Publié le 20 Feb 2012 - 09:58
ÉDITO

Savoir quitter !

Le feu ne vient jamais de là où l'on attend. Deux semaines seulement après les quolibets ravageurs sur les opposants poltrons, voilà que le monde s'effondre sous les pieds du Président Wade. Ce raidissement de la situation politico-sociale intervient au moment où tout le monde pensait que ''Dakar, la rebelle'', était sous contrôle. Que nenni ! Bien au contraire, ça chauffe dans la place. Partout le feu. Ce sont les jeunes qui sont à l'avant-garde du combat. Ce n'est plus Wade qui joue avec le feu comme on l'a titré dernièrement, mais ses petits-fils dont certains sont nés... après l'alternance.

 

Même les candidats du M23 ont beau s'incruster, ils ne contrôlent pas grand-chose. Sans doute sont-ils dans le meilleur des cas, de simples catalyseurs. Comme l'est d'ailleurs cet élément du Groupement mobile d'intervention (Gmi) qui a jeté, d'une main malheureuse, une grenade lacrymogène dans le Zawiya El Hadj Malick Sy sur l'Avenue Lamine Guèye. Me Ousmane Ngom et le commissaire Arona Sy sont aussi des catalyseurs. Ces deux-là ont presque piqué sa place à Farba Senghor sur le registre incendiaire, tant ils traînent la haine et la violence, rien qu'à voir leur tronche ou écouter la musique qu'ils nous servent à longueur de manifs. Cocktail explosif donc ! Conséquence, Dakar ressemble à Abidjan dans ses heures les plus sombres, sous Gbagbo. Devrait-on accepter cela ? Non, non et non ! Il faut sauver ce pays qui s'est forgé une bonne réputation dans le monde au point d'ailleurs de faire des jaloux sur le Continent africain.

 

Le Président Wade ne peut pas continuer à faire de l’haltérophilie, jouant, au seuil de ses 90 ans, à exhiber ses muscles à tout coin de rue. ''Je suis le plus fort''. Personne n'est fort dans nos pays où l'économie, nous le savons tous, est contrôlée depuis l'étranger. Personne n'est réellement fort, lorsqu'on sait que le seul destin de l'humain, et du vivant tout court, c'est justement la mort. Qui arrive quel que soit l'éclat de nos œuvres. Tout le monde peut être d'accord que le Président Wade, malgré tous ses défauts, sa tendance à couver sa famille au détriment du pays, son aversion à respecter la loi (même constitutionnelle, ses rêves pharaoniques (le monument de la renaissance le matérialise), n'est pas mauvais sur toute la ligne. Il a fait beaucoup de mauvaises choses mais aussi quelques bonnes choses que l'histoire retiendra, sans doute. Nous pensons aussi qu'il faut anticiper dans l'après-Wade pour justement éviter qu'on ne tombe encore dans les mêmes travers que 2000. Mais dans tous les cas de figures, il faudra bien comprendre que le temps de Wade est bien terminé. Qu'il arrête aujourd'hui ou dans les mois à venir, l'essentiel sera dans la manière. C'est ce que les générations futures vont retenir. Abdou Diouf a dirigé le Sénégal, d'une main peu rigoureuse pendant 19 ans, mais l'opinion nationale et internationale ne retient de lui que sa magnifique sortie du 19 mars 2000. Le geste était assez beau pour effacer tout le passé !

 

Mamoudou WANE

Section: