il faut changer de paradigmes pour se démarquer de certaines pratiques qui transforment le débat politique en querelles partisanes. Le Sénégal s’est positionné en Afrique de l’Ouest pour être la première démocratie. Le débat qui intéresse aujourd’hui les Sénégalais, c’est de travailler au plan économique pour être la première puissance économique dans la sous-région. Il y a espoir. Nous ne sommes pas en mathématiques, c’est l’économie.

Une croissance à deux chiffres en 2020, est-ce possible ?

Tout est possible en économie. Une croissance à deux chiffres d’ici 2020, c’est possible. Si on se réfère à l’évolution du taux de croissance de notre pays, en 2012, on était à un taux de 1,7%. Aujourd’hui, nous sommes à un taux de croissance de 6,8%. C’est avéré et c’est reconnu au niveau international. Pourquoi ? Parce qu’il y a des avancées notoires dans beaucoup de domaines : l’éducation, la santé… Nous avons dit que quand la stratégie de développement de ce pays, le Pse, sera à terme, on pourra arriver à un taux de croissance à 2 chiffres. C’est une volonté politique, il faut se donner maintenant les moyens de la matérialiser. On invite les Sénégalais à faire moins de bruit, à se référer au chef de l’Etat Macky Sall qui ne parle pas beaucoup mais qui agit. Quand vous quittez Diamniadio pour vous rendre à la place de l’Indépendance en passant par la place de l’Obélisque, vous allez remarquer que le Sénégal est en marche, le Sénégal est en construction. Aujourd’hui, il faut fédérer toutes les forces vives de la Nation autour de l’idéal du président de la République Macky Sall pour arriver à l’émergence du Sénégal, avec un taux de croissance à deux chiffres.

Mais comment matérialiser ce taux de croissance ?

Pour matérialiser cette croissance, il faut des leviers forts, des instruments. Dans le bilan du Président Macky Sall que nous sommes en train de promouvoir, aujourd’hui, si je prends la formation professionnelle, on ne peut pas arriver à une croissance sans une bonne formation professionnelle. Regarder le PUDC (Programme d’urgence de développement communautaire), les Bourses de sécurité familiale, la promotion de l’auto-emploi, des initiatives des jeunes et des femmes. Aujourd’hui, C2C a une ambition et va poser ce débat pour discuter de thématiques sectorielles. Pour matérialiser cet objectif qu’on s’est assigné, on a beaucoup (il le répète 2 fois) de passerelles.

Mais quels sont les secteurs qui doivent, selon vous, porter cette croissance à deux chiffres ?

Au Sénégal, quand on dit secteurs porteurs, c’est d’abord l’agriculture. Quand on dit agriculture, c’est parce que nous avons la terre. N’oubliez pas que dans le programme du Président Macky Sall, c’est le monde rural et dans le monde rural, c’est pratiquement des niches d’emplois qui sont là-bas. L’agriculture, avec l’approche des chaînes de valeur, offre des niches d’emplois pour insérer le maximum de jeunes dans le marché de l’emploi. Nous avons le transport, l’éducation.

En parlant de croissance, le taux est à 6,8% mais, chaque fois, on dit que les populations ne sentent pas cette croissance. Comment faire pour la rendre inclusive ?

Vous allez dans certains pays comme le Congo Kinshasa, ils sont à un taux de croissance à deux chiffres mais la pauvreté est toujours là-bas. Il n’y a pas une croissance inclusive à 100% mais l’essentiel, c’est d’avoir une volonté politique. Cette volonté politique, nous l’avons constatée dans la démarche du Président Macky Sall. Dans le monde rural, des initiatives sont en train d’être prises pour lutter efficacement contre les inégalités sociales.

Vous êtes aussi le secrétaire général de l’Agence nationale pour la promotion de l’emploi des jeunes (Anpej), par rapport à la lancinante question de l’emploi des jeunes, qu’est-ce qui est fait par le gouvernement ?

Tout à l’heure, j’ai parlé de statistiques qui révèlent que chaque année, il  y a 200 000 nouveaux demandeurs d’emplois par an, mais l’offre ne dépasse pas 60 000. Du coup, chaque année, on a plus de 140 000 jeunes qui sont là, qui doivent trouver de l’emploi mais qui ne parviennent pas à s’insérer. La solution aujourd’hui est de positionner l’auto-emploi comme une option sérieuse dans ce pays. Le chef de l’État l’a compris en faisant la promotion de l’auto-emploi par le financement des initiatives économiques des jeunes mais également des femmes.

Il y a aussi la formation professionnelle. On ne peut pas parler d’insertion des jeunes sans une formation professionnelle de qualité. Avec la politique du chef de l’État par rapport à l’élargissement de la carte universitaire, nous avons les ISEP pour lutter contre cette inadéquation entre l’offre et la demande. Les futurs demandeurs d’emplois qui sortiront de nos universités verront leur employabilité renforcée. C’est ça qui est important pour véritablement accompagner les populations parce qu’il faut une croissance économique inclusive, forte et soutenue.

En parlant d’auto-emploi, est-ce que tous ces jeunes qui ont des projets bancables peuvent trouver un financement au niveau des structures étatiques agréées ?

Oui. Il y a des instruments qui sont là pour financer mais on ne peut pas financer tout le monde. Nous recevons les jeunes, les demandes de financement et il faut faire un arbitrage. Ce ne sont pas les jeunes de Dakar seulement qu’il faut financer. Les jeunes des régions également en font partie. L’Anpej  a  déjà commencé le financement des jeunes à Dakar, mais d’ici les mois prochains, nous serons dans les régions pour appuyer des projets des jeunes demandeurs d’emplois. 

PAR ALIOU NGAMBY NDIAYE 

 

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