Publié le 25 Oct 2019 - 21:41
SECOND COMPACT SUR L’ENERGIE

Itinéraires d’accès universel à l’électricité

 

Les différents acteurs du second programme Mca-Sénégal ont rendu publique hier la feuille de route du secteur de l’électricité au Sénégal à l’horizon 2035. Avec l’assistance du second Compact américain, les contraintes sur l’accès à l’énergie pourraient bientôt être levées.

 

En décembre 2018, le Sénégal décrochait le financement du second Compact d’un montant de 320 milliards de FCfa. Un don du peuple américain, plus une contribution de 30 milliards de FCfa de l’Etat du Sénégal, dédiés exclusivement au secteur de l’énergie. En juin 2020, le programme devrait être mis à exécution. Entretemps, une feuille de route de la Réforme du secteur de l’énergie a été élaborée, de concert avec toutes les parties prenantes. ‘‘Cette feuille de route ce sont les réformes qui sont nécessaires dans le secteur de l’électricité pour prendre en charge la double contrainte qui a été identifiée et qui justifie que le compact soit dédié à l’électricité. Dans tous les documents de stratégie de politique économique du Sénégal, depuis au moins une vingtaine d’années, le coût de l’électricité a été identifié comme un frein à la croissance, car il est contraignant pour les entreprises. L’accès à l’électricité a également été identifié comme contrainte majeure. Ce qui justifie, après analyse, que c’est l’électricité, le coût et l’accès, de façon générale, qui constituaient les principales contraintes’’, a déclaré hier le ministre du Pétrole et des Energies, Makhtar Cissé qui présidait l’atelier de dissémination.

Pour ce second Compact, pas moins de 700 km de lignes moyenne tension seront installées sur l’ensemble du territoire national pour aider à densifier le réseau et améliorer le taux de couverture. Preuve que les parties prenantes mettent les bouchées double avant juin, l’unité de formulation du Compact, jusque-là dirigée par Mme Decraene, va passer le témoin à une unité de gestion, incessamment, dont une procédure d’appel d’offres va désigner le gestionnaire du projet. L’ambassadeur des Etats-Unis, Tulinabo Mushingi salue en ce projet ‘‘un catalyseur plus important pour le développement du Sénégal qu’un secteur de l’énergie fiable, pérenne et fonctionnel’’.

La feuille de route fournit les principales étapes ainsi qu’un échéancier de réalisation progressive sur la période 2019-35. Trois étapes quinquennales sont proposées, exécutées et évaluées : 2019-2024 ; 2025-2029 ; 2030-2035, même si le gouvernement sénégalais se propose un délai de 6 ans pour l’accès universel à l’électricité. ‘‘Un secteur optimisé, viable qui puisse garantir l’accès le plus large possible à tous les Sénégalais et, à la fin du Compact, nous atteindrons peut-être l’accès universel à l’électricité. C’est l’objectif que nous nous sommes fixés pour 2025. Tout le monde ne sera pas sur un réseau tout naturellement. Il y a des hameaux très isolés qu’on va certainement éclairer avec des kits solaires. D’autres zones qu’on va atteindre avec des mini-réseaux. D’autres qui ne seront pas loin du réseau national pourront être interconnectés’’.

La première composante est de moderniser et de densifier le réseau de l’énergie pour assurer un dégroupage entre la production de l’électricité, le transport, et l’évacuation. La deuxième va viser l’extension des réseaux, l’électrification rurale. Le Sénégal, rappelle le ministre, a l’un des taux les plus importants en Afrique subsaharienne d’une moyenne 60% contre 30% de moyenne africaine ‘‘avec des disparités certes’’. La troisième composante est liée aux réformes, à l’encadrement juridique.  En tout, 86 organismes agences et structures issus du gouvernement, des partenaires techniques et financiers, des associations et organismes, des agences américaines, du secteur privé..., ont pris part à la présentation de la feuille de route.

Le secteur privé interpellé

Le Compact est un fonds américain destiné à accélérer la croissance en vue de réduire la pauvreté, par le biais de la croissance économique. Le Sénégal avait déjà bénéficié d’un Compact signé en 2009 à Washington, de 270 milliards FCfa pour une durée de cinq ans, dont l’accord a été signé en septembre 2009. Un don qui était dédié aux infrastructures dont la réfection de la Rn6 qui avait du mal à être terminée. Une piqure de rappel que l’ambassadeur Mushingi a administré pour ce présent projet. ‘‘La philosophie du Compact est assez spéciale. Le Sénégal s’engage et nous aussi nous nous engageons. Il y a une date pour commencer et une date pour terminer. On est clair sur les projets qu’on va faire, il n’y a pas de doute. Nous sommes clairs sur notre contribution et sur celle du Sénégal, sur qui va faire quoi. Dès que ça entre en vigueur, il y a une date limite. Dès qu’elle arrive, on arrête. L’argent qui n’est pas dépensé rentre au Trésor américain et le Sénégal continue son développement’’, a rappelé l’ambassadeur américain.

Le diplomate reste convaincu que les travaux préalables entrepris dans cette feuille de route devront faciliter l’exécution des tâches. Le passage à l’échelle justement va faire intervenir un troisième acteur après l’Etat et le Mcc : le secteur privé dont le ministre et l’ambassadeur ont insisté sur l’importance de leur participation. ‘‘Je voudrais insister sur le fait que nous visons la participation du secteur privé. Il est clair que le gouvernement ne peut pas tout faire. Il va créer un environnement propice. C’est au secteur privé d’y arriver’’, a exhorté M. Mushingi.

Le ministre du Pétrole et des Energies a pour sa part invité le privé national à la cohésion pour s’ajuster et profiter éventuellement de la manne financière du Compact. ‘‘Tous ces projets seront portés par le secteur privé à travers leur réalisation. C’est l’occasion pour notre secteur privé national de se préparer à gagner des marchés importants, car plus de 300 milliards d’investissements est un montant extrêmement important et ça peut être destiné exclusivement à des entreprises sénégalaises pour peu qu’elles s’organisent et puisse compétir avec des partenaires internationaux au besoin. Tout ceci est dans un cadre de manuel de procédure adopté dans une transparence absolue’’, estime Makhtar Cissé. 

Et après...

Une réforme dont la finalité implique forcément plus de lisibilité dans l’architecture des organismes et agences. Makhtar Cissé a tenté de donner des assurances aux organismes sociaux des agences de l’Etat qui devraient disparaitre une fois l’atteinte des objectifs réussie. ‘‘A la fin du processus, une organisation comme l’Agence sénégalaise d’électrification rurale (Aser) devra faire sa mutation. Il n’y aura plus de zone rurale à éclairer et elle pourra intégrer la Senelec dans le cadre de la holding. C’est ça le sens de la réforme. On devra poursuivre sur cette dynamique de progrès et de croissance pour soulager le maximum de Sénégalais’’, a-t-il rassuré.

OUSMANE LAYE DIOP

 

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