Publié le 18 Aug 2018 - 19:38
SCANDALE FONCIER A SALY

Le maire Ousmane Guèye attrait au tribunal pour deux affaires

 

Le maire de la commune de Saly est englué dans deux affaires foncières. L'une pour complicité d'occupation illégale de terrain et l'autre pour lotissement sans autorisation. Le procureur veut qu’il soit déclaré coupable.

 

Le numéro du dernier lotissement du plan communal de Saly est-il le 89 bis/O ou le 89 bis/Q ? En tout cas, Mamadou Faye, propriétaire de l'acte 89 bis/O, a été attrait à la barre pour occupation illégale d'un terrain par Ousmane Boudib, détenteur du 89 bis/Q. Dans cette affaire, le maire de Saly, Ousmane Guèye, est poursuivi pour complicité d'occupation illégale du terrain situé au carrefour de Saly. La partie civile, Ousmane Boudib, indique l’avoir acheté, en 2013, à Marie Daffé. Or, Mamadou Faye dit l'avoir acquis grâce à un ancien préfet de la commune de Ngekhokh, en 1994. Mais, rétorque le maire Ousmane Guèye, ''à l'époque, j'étais conseiller rural à Malicounda''.

Ainsi, le terrain se retrouve avec deux actes que chacune des deux parties a présenté au tribunal. Chaque acte portant son propre numéro : 89 bis/O et 89 bis/Q ; il se trouve que ''le dernier acte n'existe pas’’, selon l’édile. Qui s’en explique : ‘’L'acte d’Ousmane Boudib, je ne l'ai nulle part sur mes documents administratifs. Dans tous mes documents, je n'ai pas vu quelque part où on a écrit 89 bis/Q.'' ''Le 89 bis/Q existe bel et bien. J'ai même fait un branchement d'eau. J'ai les papiers de l'urbanisme'', assène Boudib. Mamadou Faye indique, effectivement, avoir trouvé un branchement de la Sde, quand il démarrait ses travaux. ''Un jour, Sidya Aïdara m'a trouvé sur le terrain en train de faire des travaux. Il m'a dit que le terrain lui appartenait. J'ai d'ailleurs trouvé un branchement d'eau à côté du terrain'', explique Mamadou Faye. ''Pourquoi vous ne vous êtes pas demandé d'où sortait le branchement ? Ou bien vous rendre à la Sde pour demander qui avait effectué ce branchement ?'', lui lance Me Ayi, avocat de Boudib. Il rétorque qu’il n’y a pas pensé.

Ensuite, Boudib révèle avoir démarré des travaux sur le site, en 2014. Le maire, renseigne-t-il, est venu personnellement intimer aux maçons d’arrêter les travaux. ''Il a dit aux maçons que le terrain est destiné à un espace vert. En ce moment, mon enfant était malade, je n'avais pas le temps de m'occuper de ça. Un an après, je suis revenu sur les lieux et j’ai vu un bâtiment. C'était en 2015, mon fils venait de décéder'', explique Ousmane Boudib. Mais Ousmane Guèye s’est inscrit en faux : ''Je n'ai jamais dit que c'est un espace vert'', a-t-il lancé.

Me Ayi déverse sa bile sur les services du cadastre 

Si ce dossier doit être placé dans le contexte des litiges fonciers qui fleurissent dans le département de Mbour, Me Ayi pointe du doigt le service du cadastre. ''Les services du cadastre doivent être appelés pour faux et usage de faux. Le chef de service a fait du faux. Si j'avais vu son nom, j'allais le crier haut et fort. Le Service du cadastre de Mbour, je commence à douter d'eux'', a insisté l'avocat de la partie civile. Qui a demandé au juge de retenir Mamadou Faye dans les liens de la prévention. Ainsi que le maire Ousmane Guèye qui dit que le 89 bis/Q n'existe pas, car il appuie Mamadou Faye dans ses mensonges.

''Compte tenu de tout ce temps qu'il nous a spoliés de notre terre, nous demandons 25 millions de francs Cfa ainsi que 100 millions de francs Cfa pour dommages et intérêts’’.

Mais pour l'avocat de Mamadou Faye, Me Hann, son confrère s'amuse en réclamant de telles sommes. Délibéré le 31 août.

Le maire poursuivi pour lotissement sans autorisation

A peine le maire Ousmane Guèye a-t-il eu le temps de se remettre de ses émotions, qu'il a été rappelé à la barre. Cette fois, il s’agit d’une parcelle située à Saly Niak Niakhal. Le lotissement de 628 m2 appartient à Macoumba Seck qui n'est plus de ce monde. Selon le maire, le 13 mai 2004, le tribunal avait sorti une décision qui disait de céder à Léonard Thauly 400 m2. Des allégations battues en brèche par le procureur. Selon le maître des poursuites, ''rien sur la décision n'indique que le tribunal a décidé de céder à Thauly''. ''Selon mon entendement, j'ai cru que l'on devait donner à Thauly 400 m2'', a répliqué Ousmane Guèye. La présidente de la commission domaniale a, ensuite, été appelée à témoigner. Elle a été très vague dans ses réponses : ''Je ne maîtrise pas les textes'', a-t-elle répondu aux interpellations.

Le procureur a demandé qu’il soit condamné à payer une amende d’un million et déclaré coupable du délit de lotissement sans autorisation. Rendez-vous le 31 août.

KHADY NDOYE (MBOUR)

Section: